[FB - An 817] Sous les cendres du passé (PV Jorviksson Halvar)

Sous les cendres du passé

Les voyages forgeaient les âmes. C'était pour cette raison que Momoe n'hésitait pas à emmener avec elle quelques disciples, les poussant à quitter la Capitale et les bureaux d'apprentissage traditionnel pour s'aventurer dans un monde moins étriqué. Cela faisait maintenant quelques années que la jeune femme s'était faite un nom dans l'univers médical, mais elle n'avait jamais oublié que par essence, elle se battait pour protéger les plus faibles. S'il était évident qu'elle apporterait toujours de l'aide aux shinigamis, elle trouvait le temps d'accorder du sien au plus nécessiteux des villages de Nagomi. Quant aux jeunes esprits qui désiraient apprendre avec elle, elle ne possédait que peu de scrupules à leur faire partager sa vision des choses et usaient de leurs bras vigoureux pour aider un peu plus de monde.

Ce jour-là, alors que l'après-midi avait été bien entamé, Momoe offrit quartier libre à ses recrues après une matinée de travail assez fournie. Elle concéda même à certains de rentrer directement à Yumemigachi. Pour des raisons qui lui étaient propres, la Fujiwara aspira à effectuer un petit détour par les grandes forêts. Mais avant cela, elle se rendit chez une charmante commerçante qu'elle connaissait bien, auprès de qui elle acheta quelques fleurs. Elle prit d'ailleurs son temps pour choisir, riant un peu avec la vendeuse, lui rappelant avec nostalgie des jours qui lui étaient apparus heureux, autrefois.

Momoe aimait nourrir une certaine complicité avec les petites gens, son affection pour les autres était toujours sincère, à moins qu'il n'y eût véritablement aucun atome crochu avec son interlocuteur. Cela arrivait parfois, peut-être un peu moins depuis qu'elle n'était plus humaine. Cependant, les siècles avaient fini par émousser quelques mauvais traits de caractère, sans pour autant les faire disparaître. Elle avait toujours son égo, un tempérament de feu dissimulé sous la glace de ses traits opalins. Cependant, elle était bien moins prompte à l'impulsivité, une forme de sagesse dirait certain.

Ayant enfin choisi la composition de son bouquet, elle l'emporta ce dernier avec elle, le tenant précieusement dans ses bras.

Aussi fugace soit la vie de ces fleurs, l'image de leur beauté demeurera éternelle.

Car il était inéluctable qu'elles finissent par faner. Cet état de fait la renvoyait occasionnellement à sa propre condition. Cela faisait des décennies que le temps n'avait pas entaché son visage. Oh bien évidemment, elle ne s'en plaindrait pas, mais cela lui rappelait qu'elle n'avait probablement pas aussi changé qu'elle l'aurait désiré. L'esprit un peu ailleurs, son regard céruléen posé sur les délicates fleurs qu'elle admirait, elle finit par heurter un homme, un grand homme même.

Veuillez... m'excuser.

C'était en rehaussant la tête qu'elle s'aperçut qu'elle faisait face à un homme qui ne venait définitivement pas d'ici.

SOUS LES CENDRES DU PASSÉ.

Sous le ciel changeant de Nagomi, Halvar Jorviksson avançait, ses pas dessinant un chemin à travers le tissu de rencontres et d'histoires qui composaient cette terre. Chaque village visité, chaque visage croisé, était une note dans la symphonie de son voyage, un périple entrepris loin des rivages familiers de Stormheim. En ce jour teinté d'une douce lumière, son itinéraire le mena à travers les sentiers bordés de verdure, où le murmure des ruisseaux accompagnait ses réflexions.

L'heure était à l'après-midi, un moment suspendu où le temps semblait accorder une pause bienveillante aux voyageurs et aux habitants des hameaux disséminés dans la vallée. C'est dans ce cadre, où la sérénité de Nagomi se dévoilait sous son plus beau jour, que Halvar eut l'opportunité de transformer un simple geste en un acte de profonde humanité.

Il rencontra une vieille femme, dont le dos voûté sous le poids des sacs de riz racontait une histoire de labeur incessant, une lutte quotidienne contre les caprices de la nature. Ses épaules fragiles semblaient porter tout le poids des années, une charge bien trop lourde pour son âge avancé. Sans un mot, Halvar s'approcha, son regard empli d'une compassion silencieuse.

"Permettez-moi," dit-il, sa voix teintée d'une douce fermeté, prenant délicatement le fardeau des mains tremblantes de la vieille femme.

Le chemin vers la demeure de l'ancienne se fit en silence, un silence rempli de gratitude non exprimée. Les pas de Halvar, assurés et respectueux, se mêlaient aux craquements du gravier sous leurs pieds, une mélodie discrète sur la toile du crépuscule naissant. C'était une marche qui en disait long sur le déséquilibre entre les villages reculés et la capitale, un rappel que l'aide et la protection des Shinigamis n'atteignaient pas toujours ces recoins oubliés de Nagomi.

