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Un peu de soleil au cœur de l'orage - Feat Sanosuke

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Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
Quatorzième Siège de la Division Orientale

Bakuhatsu Shinju

Rang : B
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Esprit : B
Agilité : B
   
L’après-midi était déjà bien entamée. Dans le ciel, le soleil brillait à son point le plus haut, fier et rayonnant, réchauffant l’épiderme de ton visage, à la sortie de ton bureau. À la division orientale, nul n’avait le droit de paresser. Au contraire. On encourageait au travail perpétuel. À la méditation. À l’aiguisage continu de l’âme. Dommage. Toi, tu étais plutôt du genre à penser qu’une lame trop aiguisée finissait toujours pas se brise et blesser son propre maître. Tu passais assurément moins de temps que tes comparses à méditer, et ça ne plaisait pas. Ça donnait l’image d’une personne qui ne prenait pas son entraînement au sérieux. D’une personne nageant contre les ordres du Shogun. Et ces rumeurs ? Tu n’en avais rien à faire.

Tu bossais autant que les autres, juste différemment. Quand ils s’enfermaient dans des pièces au silence de mort, concentré sur la précision de leur esprit, toi, tu te levais aux aurores pour entraîner ta lame. Pour devenir plus forte et protéger ceux que tu considérais comme ta famille, avec ferveur. Oui, tu te levais tôt. Alors, qu’elle ne fut pas ta surprise, en passant devant les terrains d’entraînement, d’y voir le visage de Takamoto Sanosuke.

Il n’avait pas bougé.

Déjà, aux premières heures du jour, il se tenait là, le regard sérieux, la rage et la frustration sur les traits. Vous n’aviez jamais vraiment eu l’occasion d’échanger, quand bien même vous étiez tout deux sièges, en plus d’avoir suivi les enseignements du même maître. Tu avais néanmoins entendu son histoire, et les derniers évènements qui avaient secoué sa vie.

Tu t’arrêtas, quelques secondes, l’observant sans un mot, de loin, dodelinant de la tête, avant de prendre une décision. Ouais, tu pouvais pas le laisser comme ça. Pas avec cette expression sur le visage.

« Hey ! Sanosuke, c’est ça ? J’vois que tu travailles dur ! »


Le pas rapide, le visage joyeusement illuminé, comme si de rien n’était, tu le saluais d’une main tout en te rapprochant. Il ne s’attendait certainement pas à te voir l’aborder, pour sûr ! Et pourtant, tu étais là, à quelques pas de lui.

« On m’a dit que tu étais sacrément fort ! Est-ce que ça te dirait un petit bras de fer ? »


Une question comme sortie de nulle part de ta petite tête. Tu parlais distinctement et assez calmement, comme si tu cherchais à t’adapter au rythme de ton interlocuteur, le laissant intégrer ta demande. D'une main, tu frottas ton menton, comme si il s'y trouvait une barbe imaginaire, mimant alors une réflexion soudaine.

« Enfin, j’avoue, tu n’as rien à y gagner ... hmmm ... On pourrait miser ? »


Pas sûr que le Shogun serait également fan de cette idée ... bien que ce n’était que motivée par l’envie d’aider un camarade que tu faisais ça !

« Si tu gagnes, je m’engage à m’entraîner avec toi, et même à réussir à motiver Hua-sensei pour un combat ! Mais si je gagne ... Et bien tu me réserves ta fin de journée ? C'est d'accord ? »


L’enjeu semblait terriblement déséquilibré. Qu’avais tu à gagner de quelques heures grapillées aux côtés du vingtième ? Ta requête devait lui paraître terriblement étrange, mais qu’avait-il à perdre en affrontant une crevette comme toi en duel de force ? Comme tout les soldats de la division orientale, on te pensait spécialisée dans les techniques de l’esprit et ta petite bouille ensoleillée ne lui donnait aucune raison de se méfier des apparences ...

Une erreur stratégique de sa part.
Vingtième Siège de la Division Orientale
Sagara Sanosuke
Vingtième Siège de la Division Orientale

Sagara Sanosuke

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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke était un animal nocturne. Même avant son accident et la honte qui allait avec, il avait toujours préféré s'entraîner sous le regard bienveillant de l'astre lunaire, plutôt que d'être écrasé sous le poids des rayons de soleil. C'était mieux ainsi. Moins de curieux, moins de regard, moins de bruits et, surtout, la douce lueur lunaire avait quelque chose d'extrêmement doux et paisible. Sanosuke n'était pas un poète mais, pour un homme aussi concentré sur le travail que lui, il n'y avait bien que la vue de cet astre se réflétant sur la surface de l'eau qui pouvait le forcer à s'arrêter, pour admirer pareille beauté.
Peut-être était-ce idiot, mais c'était quelque chose à lui et lui seul. Quelque chose qu'il ne partageait avec personne, pas même ses plus proches amis.

Seulement voilà, son agenda avait été quelque peu chamboulé ces derniers temps. Ses tâches n'étaient plus les mêmes, forçant l'homme à se réorganiser quelque peu et, malheureusement, il avait parfois besoin de s'entraîner très tôt le matin, plutôt que très tard le soir. Aujourd'hui c'était...différent. C'était l'un de ses rares jours de repos et, pour ne pas perdre de temps, il avait décidé de s'entraîner bien avant que le soleil ne soit levé, en espérant pouvoir ensuite se reposer assez pour se permettre une seconde session, le soir-même. Seulement voilà, le risque de s'entraîner le matin était de rencontrer des curieux...ou une curieuse, dans le cas présent.

Frustré par sa propre performance qu'il jugeait minable, Sanosuke se força à prendre une pause, intrigué qu'on vienne l'accoster de la sorte, avant de poser son regard bleu-gris sur la demoiselle qu'il essayait de reconnaître.

 Et tu es ? Shinju...c'est ça ?    


Sanosuke n'avait pas la mémoire des noms, mais il avait vu la demoiselle plusieurs fois autour de son maître, et c'était suffisant pour attirer son attention. Que faisait-elle ici, à pareille heure ? S'entraîner aussi ? Ou était-elle juste curieuse ? Heureusement le Takamoto n'eut guère à attendre longtemps, comprenant que la frêle demoiselle voulait mesurer sa force à la sienne. Arquant un sourcil de surprise, le concerné demanda, avec un certain scepticisme :

Un bras de fer ? Est-ce que c'est une plaisanterie ? C'est Toshiro qui t'a soufflé cette idée, c'est ça ? Si je l'attrape, celui-là...


Il n'eut pas le temps de connaître le nom du coupable, que déjà la demoiselle lui tendait une récompense sous le nez. Un combat d'entraînement avec son maître ? Ooooh que l'offre était alléchante, trop pour que l'homme puisse l'ignorer en tout cas. Se redressant, rangeant son arme de son fourreau, il passa sa main dans sa crinière d'ébène, commentant :

La fin de ma journée ? Hum...bon, d'accord. Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais rien qui me mette dans l'embarras. J'ai une image à maintenir, tout de même...


A qui essayait-il encore de faire croire cela ? Ces derniers temps son image ne valait plus grand chose, raison pour laquelle il évitait comme la peste les occasions d'être vu en public. Il avait encore beaucoup de chemin à faire, avant de pouvoir à nouveau marcher la tête haute. Chassant ces pensées de sa tête, le jeune homme remontant la manche de son bras et, se dirigeant vers une table où on posait d'habitude son matériel, il invita la demoiselle à le suivre, en se permettant un petit soupir de lassitude au passage. Un bras de fer...vraiment ? Entre une crevette et...un homme qui n'était plus que l'ombre de lui-même ? Cela allait être triste, juste triste. Se reconcentrant, il posa son coude contre la table, levant son bras pour inviter la demoiselle à le rejoindre d'un :

Prête ?    


Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
Quatorzième Siège de la Division Orientale

Bakuhatsu Shinju

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Bingo. Le piège se refermait sur l’innocent shinigami.

Il ne te prenait pas au sérieux. Pour lui, tout ça ne pouvait être qu’une simple blague, organisé par le plus célèbre des farceurs de la division : Toshiro. Alors pourquoi le contredire ? Pourquoi chercher à lui expliquer ta démarche, étant donné qu’il avait accepté de s’y prêter ? Pensait-il que tu étais une victime de cette blague, toi aussi ? Que Toshiro voulait se jouer de toi en affrontant un adversaire qui, en apparence, pourrait te battre dans une démonstration de force physique pure ? Tu n’en savais rien et dans un sens, tu t’en moquais. Ta seule réponse fut un haussement d’épaule, accompagné d’un sourire, innocent, avant qu’à ton tour, tu ne rejoignes la petite table.

« Promis, si je venais à gagner, je peux te promettre que rien de ce que je ferais ne porteras à ton image. »


Enfin peut-être un tout petit peu, mais certainement pas de manière négative. Ce qui te marquait, chez le jeune homme à la chevelure d’ébène, c’est que même lorsqu’il semblait s’agir d’une blague à ses yeux, il ne pouvait que tout prendre au sérieux. Tu te demandais honnêtement comment faisait-il pour ne pas avoir de nombreuses rides, entre ses deux sourcils continuellement froncés.

À ton tour, tu atteignis le lieu de votre petit duel, remontant ta manche d’un geste fluide, dévoilant un bicept légèrement sculpté, en apparence. Ton coude toucha le bois. Lentement, ta main se glissa dans la sienne, et tes doigts se refermèrent sur celle-ci dans une prise ferme, tandis que ton regard, comme deux gros éclats d’ambre, reflétant le soleil radieux, se plongeait dans le regard plus sombre de Sanosuke.

« Prête ~ »


Tout sourire, tu lui laissas l’honneur du décompte. Un trois, deux, un ... qui débuta cet étrange échange entre vous.

Il força. Encore et encore. Sur ses traits, tu discernais l’incompréhension, et un peu de frustration. Pourquoi ne semblais-tu pas impactée par l’énergie qu’il déployait. Et puis, en baissant les yeux, il le verrait. Ton biceps, soudainement contracté, dévoilant un muscle galbé et entretenu. C’est à ce moment-là, qu’il a dû comprendre, qu’il était le dindon de la farce, non toi.

BOUM.

D’un geste sec, brutal, surprenant, en parfait opposition avec cette image que tu renvoyais, tu vins écraser la main de ton collègue contre le bois de la table. Une victoire retentissante, sans aucun témoin. Tu avais bien choisi ton moment ...

« Je crois que c’est une victoire pour moi ? ~ »


La langue légèrement tirée, malicieusement, tu ajoutas.

« Alors, on se mets en route ? On a un tas de trucs à faire ~ »


Tu le relâchas, le laissant se remettre de ses émotions, en profitant pour remettre en place la manche de ton uniforme et épousseter la légère poussière qui s’y était agglomérée.

« Tu tombes bien, j’avais besoin d’aide pour transporter quelques affaires, alors, en route ! »


D’un geste de tête, tu l’invitas à te suivre, pour récupérer ces fameuses affaires. Un cabanon de caisses, remplies de petits jouets de bois, dont tu ne tardas pas à lui charger les bras sans la moindre pitié, sautillant presque sur place. Il avait beau avoir perdu, ça ne voulait pas du tout dire qu’il était faible, bien au contraire. Tu avais dû mettre de la force pour la vaincre. Et ça, c’était une véritable preuve de force.

« On va porter tout ça à l’orphelinat de l’oracle, pas loin d’ici. Les gamins sont toujours contents de pouvoir s’amuser avec de nouveaux jouets. Je te préviens un peu en avance ... Ils peuvent être ... énergiques ! Mais ce n’est pas ça qui va t’effrayer, pas vrai ? ~ Tu as été mentoré par Hua Feng après tout ! »



Mais rien ne préparait jamais à une vague d’enfants déchainés et bien curieux, surtout d’un nouvel arrivant. Sanosuke allait devenir leur nouvelle coqueluche, à n’en pas douter. Peut-être que ça lui permettrait de relâcher un peu la pression ... C’est dur de leur résister, à ces petits monstres, quand ils vous regardent avec des yeux pleins d’admiration !
Vingtième Siège de la Division Orientale
Sagara Sanosuke
Vingtième Siège de la Division Orientale

Sagara Sanosuke

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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Jouer en équipe n'avait jamais été le point fort du jeune Takamoto, pour de multiples raisons. Toute sa vie avait été tournée autour de sa propre réussite, afin de faire briller le nom de sa famille, ce qui expliquait pourquoi il chercher autant à être sous le feu des projecteurs...enfin cela, c'était avant. Aujourd'hui il avait simplement trop honte pour se montrer en public, ou participer à des projets de groupe, car les blessures à son corps et son ego étaient encore trop...fraîches. Il savait qu'il devait se montrer patient, que le temps guérissait tous les maux mais, en attendant, il ne pouvait juste que se contenter de marcher la tête basse en évitant les regards et les bruits de couloir.

Amer ? Il l'était, oui, mais il ne pouvait que s'en prendre à lui-même sur ce coup-là, raison pour laquelle il ne protestait pas, parce qu'il n'avait rien à dire pour sa défense. Il voulait juste continuer à s'entraîner, encore et encore, en espérant un jour redevenir l'homme qu'il était jadis...ou s'en approcher, en tout cas. Mais aujourd'hui sa session fut interrompue par une curieuse qui, histoire de dévier le cours de sa journée, l'invita à un concours de force, sous la forme d'un...bras de fer. Oui, un bras de fer. Il ne savait pas s'il devait trouver cela ridicule, parce que la demoiselle était une crevette, ou cruel en raison de la récente diminution de ses propres capacités physiques. Retenant un soupir de lassitude, l'homme se redressa silencieusement, attrapant la main de la demoiselle au moment de se mettre en position.

Depuis sa déchéance, Sanosuke avait perdu de sa confiance naturelle. Pour être franc il s'était attendu à une piètre performance de sa part, mais il ne s'était pas attendu à une défaite aussi...écrasante. Le temps s'arrêta pendant quelques secondes, alors que les yeux de l'homme s'ouvraient, ronds comme des soucoupes. Était-ce une plaisanterie ? Était-il devenu si faible qu'il n'offrait, à présent, plus aucune résistance ? La frustration faisait naître une sensation de nausée au fond de sa gorge, il ne put qu'admettre la victoire de la demoiselle d'un froid :

On peut dire ça, oui...  


Était-ce ainsi que son avenir allait se dessiner ? Se faire écraser, une fois après l'autre, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, jusqu'à ce qu'il soit au fond du trou ? Comme s'il ne l'était pas déjà. Se retenant de cracher par terre, pour évacuer la noirceur qui envahissait son cœur, Sanosuke se redressa silencieusement, époussetant son ego à nouveau froissé. Il ne supportait pas la défaite, encore moins quand il avait l'impression de ne jamais avoir eu la moindre la chance, depuis le début.
Écoutant la demoiselle lui expliquer qu'ils avaient des choses à porter, Sanosuke essaya de retenir son ton mauvais autant que possible, se drapant d'un ton neutre alors qu'il attrapait son zanpakuto, tout en rabaissant ses manches.

Tu aurais pu me demander de l'aide, directement, plutôt que de chercher à m'écraser de la sorte.  


C'était sans doute plus amusant ainsi pour elle, du moins était-ce ce qu'il supposait. N'était-il pas une cible facile, après tout ? Laissant un soupir de lassitude s'échapper, remettant sa tenue en place, Sanosuke repositionna sur ses épaules le haori bleu nuit dont il ne se séparait jamais.
Bon, malgré la défaite il allait enfin pouvoir l'avoir, cette pause dont il avait besoin. Enfin...vraiment ? Il allait devoir marcher et faire de l'exercice, aussi pause n'était peut-être pas le meilleur terme. Le regard de l'homme s'ouvrit grand, à nouveau, face à l'amoncellement de caisses dont il allait avoir la charge. Mais...hein ? Sérieusement ? Avant même qu'il ne puisse protester, Sanosuke sentit ses bras protester sous le poids de la cargaison qui lui fut donnée, sans attendre.

Mais que... ?


Sanosuke n'aidait jamais sans raison. La main sur le cœur était étranger à la famille Takamoto, mais la seule chose qui l'empêcha de protester, aujourd'hui, fut le marché passé avec la demoiselle. Il avait perdu et, sans être vertueux, Sanosuke n'était pas homme à mentir ou revenir sur sa parole. Il avait promis, il allait donc s'exécuter, sans broncher. Ajustant sa position, le jeune homme emboîta le pas à la demoiselle, cette dernière expliquant la destination de ces jouets, avant de prévenir le Takamoto que l'audience risquait d'être un peu...agitée. Arquant un sourcil de surprise, se préparant déjà au pire, Sanosuke finit par demander confirmation, sur un point qui le trottait dans la tête :

 Tu fais ça, souvent ? Trouver des pigeons, pour t'aider à jouer les porteurs, je veux dire.



Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
Quatorzième Siège de la Division Orientale

Bakuhatsu Shinju

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Il voulait savoir pourquoi tu n’avais pas juste demandé son aide. Pourquoi tu avais ressenti le besoin de toute cette mise en scène pour atteindre ton objectif. Pourquoi il avait été, à son sens, roulé dans la farine. Sa perception de l’échange en disait long sur lui. Sanosuke ne voyait là qu’une défaite. Une humiliation de plus. Il était complètement à côté de la plaque.

« J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fait. »


Tu ne répondais pas à la question qu’il avait sous-entendu. La réponse, Il la découvrirait bien assez tôt. Tu ne lui mâcherais pas directement le travail, et puis, cette colère que tu sentais dans sa voix, cette rage qui le grignotait, il avait besoin de la laisser partir. De la cracher. De la laisser exploser. Alors si ça devait être sur toi, qu’il se fasse plaisir. Ça ne voulait pas dire que tu te laisserais faire. Sans chercher à justifier tes actions, tu continuas ta route paisiblement, dans ton bon droit de disposer du temps du vingtième.

Après tout, tu avais gagné à la loyale.

Tandis que tu chargeais les bras de l’homme de caisses pleines de jouets, il s’osa à une nouvelle question. Une question qui dessina un petit sourire sur tes lèvres, mais la réponse n’arriva pas. Encore. Non, tu le laissas dans le silence le plus total, te chargeant à ton tour de caisses, et ce avant de te mettre en route, l’invitant à te suivre d’un geste de tête.

L’avantage avec Sanosuke, c’est que malgré sa frustration, il suivait bien sagement. Il ne cherchait pas à remettre en question sa parole. Il s’était engagé à te suivre s’il perdait, et il s’y tenait. Digne d’un élève de Hua Feng. Même si on sortait du cadre, il y avait des valeurs sur lesquelles on ne pouvait pas rechigner. L’honneur en était une d’entre elles. Sans honneur, qu’étions nous ? Rien, que des bêtes sauvages, pas mieux que le plus horrible des monstres assoiffés de sang.

La marche fut silencieuse. Le premier quart d’heure. Seul le son des pas sur le sol rythmait votre petite sortie, du terrain d’entraînement. Et malgré l’ambiance de mort entre vous deux, tu souriais. Solaire, énergique, comme intouchable par la mauvaise humeur de ton cadet. Marcher, comme ça, sans trop savoir quand on arriverait, pouvait avoir un effet apaisant. C’était un moment durant lequel on pouvait se vider la tête. Penser à toute autre chose. Profiter de l’air frais. De la paix environnante.

Ça lui permettrait de se calmer un peu. Assez pour que tu te décides enfin, à lui donner un petit peu de réponse.