Le fardeau déposé, et les remerciements murmurés par l'ancienne à peine audibles, Halvar reprit son chemin, emportant avec lui une réflexion plus profonde sur son rôle dans ce monde. C'est alors, l'esprit encore empreint des leçons silencieuses de l'instant, qu'il croisa le chemin d'une femme.

Leur rencontre fut un choc doux, une interruption inattendue dans le cours de leurs pensées respectives. Halvar, surpris, marqua un instant d'arrêt, observant la femme devant lui. Elle tenait entre ses mains un bouquet de fleurs, une touche de délicatesse dans ce monde de constante évolution.

"Par le saint Hydromel, veuillez m’excuser Madame." dit-il, son ton empreint d'un respect instinctif pour la dame qu'il venait de heurter maladroitement.

Il s'inclina légèrement, un geste de courtoisie qui transcenda les mots.

L'excuse prononcée, Halvar se redressa, scrutant le visage de la femme avec une curiosité discrète. Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre qu'elle n'était pas une habitante ordinaire de ces lieux. Son aura, son maintien, tout en elle respirait une histoire riche et profonde. Il se présenta simplement.

"Je suis Halvar Jorviksson, Shinigami de la Division Boréale,de passage en ces terres."

Sa voix portait l'écho de ses voyages, de ses batailles, un timbre qui racontait sans dire, invitant silencieusement l'autre à partager un morceau de son monde.

"Votre bouquet de fleurs a l’air intact, je m’en serais voulu de l’abîmer en vous heurtant."

Sam 2 Mar 2024 - 22:40

Sous les cendres du passé

l'An 817 - feat Jorviksson Halvar

Un peu encore perdue dans ses pensées, Momoe fut surprise par l'élégance du boréal qui la salua avec une distinction qu'elle ne pensait mériter. Ici, dans ce monde, elle ne souffrait d'aucun rang de noblesse, d'aucun titre que celui de shinigami. Mais il était vrai que certaines habitudes demeuraient encore et peut-être est-ce que cela la trahissait ? Elle ne saurait le dire. En attendant, elle ne pouvait que se sentir flatter d'une telle considération.

Vous n'avez pas à vous excuser, j'ai bien peur que la faute ne me revienne.

À son tour, comme par mimétisme, elle le salua avec déférence, alors qu'elle se surprit à s'amuser de la façon dont il se présenta. Il ne pouvait pas faire plus complet et le ton martial employé dans un tel lieu et dans de telles circonstances lui parut cocasse.

Enchantée de vous connaître, Halvar Jorviksson. Je me nomme Fujiwara Momoe, shinigami de la division orientale... Mais vous pouvez simplement m'appeler Momoe.

C'était à ce moment-là que le boréal s'enquérait de l'état de son bouquet. Dans un mouvement accompagnant ses questions, ses doigts effleurèrent quelques pétales comme si elle les remettait en place. Elle finit par naturellement agiter la tête dans un léger mouvement négatif pour confirmer que ses fleurs n'avaient rien.

Elles n'ont rien, mais rassurez-vous, même si quelques pétales se seraient retrouvés froissés, je ne vous en aurais pas tenu rigueur. Elles devront faire front à bien plus de tumultes là où je désire les déposer.

Le vent, la pluie, le froid... Elle savait parfaitement qu'elle les placerait dans un lieu ou bien des intempéries mettraient leur force à l'épreuve... ne laissant que peu de chance à leur beauté de ne pas se faner.
Essayant de conserver son sourire, elle leva ses yeux céruléens vers son camarade des terres du Nord, avant que sa curiosité la poussa à l'interroger un peu.

Je ne me permettrais pas de vous demander ce qui vous amène ici, mais j'espère sincèrement que votre voyage se passe, s'en encombre. Avez-vous eu l'occasion de profiter des lieux ? Je pourrais vous faire visiter si vous le désirez... mais je dois d'abord me rendre dans un endroit particulier au sein de la grande forêt voisine. Ce n'est qu'à quelques lieux, si le cœur vous en dit de m'accompagner... j'en serais très honoré.

Momoe ne refusera pas la compagnie, et cela serait une occasion d'en apprendre un peu plus sur cet homme venu des terres lointaines. Il fallait dire que la jeune femme ne connaissait que très peu de ses hommes, et pourtant, elle partageait avec eux bien plus qu'il n'y paraissait.

@mm

Dim 3 Mar 2024 - 19:38

SOUS LES CENDRES DU PASSÉ.