« Tu es convaincu que je t’ai roulé, mais tu te trompes. Tu t’es piégé toi-même. »


Lançant un regard en coin à celui-ci, guettant la moindre réaction de sa part, tu continuas ton propos.

« Réfléchis à ce que je viens de dire. Qu’est-ce qui t’a poussé à me sous-estimer comme ça. »


Les apparences. Les préjugés. Son propre dégoût pour lui-même. Mais aussi les propres attentes qu’il projetait sur les autres et lui-même. Tout ça troublait sa perception des choses. Lui mettait des bâtons dans les roues. L’empêchait d’avancer. Tu savais ce qu’il lui était arrivé. Tout le monde savait, à la division. Et depuis, il ne se laissait guider que par l’idée de revenir à sa position d’antan. Mais c’était faire fausse route, à ton sens. Sanosuke voudrait-il t’écouter ? Se refermera-t-il encore plus ? Tu ne le savais pas. Mais tu allais lui dire le fond de ta pensée, vu que personne ne semblait vouloir le faire. De toutes manières, ton image au sein de la division n’était pas vraiment à préservée ... ! Tu n’avais rien à perdre. Et lui, il avait le temps de réfléchir. Vous n'étiez pas encore arrivés sur place ...
Vingtième Siège de la Division Orientale
Sagara Sanosuke
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Sagara Sanosuke

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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke avait beaucoup de défauts mais, venant d'une famille chez qui la compétition était reine, il faisait office de mauvais perdant. L'échec n'avait jamais été toléré dans sa famille, signe de faiblesse et de honte, ce qui expliquait également les récents agissements de son aîné. Mais que pouvait-il y faire, après tout ? Il ne pouvait pas supprimer des décennies de conditionnement mental en l'espace d'un instant. On l'avait toujours poussé à être meilleur, meilleur que la veille, meilleur que ses aînés et, promotion après promotion, il avait gagné confiance en lui jusqu'à pêcher par excès de confiance.

Sanosuke était trop têtu pour accepter son sort, pour accepter cette défaite cuisante. C'était ainsi. On lui avait appris que, s'il n'aimait pas les cartes qui lui avaient été distribuées, il n'avait qu'à lutter pour changer la donne, et c'était ce qu'il s'évertuait à faire, tous les jours, depuis l'accident. Il ne voyait aucun progrès pour l'heure, mis à part peut-être un renforcement du lien avec son zanpakuto, mais son esprit était tellement tourné vers ses piètres capacités physiques qu'il en oubliait le reste. Et puis vint cette demoiselle qui lui proposa un bien étrange marché, un duel de forces contre promesse de récompense, pour le gagnant. Confiant ? Il ne l'était pas non, pas du tout, mais qu'avait-il à perdre ? Elle semblait trop têtue pour partir, s'il le lui demandait, alors pourquoi ne pas essayer ?

Au mieux il avait la paix, et au pire...au pire il avait une pose forcée et un ego froissé.

Il n'était plus à ça près, de toute façon, non ? La demoiselle semblait, en tout cas, avoir une vision différente sur le sujet. Non contente de ne répondre aux questions du jeune homme que par le silence, ce qui avait tendance à agacer le concerné, elle continua le reste de son chemin sans dire mot, au début en tout cas. Petit à petit, Sanosuke s'autorisa à laisser son regard courir à droite et à gauche, observant le chemin qu'il était en train de suivre jusqu'à ce que, enfin, Shinju n'en vienne à prendre la parole.
De sa vision des choses, Sanosuke l'avait sous-estimé ce qui avait entraîné sa propre chute, une fois encore. Était-ce vrai ? Peut-être en partie, oui, mais ce n'était pas la frêle apparence de la demoiselle qui avait poussé le Takamoto à prendre cette décision. Curieux, il demanda :

Qui te dit que je t'ai sous-estimée ?  


Il avait voulu avoir la paix et, entre la frêle apparence de la demoiselle et sa propre faiblesse, il avait espéré que le combat serait à peu près équitables. Les apparences étaient trompeuses, c'était vrai, cependant Sanosuke ne manqua pas de laisser quelques unes de ses pensées filtrer, à voix basse.

Ce n'est pas comme si j'étais en mesure de sous-estimer qui que ce soit, en ce moment, de toute façon...


Il était presque revenu à la case départ, pour ainsi dire. Presque, car ses connaissances n'avaient pas disparu, ce qui était la seule lueur d'espoir dans tout ce merdier. Il savait encore comment lancer un sortilège, ou comment communiquer avec son zanpakuto. Tout ce qui lui venait naturellement, jadis, était juste plus...coûteux. Plus épuisant. Arriverait-il à regagner l'endurance de jadis ? Il voulait croire que oui, espérant corps et âme que cela soit le cas mais...les médecins étaient un peu plus pessimistes sur le sujet. Les rares qu'il avait pu rencontrer, en tout cas.
N'étaient-ils pas spécialistes dans leur domaine, après tout ? Et pourtant...pourtant il ne pouvait pas accepter cette nouvelle réalité. Celle qui faisait de lui un être mauvais et amer. Celle qui faisait de lui...moins que l'homme qu'il était jadis. Mais il n'avait pas le choix. Il devait se montrer patient et...ne pas perdre espoir. Aussi, réajustant sa prise sur les caisses, il recentra la conversation d'un simple :

Enfin peu importe. Ce qui est fait, est fait. Tu as gagné, je t'aide comme promis, c'est tout ce qui compte. C'est encore loin, d'ailleurs ? 

Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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« Parce que c’est ce que tout le monde fait. Tout le temps. T’inquiètes pas, je le prends pas personnellement, j’essaye juste de te faire passer une certaine idée. Enfin, je suppose que c’est pas bien important ... Oublie.  »


Tu n’allais pas le faire changer d’état d’esprit tout de suite. Tu plantais simplement une graine dans son esprit. Parce qu'il n'oublierait pas aussi simplement. Une petite chance pour toi de le faire changer, pour de vrai. D’endiguer cet espèce de suicide à petit feu qu’il avait entamé depuis quelques temps. Il faudrait du temps. Certainement beaucoup. Mais au moins, tu aurais essayé. La marche reprit, malgré la remarque particulièrement déprimante du shinigami. À quoi bon répondre ? Essayer de lui faire penser d’une manière différente brutalement ? La vie n’était pas aussi simple. Et c’était très saoulant.

« On y est presque. Quelques minutes. »


Vous avez marché, encore un peu. Pas longtemps, dans un silence de plomb, qui ne semblait pas t’impacter. À quoi bon te prendre la tête ? Tu n’avais pas d’énergie pour ça. Tu préférais juste suivre ton feeling. Dire ce que tu penses. Faire ce dont tu avais envie, quand tu en avais envie. Et si ça ne plaisait pas ... Et bien tant pis ! C’était ta philosophie !

Et enfin, votre destination. À une vingtaine de mètres, l’orphelinat se présentait. Une grande bicoque traditionnelle, remplie de gamins qui s’ennuyaient, à qui on disaient de se comporter bien sagement. Des enfants comme en cage, qui n’attendaient qu’une source de distraction pour se déchaîner. Une allumette mettant le feu.

Tu étais l’allumette.

« Les enfaaaaaaaaants ! Je suis là !! »


Le sol trembla, face à la horde sauvage qui s’activait à l’intérieur du bâtiment. Sanosuke n’avait aucune idée de ce dans quoi il s’était engagé.

« Prépare-toi ~»


La vague explosa hors de la maison. Une troupe d’une vingtaine d’enfant, entre six et douze ans, aux traits innocents, illuminés par votre arrivée, qui foncèrent bille en tête dans votre direction, venants alors se jeter directement dans vos jambes pour s’y accrocher, criants, riants à pleine gorge, alors que vous atteigniez la porte.

« Shinju ! T’as de nouveaux jouets pour nous ??! »


« C’est qui ton amiiiiiiiiii ? Il est graaaaaaaaaaand ! »


Ils étaient adorables. Ça te rappelait des souvenirs, d’une époque bien lointaine, et bien moins heureuse pour toi. Un passé où tu avais l’impression de ne jamais trouver ta place. Où la joie et l’amusement étaient secondaires, à l’avantage de la recherche de parents. Offrir une bulle de naturel, à ceux qui suivaient le même chemin que toi, c’était le moins que tu puisses faire. Une manière de soigner des plaies qui ne se refermeront jamais totalement.

« Ah ah ah ! Du calme, du calme ! Je vous présente mon ami, Takamoto Sanosuke, il est venu avec moi pour vous apporter les jouets alors qu’est-ce qu’on dit ? »


Leurs grands yeux, pleins d’innocence, se levèrent en direction du visage de ton compagnon d’aventure, avec toute l’admiration du monde. Pour eux, Sanosuke était ... incroyable ! Grand, un shinigami, qui venait avec des cadeaux. Ce genre de personne ne pouvait être qu’incroyable ! Alors, les enfants se dépêchèrent d’obéir. Bien plus calmement, ils saluèrent celui-ci.

« Merci Takamoto-san ! »


Ta main vint ébouriffer la chevelure du petit brun, plus timide, accroché à ta jambe, comme un enfant derrière sa mère.

« C’est bien les enfants. Vous pouvez prendre les jouets, et je vous laisse vous amuser avec Takamoti-san dans le jardin, d’accord ? Je reviens dans pas longtemps. »


Tu déposas les caisses au sol, au moment où tu terminas ta phrase. Les mains libres, tu vins donner une légère tape dans l’épaule du grognon et triste bonhomme, comme un encouragement, avant de te diriger en direction de la directrice d’orphelinat qui, à l’entrée, vous observait, les sourcils froncés.

« Bakahatsu Shinju ... Je vois que tu n’as pas changé. J’espère que tu n’essayes pas aux enfants à être comme toi. Ils doivent trouver une famille. »


Charmante. Comme d’habitude. Pourtant, tu continuas de sourire, comme si de rien n’était, ignorant l’agitation derrière toi.

« Hijika-san, c’est également un plaisir de vous revoir. Vous n’avez pas à vous inquiéter, quelques jouets ne feront pas d’eux des parias. J’étais un cas particulier, mais je m’en suis pas trop mal sortie finalement, pas vrai ? »


Une main sur la garde de ton Asauchi, rappelant ton grade actuel, tu lui faisais un beau pied de nez. Une manière de lui rappeler que, malgré tout ce qu’elle pensait de toi, tu savais qui tu étais, et tu en étais fière. Tu avais des défauts, mais aussi un tas de qualité. Ce n’était pas cette vieille harpie qui allait te faire penser autrement. Pas après toutes ces années.
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Sagara Sanosuke
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke avait très tôt appris que toute action avait ses conséquences et que, sur le chemin de son existence, il devrait prendre des décisions en tenant compte de ces éventuelles conséquences. On lui avait appris à ignorer le regard des autres sur le chemin de la gloire, mais à aucun moment où ne l'avait appris à se relever, une fois tombé à terre. Pourquoi ? Parce que chuter était impensable pour un Takamoto. L'échec n'avait jamais été une option, mais juste l'excuse des lâches et des incompétents. C'était en tout cas ce que son cher frère aîné lui avait généreusement répété, avant de le mettre dehors quelques semaines plus tôt.

Aujourd'hui ? Aujourd'hui c'était différent. Il n'était pas un shinigami ou une âme en peine, mais juste un homme apportant des jouets à ceux moins fortunés que lui. A quand remontait la dernière fois où il avait fait une telle chose ? Jamais, pas sans y avoir été contraint en tout cas, ce qui en disait long sur l'homme qu'il était. Si l'idée de départ lui avait déplu, plus il y pensait et plus il commençait à l'accepter. Non pas parce que c'était bon pour son image, mais parce que cela aurait au moins le mérite de lui faire changer de décor, et lui souffler un peu d'humilité dans les bronches, au passage. Après tout, peut-être n'avait-il plus de famille aujourd'hui, mais au moins il en avait eu une, jadis. Ces malheureux, eux, n'avaient pas eu cette chance et devaient attendre l'occasion d'être adoptés. Une occasion qui ne viendrait peut-être jamais, pour ce que Sanosuke en savait.

Il devait se rappeler d'où il venait et de la chance qu'il avait eu. Il était peut-être déchu mais il n'était pas à la rue et sans le sou.

Dans son malheur, il avait encore de la chance.

Ce fut avec cette idée en tête que Sanosuke emboîta le pas de la demoiselle et, dés que la concernée fit connaître sa présence, le sol commença à trembler comme si un troupeau de bisons s'en venait. D'habitude sans peurs et sans reproches, Sanosuke s'immobilisa un instant, face à ce bruit sourd.

Oula...


Il aurait peut-être dû demander combien de personnes vivaient ici...non ? Trop tard. Quelques secondes plus tard et le raz-de-marée de petites têtes blondes se déversa sur le duo, arrachant au Takamoto un franc :

Oh bordel de m...


Il eut au moins la présence d'esprit de ne pas finir sa phrase, par respect pour ces chastes oreilles. Il n'avait pas été au contact d'enfants depuis...une éternité et, si le fait qu'on le regard aussi fixement avait quelque chose de déroutant, Sanosuke ne se figea pas pour autant. Pourquoi ? Parce que, pour une fois, ce n'était pas un regard de jugement mais d'émerveillement et d'innocence qui lui était jeté. Aussi, quand sa camarade le présenta au reste du groupe, le concerné essaya de balbutier un :

Oh...euh...bonjour les enfants.  


Avant même qu'il ne puisse demander quoi faire, sa camarade et trois enfants poussèrent le Takamoto à se diriger vers le jardin, alors que d'autres pillaient déjà les caisses de jouets, à la recherche de quelque chose d'intéressant. En cet instant il n'était pas un échec, un soldat, un officier ou un homme. Il était une personne apportant des cadeaux à ces malheureuses âmes, et pour ce seul fait il avait l'attention de plusieurs de ces jeunes. Il avait presque oublié ce que c'était que d'être un enfant, que d'être innocence, et les voir courir et s'amuser ainsi, comme de véritables tornades humaines, arracha au Takamoto un petit sourire qu'il ne pensait pas encore avoir en lui.

« Woooooa comment tu es trop grand, Takamoto-san ! »


Réalisant que c'était à lui qu'on parlait, Sanosuke baissa son regard bleu-gris vers un petit garçon à la courte crinière blonde, qui le regardait avec émerveillement et fascination. Se laissant aller à un sourire plus doux, qui contrastait drastiquement avec son masque de froid maintien habituel, le guerrier posa un genou à terre pour réduire la distance, avant de souffler :

Ça c'est parce que j'ai bien mangé et j'ai été sage, quand j'avais votre âge ! Tu veux voir ce que ça fait, d'être aussi grand ? Allez viens, accroche-toi !  


Joignant le geste à la parole, il tendit les bras au petit garçon qui ne se fit pas prier. Ni une, ni deux et le petit garçon trônait à présent sur les épaules de Sanosuke, s'accrochant à ses cheveux en vocalisant son émerveillement. Sanosuke avait bien conscience d'être grand, très grand mais pour un enfant il faisait véritablement office de géant. Pivotant à droite et à gauche, pour donner quelques sensations fortes au petit garçon, ces gestes attirèrent l'attention d'autres enfants qui, déjà, commencèrent à s'agglutiner près des jambes du guerrier.

« A mon tour ! A mon tour ! »

Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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Il était comme un poisson dans l’eau ! Plus que tu ne l’aurais pensé même. Alors que tu échangeais avec la mégère, en retrait, les observant du coin de l’œil, lui s’amusait. Servant de monture pour les enfants, il leur faisait découvrir la beauté des hauteurs. Ouais, Sakomoto était grand ! Très même ! C’était comme être fait de sucre en face de fourmis. Aux yeux des marmots, le shinigami avait la grande classe. Ils se battaient presque pour monter sur ses épaules et s’amuser. Il était la star de la journée.

Au moins, il souriait, et ça, c’était déjà un très bon point. Ça lui vidait la tête et le faisait sortir de sa routine, particulièrement ... barbante ? Tu ne l’avais jamais vraiment vu s’amuser. Tu n’étais même pas sûr qu’il en était capable, avant aujourd’hui ! De loin, profitant de la scène, ignorant la maugréante vieille qui te rabâchait les oreilles avec ses histoires d’une bien lointaine époque, tu murmuras pour toi-même, attendrie.

« Et bah, il peut se montrer sympa donc ... ~ »


Il était temps que tu te joignes à la fête à ton tour. Tu n’allais pas te laisser voler la vedette par un petit nouveau. C’était toi, la reine des clowns ! Celle qui avait toujours une bonne petite blague pour faire rire les enfants, ou bien une cascade pour émerveiller les plus jeunes. D’un signe, tu saluas distraitement la directrice pour finalement rejoindre le petit groupe en pleine fête.

« Les enfants, allez-y doucement avec Takamoto-san, d’accord ? »


Arrivant à sa hauteur, la main sur la hanche, un sourire se dessinant sur ton visage à la fois taquin et tendre, tu captas l’attention du shinigami.

« Je vois que tu as déjà bien trouvé ta place ici ~ »


Une remarque, bien rapidement suivie par le retour des enfants, qui essayaient tous de dire à quel point ils aimaient leur nouvel ami, dans un brouhaha incompréhensible, qui te fit rire de plus belle.

« Du calme, un seul à la fois ! Je ne comprends rien ! »


Une petite fille prit la parole en première, les yeux étoilés.

« Oui, il est trop gentil Takamoto-san ! Et trop beau ! Je veux me marier avec lui plus tard ! »


Vraiment, ils étaient adorables. Il ne fallait pas grand-chose pour leur plaire, mais à ce point ... C’était que Sanosuke avait fait forte impression ! Il s’était plié au jeu, sans mal. Avait décidé d’échanger joyeusement avec les bambins et ce, bien qu’il fût totalement hors de sa zone de confort, loin des combats, des armes, et du corps militaire. Ici, il était quelqu’un de totalement nouveau, et ça avait l’air de lui faire un bien fou. Il avait même une demande en mariage !

« Je vois que tu fais fureur, joli cœur ~ »


Pinçant gentiment la joue de l’enfant, tu te redressas tranquillement. Il fallait mettre un peu d’animation ici !

« Est-ce que ça vous dit un petit jeu ? Je vous propose ... Un loup touche-touche ! »


Et ta première victime était Sanosuke ! Profitant de sa garde baissée, alors qu’il reposait un enfant au sol, tu tapas son épaule, sans force réelle.

« C’est toi le loup ! »


Avant de fuir, accompagnée des enfants, riants et criants face au nouveau loup qui chercherait à les manger tout cru, s’ils ne courraient pas assez vite. Dans ce petit jardin, autrefois source d’angoisse et de tristesse, tu avais su créer un espace réconfortant pour les petits jeunes, à la recherche d’une famille. C’était important pour toi, de venir régulièrement. De représenter une autre possibilité. Un espoir de bonheur, même si on était jamais choisi pour être adopté.

Ta course était joyeuse. Bondissante. Comme un lapin ! Ta chevelure, blonde, hirsute, dansait à chacun de tes pas, comme le vacillement d'une flamme.