Face à Momoe, Halvar sentit une vague de reconnaissance pour cette interaction inattendue, une pause dans le flux incessant de ses pensées habituellement tournées vers les devoirs et les batailles. La manière dont elle reçut ses excuses, avec une grâce et un amusement pour sa présentation formelle, attisa chez lui une curiosité bienveillante pour cette compagne de route éphémère.

"Momoe,"

Répéta-t-il, savourant la simplicité de ce nom qui semblait en décalage avec la profondeur de son porteur.

"Un plaisir partagé, sans aucun doute."

L'inquiétude de Halvar pour le bien-être des fleurs que Momoe tenait délicatement fut apaisée par son assurance qu'elles étaient indemnes. Cela le poussa à observer les fleurs, non seulement comme des objets de beauté, mais comme des symboles de résilience face aux intempéries futures.

"Je suis soulagé d'entendre cela. Elles semblent porter en elles une force tranquille, prêtes à affronter les épreuves à venir,"

Commenta-t-il, sa voix empreinte d'un respect naissant pour ces simples témoins de la nature.

La proposition de Momoe de l'accompagner dans la grande forêt éveilla chez Halvar une soif d'aventure qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps. La perspective de découvrir un lieu cher à son interlocutrice, et peut-être de partager un fragment de sa quête, était une invitation qu'il ne pouvait refuser.

"Votre offre est généreuse, et je serais honoré de vous accompagner. Ma quête ici est celle de la connaissance et de la compréhension de ces endroits que je n’ai jamais pris le temps d’explorer en six cents ans, et quoi de mieux pour les atteindre que d'explorer les profondeurs de Nagomi à vos côtés ?" déclara-t-il, la sincérité teintant ses paroles d'une chaleur inattendue.

Tout en marchant à côté de Momoe, Halvar observait les ombres dansantes et écoutait le murmure du vent à travers les arbres, chaque sensation s'ajoutant à la toile de son expérience en Nagomi.

"Mon voyage jusqu'à présent a été enrichissant, chaque village, chaque paysage a une histoire à raconter. Mais je dois avouer que la grande forêt m'intrigue particulièrement. Quel est cet endroit précis que vous désirez visiter, si je peux me permettre de demander ?"

La question était posée avec une curiosité respectueuse, un désir de comprendre non seulement le lieu mais aussi ce qu'il représentait pour Momoe.

La proposition de Momoe d'agir en tant que guide était une opportunité précieuse pour Halvar, non seulement pour explorer un aspect unique de Nagomi mais aussi pour forger un lien inattendu avec une âme partageant une quête similaire de sens et de vérité.

"Et en retour, j'espère pouvoir partager avec vous des histoires de Stormheim, des récits de terres enneigées et d’horizons bien différents de ceux-là."

L'air était empli d'une fraîcheur vivifiante, annonciatrice de l'approche du crépuscule, tandis que le ciel au-dessus d'eux commençait doucement sa transition vers une toile parsemée d'étoiles. Autour d'eux, le paysage de Nagomi s'étendait, riche et vibrant, un monde où la nature semblait danser au rythme des saisons, offrant une palette de couleurs et de textures qui contrastait fortement avec les terres austères et glacées d'où Halvar provenait.

La grande forêt, objectif de leur périple commun, se dressait à l'horizon, ses arbres séculaires formant une silhouette imposante contre le ciel crépusculaire. Le chemin qui y menait serpentait à travers champs et prairies, bordé de fleurs sauvages dont les teintes pourpres et or se mêlaient en un tapis vivant sous leurs pieds. À mesure qu'ils avançaient, le bruit de leurs pas sur le sol mou et le murmure du vent à travers les feuillages composaient une mélodie douce, presque mélancolique, qui enveloppait le duo dans une bulle de sérénité.

À leur gauche, un petit ruisseau chantait doucement, ses eaux claires scintillant sous les derniers rayons du soleil, tandis que de petits animaux, curieux mais prudents, observaient de loin les deux voyageurs. Par moments, le chant d'un oiseau perçait le calme ambiant, ajoutant sa voix à la symphonie naturelle qui accompagnait Halvar et Momoe sur leur chemin.

La forêt elle-même semblait les appeler, chaque arbre, chaque pierre, et chaque souffle de vent portant en eux les échos d'histoires anciennes et de mystères non résolus. Halvar, dont l'esprit était habituellement occupé par des pensées de devoir et de combat, se trouvait étrangement apaisé par l'environnement qui l'entourait, une paix qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps.

"Je suis fasciné par la manière dont la nature de Nagomi semble si vivante, si pleine d'histoires,"

Confia-t-il à Momoe, son regard se perdant dans l'entrelacs des branches au-dessus d'eux.

"C'est un monde bien différent de celui que je connais, mais il y a une beauté ici, une sensation de chaleur qui touche l'âme."