« Attention au grand méchant loup ! Il va nous manger ! »


Comédienne ? Toi ? Un poil ! C’était amusant de se mettre dans le rôle. De faire les choses, sans pression. Sans risquer des vies ou le reste. Est-ce que Sanosuke aussi, ressentait ça ? Cette pression perpétuelle ? Est-ce que c’était pour ça, qu’il vivait si mal ce qui lui était arrivé ? Ou bien était-ce plus compliqué que ça ?
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke avait tellement mis sa réussite au centre de sa carrière et de sa vie, qu'il avait fini par en oublier pourquoi il faisait tout cela. Certes vouloir être le meilleur était honorable et un bon moteur de motivation, mais pour quoi ? Pour qui ? Après tout il ne fallait pas oublier qu'il était un soldat et que, comme tout soldat qui se respectait, il avait la charge de protéger ceux qui  ne pouvaient le faire eux-même. Qu'adviendrait-il, un jour, si un hollow venait à pénétrer dans la Soul Society, et se glisser jusqu'à dans cet orphelinat ? Qu'adviendrait-il si ces mûrs venaient à être recouverts du sang de ces enfants innocents ? Cela, il l'avait oublié. Il avait oublié pourquoi il avait pris les armes, la toute première fois. Pourquoi il avait fait face à ce hollow, pourquoi il en était là aujourd'hui.

Il avait beau dire et se blâmer, il avait peut-être bondi pour briller, mais également pour sauver cette âme humaine. Cela, personne ne pourrait jamais le lui enlever. Il était peut-être un connard arrogant, hautain comme on en faisait peu, mais il était aussi un homme d'honneur et de parole. Cette journée, ce moment avec ces enfants lui servit à se rappeler, se recentrer sur le moment présent et son rôle premier. Il n'était pas un soldat, un meneur ou un tueur. Il était un protecteur.

Lorsque la demoiselle fit son apparition à nouveau, Sanosuke avait encore un enfant juché sur ses épaules, s'accrochant à ses cheveux comme si sa vie en dépendant. Effectivement, il n'avait pas réalisé qu'il avait réussi à lâcher prise aussi aisément qu'il l'avait fait. Lui avait-il fallu seulement ce contact avec cette innocence, pour chasser les sombres nuages de son esprit ? Apparemment, comme quoi son esprit était vraiment son meilleur allié ou son pire ennemi.

Il faut croire que oui, apparemment.  


Si Sanosuke fut assez surpris par les commentaires des enfants sur sa gentillesse, avançant qu'ils ne le connaissaient pas assez pour pouvoir le qualifier de mauvaise personne, il ne put s'empêcher de décrocher un petit sourire amusé, lorsqu'une petite choupette voulut se marier avec lui. C'était bien la première fois qu'il l'entendait celle-là, d'une enfant ou d'une adulte. Aussi, quand sa camarade pointa du doigt son côté bourreau des cœurs, ce fut avec une fausse confiance qu'il avança :

J'avoue que je suis le premier surpris. Il faut croire que mon charme transcende le temps et les générations...


En vérité il savait qu'il n'était pas moche, loin de là même. Selon les critères de son peuple il était plutôt beau en réalité, mais il avait toujours eu la tête trop profondément logée dans son propre cul pour en faire quelque chose. Une question se posait donc. Devrait-il profiter de ce ralentissement forcé pour penser à revoir ses priorités ? A envisager de fonder une famille, maintenant qu'il en avait le temps ? Ou, au contraire, devrait-il se concentrer sur sa convalescence et ses sessions à venir ? Entre ses propres sessions et celles prévues avec son mentor, il allait avoir beaucoup à faire.
Voilà un autre angle de réflexion, en tout cas. Un autre avantage supposé à ce ralentissement forcé, sans doute. Malheureusement Sanosuke n'eut guère le temps de prolonger sa réflexion, que déjà il était invité à participer à un jeu...auquel il n'avait jamais joué. Oui, les Takamoto et l'amusement, cela faisait deux...ou plus. Mais il comprit rapidement le principe et, face à cette nomination, il essaya de rentrer au mieux dans le personnage, en prenant une voix exagérément plus sombre et guttural.

Ça tombe bien, ça fait une éternité que je n'ai pas mangé d'enfant !


Il aurait pu courir après la demoiselle, pour se donner un vrai challenge mais, au lieu de cela, ralentissant exagérément sa course, il se mit à la recherche de quelques enfants. La plupart courraient se cacher mais, irrémédiablement, accélérant légèrement le pas, le jeune homme finit par bondir et poser sa main sur l'épaule d'un petit garçon. Prêt à reculer si jamais ce dernier décidait de se venger, et de le toucher à son tour, Sanosuke montra quelques autres enfants d'un mouvement de tête, avant de souffler au nouveau loup :

Touchée ! Allez, va manger tes petits camarades !  


Ainsi il allait pouvoir prendre du recul et observer la situation, avec un certain amusement. Entre les cris et les rires, il se rappelait encore ce que cela faisait de vivre, et pas juste de survivre.
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Bakuhatsu Shinju
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Cette sortie était découverte sur découverte. Tu apprenais que Sanosuke était capable de s’amuser et de se détendre, mais pas que. Il était aussi capable de faire des blagues ! De faire preuve d’une répartie presque taquine, face aux compliments de la petite qui espérait tant pouvoir lui passer la bague aux doigts, dans quelques années. Accrochée à sa jambe, pleine d’espoir et de rêves, l’enfant avait pourtant fuis, dès que le titre de loup avait été offert à son bien-aimé. Les rires s’élevaient, au cœur du petit jardin, en écho avec les cris partagés entre joie et peur. Un espace, un instant comme coupé de tout, préservé des drames extérieurs. Il n’y avait que le jeu. Que la course. Les petites voix qui se criaient entre elles des conseils pour échapper à leur poursuivant.

Tu aimais te dire que ta force servait à protéger ces enfants, encore innocents de toute la cruauté dont le monde pouvait faire preuve. L’endroit ? Non, tu t’en fichais. Ce lieu n’avait jamais été une maison à tes yeux, et il ne le serait jamais. C’était un lieu de transit. Une étiquette d’un statut que nul n’enviait. Être une âme solitaire, non-désirée, après avoir déjà vécu une vie, dont on n’avait aucun souvenir ... C’était terriblement dévastateur. Alors, si tu pouvais leur offrir ne serait-ce qu’un peu de sécurité, par ta lame, tu le ferais. Tu protégerais, ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir quelqu’un pour les protéger.

Comme toi, à l’époque.

La partie continuait, joyeusement. De temps à autre, le loup changeait d’identité, les bambins s’attrapant les uns les autres, vous chassant à quelques reprises, en vint. Un enfant, en particulier, s’attela au défi de t’attraper. Usant de ses petites jambes, il couru derrière toi, quelques minutes, avant que tu ne te décides à te laisser attraper. Au moment même où sa main toucha ta jambe, tu t’écroulas dramatiquement dans l’herbe, t’esclaffant à haute voix, ta chevelure s’étalant dans la verdure alors que te secouais les jambes dans le vide.

« Oh non, tu m’as eu ! Pauvre de moi ! »


C’était à ton tour de passer à l’action. De traquer un joueur. Mais alors que tu te redressais pour te lancer, une goutte s’écrasa sur le bout de ton nez. La sensation humide roula le long de celui-ci, passant sur tes joues, avant de rejoindre le sol.

« Hmmm ? »


Une goutte, suivie d’une seconde. Une ondée, soudaine, portée par un gros nuage qui s’invitait dans le ciel, juste au-dessus de vos têtes. Le jeu allait prendre fin. C’était drôle un moment, mais tu ne voulais pas que les petites têtes blondes attrapent un sale rhume, ni toi d’ailleurs ! Tu te relèves, calmement, réajustant ta chevelure d’une main, un petit sourire plus doux aux lèvres.

« Fin de la partie les enfants, il va falloir rentrer ! »


« Oh nooooooooooon ! Encore un peu, Shinju s’il te plait ! »


« Non, non, non ! On ne négocie pas ! Allez, zou mauvaises troupes ! »


Déçus mais convaincus, les marmots se mirent en route en direction de l’orphelinat, sous ton regard fraternel. En ce moment, tu avais du temps pour venir ici, mais que se passerait-il si la guerre revenait à vos portes ? Si tu mourrais, sur le champs de bataille ? Tu n’aurais aucun regrets, mais ... Qui viendrait prendre soin d’eux ? Qui viendrait égayer leurs vies de quelques moments de liberté ? Tu ne savais pas trop ... Il fallait donc que tu fasses ton possible pour ne pas rendre l’âme sous une arme ennemie.

Ton regard se porta bien rapidement sur le shinigami, qui se tenait là, pas loin, observant les enfants rentrer rapidement dans l’orphelinat.

« Toi aussi, tu devrais rentrer ! Ce serait dommage de gâcher ce joli minois, qui transcende le temps et les générations, avec un nez plein de morve pas vrai ? ~»


Les perles de pluie se multipliaient. Il était venu le moment de fuir. D’un geste de tête l’invitant à te suivre, tu rejoignis en trottinant la petite tendue qui protégeait l’entrée du salon, et protégeant désormais ta caboche.

« Allez, bouge-toi ! Plus vite ! »


Prendre des gants pour lui parler ? Oh, non, tu n’en avais pas envie ! Pas du tout ! Ici, il n’y avait pas de grade, pas de nobles ou de pauvres. Juste des humains, dans toute leur grandeur. Tu traitais Sanosuke comme un égal.
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke et son frère n'avaient jamais été des enfants comme les autres, car il n'avait jamais eu voix au chapitre. Dés leur naissance leur avenir avait déjà été tracé et décidé, par leurs aînés. Ils ne deviendraient pas juste des soldats fiables de cette glorieuse armée. Ils devraient se hisser haut, très haut et assurer que l'avenir de cette société brille du nom des Takamoto. Cette perspective avait toujours été attrayante et exaltante, poussant l'un et l'autre à aller toujours plus fort, toujours plus loin, en oubliant l'essence même de leur métiers.
Ils étaient des soldats, qui devaient assurer la protection de cette société, de ce monde contre les êtres les plus abjects qui soient. Leur récompense ne devait pas être les applaudissements ou les lauriers de la gloire, mais la seule perspective que, grâce à eux, des enfants comme ceux-ci pourraient vivre paisiblement un jour de plus. Ces rires, ces jeux, c'était grâce à lui et à Shinju qu'ils pouvaient avoir lieu : quand avait-il oublié cette évidence ? Soupirant face à sa propre bêtise, le jeune homme fut ramené à la réalité lorsqu'il sentit les premières gouttes de pluie tomber sur le haut de son crâne .

Curieux, il leva les yeux au ciel, pour voir quelques gouttes de plus tomber sur ses joues, rabaissant son attention vers les enfants, les invitant à rentrer d'un simple :

Allez vous mettre à l'abri. Il ne faudrait pas que vous attrapiez froid.  


C'était vraiment étrange, pour lui, d'être aussi...prévenant et à l'écoute. Il pouvait l'être, mais en jamais quand il n'avait rien à y gagner, en général. Il fallait bien croire que ce retour au source lui avait fait du bien et, bientôt, ce fut avec une certaine curiosité qu'il regardé les gouttes s'écraser une à une dans le jardin. S'il entendit la demoiselle l'inviter à rentrer à son tour, le jeune homme posa son épaule droite contre l'encadrement de la porte qui donnait sur le jardin.

Donne moi juste un instant.  


Il aimait bien la pluie, autant le visuel que le bruit. Cela avait quelque chose de...terriblement apaisant. Il n'avait jamais su dire pourquoi, mais sentir les gouttes d'eau glisser entre ses doigts était...agréable. Aussi, joignant le geste à ses pensées, il tendit sa main et, en un rien de temps, les gouttes commencèrent à s'écraser sur la paume de sa main, avant de glisser entre ses doigts. Là, en silence, il observa cette danse de l'eau avant de se permettre de demander à sa camarade, sans réfléchir :

Dans certaines cultures humaines, il est dit que la pluie est purificatrice. Qu'elle...nettoie, chasse les impuretés, les déchets, les péchés également. Tu y crois, toi ?


Pourquoi pensait-il à cela, maintenant ? Espérait-il qu'en se mettant sous cette pluie battante, ses démons, ses regrets et ses craintes finiraient par s'en aller ? Il n'était pas assez naïf pour donner du crédit à cette croyance populaire, et pourtant...

Je me demande...  


Il ne termina par sa phrase, car il savait à quel point elle était ridicule. Il savait qu'il n'y avait pas d'alternative ou de solution miracle. Il devait accepter ce changement, sans pour autant voir cela comme la fin de son chemin. C'était...une étape de plus. Une étape difficile et pénible, mais une étape tout de même. Il devait arrêter de laisser ses sombres pensées gagner du terrain et se rappeler que, comme aujourd'hui, il était encore capable de faire de bonnes choses.
Prenant une profonde respiration, les yeux toujours rivés sur sa main dans laquelle dansaient les gouttes d'eau, il finit par admettre à sa collègue que :

Merci pour m'avoir amené ici. Je pense que...j'en avais plus besoin que je ne l'imaginais. J'avais fini par oublier pourquoi je fais ce métier. Ou pour qui, dans le cas présent.


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Tu t’étais attendue à le voir rentrer plus rapidement que ça. Lui qui était habituellement soupe au lait, sembla encore plus détendu quand les perles aqueuses se mirent à rouler le long de sa peau. Il était ... apaisé. Presque ailleurs. Le regard perdu dans le vide, il fixait le creux de sa paume et toi ... Tu admirais la scène. Ses traits, détendus. La lumière, un peu plus basse, qui caressait sa joue. Le silence, qui laissait place à la mélodie des gouttes.

Plic. Plac. Ploc.

Pas un mot. Juste la pluie. Un calme soudain, loin du brouhaha des enfants, plus loin dans l’orphelinat. Assise sur le pas de la porte, pas loin de lui, tu réfléchissais. À quoi pouvait-il bien penser exactement ? Tu aimerais, être dans sa petite caboche. Comprendre les pensées qui le secouaient. Elles devaient être complexes, pour autant le dévorer. Toi ... Tu n’étais pas un génie. Tu le savais. Tu n’avais pas eu la chance d’avoir une grande éducation, loin de là. Les livres étaient rares, quand tu étais enfant. Trop. Et les cours ? Ah. Une rigolade. Heizen, lui, il savait. Il avait commencé à t’apprendre. Mais il est parti bien trop tôt ... Et toi, tu as arrêté d’apprendre. Ce n’est que lorsque tu as rencontré Hua Feng qu’une nouvelle opportunité s’est présenté à toi. Et encore aujourd’hui ... Tu avais parfois certaines difficultés. Des mots, qui t’échappaient. Que tu écorchais. C’est quelque chose dont tu avais honte. Tu te sous-estimais toi-même, sur ce cas. Tu pourrais, j’en suis sûre, comprendre les émotions du jeune homme. Du moins, en partie.

Soudain, la voix de Sanosuke résonna. Douce, basse, presque comme un murmure, il expliqua cette signification, qui lui semblait si chère. Et puis, il te demanda, ce que toi tu en pensais. D’abord, tu fus surprise. Tu ne t’étais pas attendue à ce qu’il te demande ton avis. Surtout sur quelque chose de philosophique. Mais ... Tu voulais répondre.

« Je ... Je ne peux pas savoir si elle nettoie vraiment les impuretés ... Et je ne sais pas si on peut totalement laver ses péchés ... Par contre, je pense qu’on peut prendre exemple sur elle. »


Tu te redressas pour tendre une main. À ton tour, laisser la pluie s’écraser contre ta main. Couler entre tes doigts. Le long de ton avant-bras. Sans chercher à la retenir ou quoi que ce soit.

« Mais je suis convaincue qu’on peut s’en inspirer. Apprendre à laisser couler les choses. À s’adapter, comme elle. Évoluer. »


L’eau ne s’arrêtait jamais. Elle s’infiltrait partout. Continuait sa route, toujours, changeant de forme selon la situation pour avancer, malgré les obstacles. C’est ce qui permettait à l’âme d’avancer, elle aussi. Le zampakuto n’en était-il pas la preuve ? Il changeait de forme pour déployer toute sa puissance. Et vous, vous deviez en faire de même. Changer, pour affronter ce que la vie vous balançait à la figure.

C’était ta manière de voir la chose. On ne pouvait pas effacer le passé mais ...

« On peut décider de ne pas faire les mêmes erreurs. »


Il sembla réfléchir, un instant encore, et marmonna quelque chose. Une autre question, qui resta en suspens, indéfiniment. La fin n’arriva jamais, et tu sentis qu’il n’était pas encore prêt à poser la question, qui lui brûlait pourtant les lèvres. Il se ravisa, préférant laisser place à des remerciements. Ça lui avait fait du bien, et c’était tant mieux. C’était pour ça que tu l’avais emmené jusqu’ici ... ! Mission réussie.

« De rien. Ça a fait très plaisir aux enfants aussi. Ils seraient très contents que tu reviennes les voir de temps en temps. Je crois qu’ils commencent à en avoir marre de mes blagues ~ »


Un petit sourire gêné sur le visage, tu détournas le regard, une main venant masser ta nuque pour contrôler ton léger malaise.

« D’ailleurs, si tu pouvais éviter d’en parler en dehors ... J’essaye de rester assez discrète sur mes venues ici. Je sais, ça a l'air bête mais je ... J'aime rester discrète. »


Tu étais mal à l’aise de laisser les gens de la garnison savoir. Tu aimais garder tes petits secrets. Ici, c’était une part de ton âme, dans un sens. Et si tu n’avais pas été convaincue que cela puisse aider le shinigami, tu ne l’aurais pas emmené ici. Tu n’aurais pas révélé cet endroit.

Mais alors que vous parliez, le soleil pointa à nouveau le bout de son nez. Ses rayons dorés rencontrèrent l’argenté de la pluie. Et dans le ciel, un feu d’artifice de couleurs se dessina sous la forme d’un arc-en-ciel. Une vision charmante et inattendue, qui dessina un bien plus grand sourire sur ton joli minois, attiras ton regard et toute ton attention, alors que tu pointais celui-ci du doigt pour attirer l’attention de ton nouvel ami.

« Tu ne trouves pas ça sublime Sanosuke ? Je crois que c’est un signe. Tu as vraiment bien fait de venir. »


Tu aimais les arc-en-ciel. Miracles de la nature. Un espoir, même dans les jours le plus sombres.
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke n'était pas un sentimental, ou tout du moins il n'avait pas l'impression de l'être. Il avait été formé, dés son plus jeune âge, à la nécessité de faire des choix difficile et, donc, de laisser ses émotions de côté lorsque cela était nécessaire. Il n'y arrivait pas encore parfaitement, pour être franc. Son frère aîné était bien plus doué que cela, comme s'il était né avec un cœur de pierre tandis que le cadet, lui, luttait pour compartimenter ses pensées, lorsque les flammes de la bataille venaient lécher son visage.
Son père avait rapidement identifié le problème. Il réfléchissait trop, se reposait trop sur son cerveau et pas assez sur ses instincts guerriers. Cela pouvait être bon, l'empêchait de prendre des décisions irrationnelles ou trop risquées, mais cela tuait sa spontanéité et sa réactivité, lorsqu'il en avait réellement besoin. Il avait tellement l'habitude de peser le pour et le contre, qu'il évitait parfois de prendre une décision au complet, finissant par s'en dissuader avant même d'avoir fait un premier pas en avant.

Et quand il arrêtait de s'écouter, quand il agissait sans réfléchir, c'était là que le couperet finissait par tomber. Que devait-il faire alors ? Oser ou ne pas oser ? S'écouter ou ne pas s'écouter ? Être pragmatique ou non ? Encore un sujet qui étai flou, aux yeux du colosse. Ce dernier préférait se concentrer sur la pluie, pour éviter de penser à autre chose et, bientôt, la demoiselle vint donner son avis sur le sujet. Effectivement l'eau pouvait changer de forme, prendre la forme de son réceptacle et, ainsi, s'adapter à pratiquement tout. Apprendre à laisser couler, hein ?

Hum. Ce serait bien, oui...


C'était quelque chose que le Takamoto ne semblait pas être en mesure de faire, pas encore en tout cas. La blessure était trop grave et surtout trop récente pour qu'il puisse la laisser derrière lui. Y arriverait-il un jour ? Il espérait que oui, mais ne pouvait se permettre de faire la moindre promesse, pour le moment. Pour l'heure il se contentait d'apprécier le moment et, quand la demoiselle confirma qu'il pouvait revenir ici, Sanosuke tourna vers elle un regard pour le moins...surpris. Il n'était d'habitude pas le premier auquel on pourrait penser, aussi préféra t-il demander confirmer, comme s'il pensait avoir mal entendu.

Tu es sûre que cela ne gênerait pas ? Que je revienne, je veux dire.


En vérité, peut-être que cela serait une bonne idée. Après tout, cela aurait au moins le mérite de lui changer les idées, plutôt que de rester là à broyer du noir pendant une éternité, non ? Sanosuke fut tout de même curieux d'entendre la demoiselle lui demander de garder cette...excursion, sous silence. Arquant un sourcil de surprise, il essaya d'en deviner la raison, d'un :

Bien sûr, mais pourquoi ? Ce que tu fais n'a rien de honteux ou de répréhensible, bien au contraire. Pourquoi vouloir le cacher ?  


Cela ne le regardait peut-être pas, après tout, aussi préféra t-il ne pas trop insister sur le sujet. Il reporta rapidement son attention sur le ciel, qui vint bientôt se colorer à l'apparition du soleil. Le regard bleu-gris du jeune homme accrocha l'arc-en-ciel face à lui, prenant conscience de sa situation, de sa position, et se remémorant – en vain – la dernière fois où il avait été dans semblable situation. Souriant, comprenant qu'à force de trop travailler il passait réellement à côté de la vie, il avoua :

Cela fait une éternité que je n'en ai pas vu un...enfin que je ne me suis pas arrêté, pour en admirer un. Que je ne me suis pas arrêté tout court, en fait...


Cela n'avait rien de honteux de vivre pour son travail...mais était-ce vraiment ce qu'il voulait ? Ou est-ce que son travail n'était pas qu'un moyen d'arriver à ses fins ? Il n'était plus sûr de rien, ces derniers temps. Chassant cette réflexion dans un coin de son esprit, Sanosuke pivota légèrement, observant les enfants retournant jouer dans leur coin, au calme, avant de demander à Shinju :

 Est-ce que tu as d'autres endroits où tu dois être, après celui-ci ? La journée n'est pas finie, après tout.

Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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« Bien sûr que ça ne me dérange pas. Si je t’ai emmené ici, ce n’est pas pour t’en bannir ensuite. »


Non, tu n’avais pas partagé cet endroit pour ensuite interdire sa venue. Ça aurait été stupide, et même cruel, de lui retirer un endroit qui semblait lui apporter un semblant de calme et de joie. Cruel pour lui, et cruel pour les enfants, qui avaient tant aimé jouer avec le géant. Ceux-ci seraient heureux de pouvoir à nouveau jouer avec Sanosuke et ce, bien que ses vertèbres prendraient un sacré coup ... Mais ce n’était qu’un petit sacrifice, pour dessiner un joli sourire sur les bouilles des petits et finalement, tout le monde en sortait gagnant.

Mais voilà, il y a une chose que Sanosuke ne comprenait pas : Pourquoi cherchais-tu à garder cet endroit si secret ? Il pensait à de la honte, mais n’en trouvait pas la source. Dans un sens, il n’avait pas tort. Ce n’est pas des enfants, dont tu avais honte. Ni même de cet endroit. C’était une partie de qui tu étais et tu ne pouvais pas l’effacer. Quand bien même certains souvenirs douloureux venaient parfois te hanter.  Des remarques, qui avaient encore un impact sur elle.

C’était compliqué à expliquer.

Tu cherchais tes mots. Comment expliquer simplement tout ce qui passait dans ta petite tête. Ta tête dodelina de droite à gauche, encore et encore, quelques secondes, comme si tu cherchais à secouer les neurones dans ta caboche.

Ah.

Tu avais trouvé. Un petit sourire éclaira ton visage, et doucement, tu déposas ton crâne en appuis contre le poteau du porche.

« Je veux juste que les gens se fassent une idée de moi sur mes actions en tant que Shinigami. Pas pour mon passé, ou pour ma famille. »


Enfin, ce qu’on pouvait considérer comme ta famille. Toutes ces choses n’importaient pas sur le champs de bataille. Tu te battais comme tout le monde pour te faire ta place. Un passe-droit ? De la pitié ? Tu n’en voulais aucune. Tu voulais juste faire ton travail. Ça faisait des siècles que tu travaillais durement pour prouver ta valeur.

Est-ce qu’il comprenait ça ? Être le fils d’une grande famille ne devait pas venir qu’avec des avantages. Enfin, tu ne pouvais pas connaître les détails, et dans un sens, voulais-tu les connaître ? Après tout, ça ne changerait pas Sanosuke. Il serait le même, et tu continueras de le traiter de la même manière.
L’arc-en-ciel fut comme une douce pause. Un rappel au repos. Qu’il fallait prendre le temps, pour observer la beauté du monde qui vous entourait. La beauté du paysage. Le paisible souffle du vent dans vos chevelures. Le parfum de la pluie et de l’herbe se mélangeant. Toutes ces petites choses qui vous permettaient de se sentir vivant, au plus profond de vous.

« Et alors ? Comment ça fait de s’arrêter ? De prendre le temps de respirer ? »


Vu le joli sourire qui étirait ses lèvres, il devait apprécier. Grandement même. Assez pour être ouvert à l’idée de te suivre, encore un peu, dans cette journée de repos forcé. Tout était parti d’un simple bras de fer, et pourtant, tu sentais que cette soirée serait bien plus agréable que ce que tu avais prévu.

« Tu as raison, on devrait se remettre en route ! »


D’un geste simple, tu époussète le bas de ton uniforme, te débarrassant des brins d’herbe y étant encore aggloméré, pour retraverser le salon, gratifiant quelques têtes blondes d’une agréable petite caresse de la main, ébouriffant leurs cheveux, pour te diriger vers la sortie.

« Bye bye tout le monde ! On reviendra vite ! » Soyez sages !


« Au revoir Shinju ! Au revoir Takamoto-saaaaaaan ! »


La vieille harpie directrice ? Pas un mot. Elle marmonna, quelque peu négativement, vous suivant de son regard morose, avant que vous ne disparaissiez par la porte, d’un pas posé. Une marche calme, à travers les rues de la cité orientale, à l’ombre des érables rouges, humides de la soudaine averse, qui avait prit fin, il y a quelques minutes à peine.

« Maintenant qu’on s’est bien dépensé, on va aller se remplir la panse ! Je connais un super endroit, qui fait des gyozas à tomber par terre ~  Et après, je t’emmènerais dans un dernier endroit, si ça te va ~ »


Rien que d’y penser, tu en avais l’eau à al bouche. Ça se lisait dans ton regard. Tu étais une fille assez simple à lire. C’était assez drôle. On arrivait à comprendre à quoi tu pensais, et surtout quand tu t’emballais comme ça. Ta marche s’était transformée en un léger sautillement, alors que tu entrainais Sanosuke à ta suite. Le restaurant ne se trouvait pas bien loin, et rapidement, l’odeur de l’ondée laissa place au parfum des plats. Le brouahaha des cuisines se mit à envahir vos oreilles. Les clients discutaient joyeusement, de tout et de rien, en ce début de soirée. Alors que le soleil commençait petit à petit sa descente dans le ciel.

« Salut chef ! Une table pour deux, tu veux bien ? »


Avais-tu crié, en saluant le cuistot, derrière son comptoir. Tout sourire, l’homme, à l’apparence d’un cinquantenaire bien bourru, t’indiqua de son couteau une petite table, un peu plus à l’écart, pour ton ami et toi.

« Vas-y ma petite Shinju, installe-toi, j’arrive de suite ! »


Tu avais tes habitudes ici. Facile à deviner, à la manière dont les clients te saluaient, tout sourire. À la manière dont tu avançais sans soucis à travers les tables, pour rejoindre votre place.  Et à la manière dont tu ne jetas même pas un œil à la carte, préférant la tendre à ton partenaire.

« Allez, commande, je t’invite ! »
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Sagara Sanosuke
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Auprès de ses hommes, Sanosuke avait la réputation d'être intransigeant, mais le problème venait surtout de sa tendance à rester dans sa tour d'ivoire. Pour des raisons qui lui étaient propres, il ne se mêlait que rarement au reste du monde et, si certains pouvaient penser que c'était parce qu'il se pensait meilleur, supérieur, c'était en réalité lié à une difficulté à se connecter à ses congénères. Il avait son propre monde bien à lui, avec ses valeurs, ses priorités et des objectifs bien à lui. Il devait être la meilleure version de lui-même et, surtout, il devait vivre pour apporter la gloire au nom des Takamoto. Telle avait été sa priorité.
Enfin, à bien y réfléchir, l'était-ce encore aujourd'hui ? Son frère, en le mettant dehors, ne l'avait-il pas libéré de ces obligations ? Ou bien était-ce une tentative de réveiller son cadet, pour qu'il se sorte les doigts du c*l et se reprenne en main ? Oh non. Sanosuke avait toujours été une menace pour Shinichi, et tous deux en avaient bien conscience. Il ne l'avait pas mis dehors pour le faire prendre conscience de la réalité, mais pour se débarrasser de la compétition, purement et simplement.

Que devrait faire Sanosuke, à présent ? Changer de nom n'était pas une option, alors quoi ? Ramper pour demander le pardon de son aîné ? Plutôt crever, oui. Il allait devoir se tracer un nouveau chemin, devoir enchaîner les faits d'armes pour faire oublier ses échecs de jadis et, comme Shinju l'expliquait à sa façon, il souhaitait également être jugé sur ses actions, à présent. Pas sur son nom, pas sur ses échecs passés ni sur sa récente déchéance. Cela allait être long, de faire changer l'avis que la société avait de lui mais...cela en valait la peine. Parce qu'il était plus que la somme de ses défauts et échecs. Aussi, quand la demoiselle expliquait pourquoi sa visite à l'orphelinat devait être gardée sous silence, Sanosuke confirma que :

Très bien, je comprends. Je n'en dirai rien. 


Il n'en aurait pas parlé, de toute façon, car ce n'était pas son rôle de le faire. Ce n'était pas à lui de dire à cette demoiselle comment guider sa vie, ou comment ignorer le regard des autres alors qu'il en était lui-même incapable. Pour l'heure il se contentait d'apprécier le silence, d'apprécier le moment et l'absence de responsabilités. Quand la demoiselle lui demanda s'il appréciait cet instant, le fait de s'arrêter ainsi, Sanosuke leva le regard vers le ciel éclairé, avouant :

C'est...différent. Dans le bon sens du terme. Je pense que...je pourrai m'y faire. 


Définitivement, oui, et c'était déjà beaucoup pour lui de l'admettre ainsi. Pour lui, s'arrêter c'était ralentir ou végéter. S'arrêter était un luxe qu'il ne s'était jamais permis...avant sa déchéance. Certes c'était parti d'une idée qu'il ne pouvait pas tomber plus bas, de toute façon, mais il commençait à comprendre que cela devait être nécessaire, pour recharger ses batteries et garder ses objectifs en vue. Lorsqu'il fut le moment de dire au-revoir aux enfants, ce fut avec un sourire assez doué que Sanosuke les salua, en leur précisant que :

Au revoir les enfants. Je reviendrai vous voir, bientôt.


Et voilà, il s'était engagé et ne pouvait plus faire machine arrière. Le voulait-il seulement ? Probablement que non.  Ainsi il emboîta le pas de la demoiselle, en traînant bien moins les pieds que tout à l'heure et, rapidement, il comprit que ce n'était pas la première fois que la demoiselle venait ici, si même le patron l'appelait par son prénom. Balayant la bâtisse de son regard bleu-gris, le Takamoto commenta :

Je vois que tu es une habituée, ici. 


S'asseyant rapidement, sentant déjà ses narines s'imprégner de l'odeur des différents plats, Sanosuke sentit son corps se réveiller, comme après un très long sommeil. Attrapant le menu, il attendit que l'on vienne prendre leur commande, avant de demander :

Je vais vous prendre une douzaine de gyozas, et un bol de ramen au bœuf, s'il vous plaît. Et du thé vert, avec ça. Merci.


Il était grand mais pas très épais. Il ne mangeait que le minimum en règle général mais aujourd'hui...c'était différent. Pourquoi ? Eh bien, en relevant son regard vers sa camarade, s'étant retenu de dire que cette commande n'allait être sans doute que le début, il avoua que :

Oui, il est possible que j'ai oublié de manger, aujourd'hui...chut.

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Bakuhatsu Shinju
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Il avait vite compris que tu venais régulièrement ici. Il faut dire que ça, tu ne le cachais pas. Tu étais gourmande. Trop, sans doute. À tel point que beaucoup se demandaient comment tu réussissais à engloutir de telles quantités tout en restant aussi menue. Quelques théories tournaient. L'une d'entre elles étant que tu avais simplement une autre dimension à la place de ton estomac. Pour certains, c'était une explication bien plus logique que de simplement se dire que tu compensais toute l'énergie que tu dépensais au quotidien. Comme quoi, même dans la division orientale, on pouvait parfois être réellement idiot.

« Effectivement, je viens souvent. Hua-sensei m'accompagne souvent pour fuir son travail administratif ~ »


Votre enseignant jouissait d’une sacrée réputation, lui aussi. Derrière ses airs calmes et distingués se cachait en fait un personnage bien différent, qui pouvait se montrer taquin mais surtout, terriblement paresseux. Combien de fois lui avais-tu servi d'excuse pour éviter une tâche ennuyante ? « Désolé ! J'ai prévu un entraînement avec Shinju ! » qu'il disait en attrapant ton bras et en fuyant à la vue de la moindre pile de paperasse. Sanosuke avait-il connu ça ? Quelles étaient leurs rapports ? Tu le savais élève, mais au-delà de ça ? Ton lien avec Hua Feng était tout particulier. Tu étais sa toute première élève et lui, était la première personne qui avait cru en toi. Quelle était l'histoire du colosse ? Tu voulais poser la question, mais n'en fit rien.

L'heure n'était pas aux questions mais à la dégustation ! Une ambiance à laquelle Sanosuke avait décidé de se joindre. Et il ne faisait pas semblant ! Il avait les crocs. Et comment ne pas le comprendre ? Un peu gêné, il t'avoua une chose horrible.

Il n'avait pas mangé de la journée.

« Tu te moques de moi, pas vrai ?? »


Tu n'arrivais pas à y croire. Comment pouvait il oublier de manger ? La dernière fois que ça t’était arrivée ... c’était pendant la guerre. Une époque que tu préférais ne jamais revivre. Il fallait remercier à ça. Alors, tu passas commande, à ton tour, pour t’assurer que ce repas aurait des airs de banquet et ce, même si tu devais porter Sanosuke sur ton dos pour rentrer !

« Salut Hono ! Alors pour commencer, je vais te prendre : 6 gyozas aux légumes, et 6 poulet citron. Avec ça, pourrais-tu ajouter 6 brioches au porc mariné, 3 dango, un ramen au bœuf avec supplément sésame, une assiette de mochi au yuzu et bien sûr, une bonne grande tasse de thé vert pour moi aussi ? »


Tu faisais une bonne tête de moins que le Takamoto et pourtant, tu t’apprêtais à engloutir tout ça avec une facilité déconcertante. Bien évidemment, tu n’hésiterais pas à laisser le brun chaparder ton assiette, si celui-ci se laissait séduire par le parfum des plats ... ce qui risquait d’arriver très vite. Tu avais une confiance aveugle dans les talents du cuisinier. Après tout, tu ne reviendrais pas ici si souvent, si la nourriture qui y été servie n’était pas aussi bonne.

La serveuse, lumineuse et pas du tout surprise par ta commande, nota consciencieusement le tout dans son petit calepin, pour repartir en cuisine à toute vitesse.

« Papaaaaaaa remonte tes manches, Shinju a faim ! Prépare le round 1 ! »


On ne se refaisait pas, visiblement. L’intervention de la jeune femme t’arracha un petit rire amusé, en voyant qu’elle savait que cette commande n’était pas la dernière, alors que tu repotais ton attention sur ton camarade.

« Tu vas te plaire ici aussi je pense. C’est une ambiance très familiale et ça fait un bien fou d’y passer après le travail. Un jour, tu devrais venir avec nous. Je suis sûre que Hua-sensei serait très heureux de manger avec toi. »


S’il n’en avait pas déjà l’habitude, cela pourrait être vraiment sympa pour lui, de découvrir l’homme sous un nouvel angle. En attendant, tu avais enfin l’occasion de t’intéresser un peu plus au jeune homme et, bien que tu ne savais pas trop par quoi commencer, tu décidas tout de même de te lancer.

« Tu travailles vraiment dur en ce moment, je crois que je ne t’ai jamais vu prendre une pause ... Je suis impressionnée ! Mais je me rends compte que je ne sais même pas quelle est ta spécialité ! C’est quoi ton style ? Ton truc ! »


Après tout, ça, tu pouvais le demander, non ? Ou peut-être que ça touchait un point sensible ? Mais à voir ton regard, plein de curiosité innocente, on pouvait comprendre immédiatement que ton but n’était pas de blessé. Bien loin de là. Tu essayais sincèrement de mieux le connaitre. Et après tout, le combat était quelque chose que vous avez en commun, alors pourquoi pas ?

Presque à moitié penchée au-dessus de la table, en attente d’une réponse, tu le fixais, sans détourner le regard, tes iris d’ambre plantées dans les siennes.
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Sagara Sanosuke
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Sanosuke avait toujours fait attention à ce qu'il mangeait, car son corps était son outil de travail et, à ce titre, il devait faire extrêmement attention à la façon dont il le traitait. Au sein de sa famille ses repas étaient parfaitement équilibrés et, même après qu'il ait quitté le nid, ses préparations avaient toujours suivies les mêmes règles strictes. Pas d'excès, pas de fantaisie, une alimentation saine et équilibre pour apporter à son corps ce dont il avait besoin. Depuis son accident, si le jeune homme avait eu un petit passage à vide, il s'était accroché à ces règles car, après tout, s'il y avait bien un moment où il devrait traiter correctement son corps, ce serait maintenant.

Les repas gras et opulents étaient l'affaire des repas de famille, ou des célébrations, mais aucun n'était à l'ordre du jour, pour le Takamoto, pour le moment. Alors oui, s'il était content de pouvoir se remplir la panse, il préférait toujours rester prudent sur ce qu'il mangeait. Son mentor, apparemment, aimait aussi venir ici pour fuir ses obligations, et cette seule information arracha un sourire au jeune homme, se rappelant que, sur ce point, lui et son maître étaient terriblement similaires.

Hum. C'est bien son genre, oui.  


Vint le moment de commander et, si le jeune homme admit volontiers avoir raté un repas, Shinju avait du mal à prendre cette déclaration sérieusement. Sanosuke était-il connu pour son sens de l'humour ? Pas le moins du monde, aussi arqua t-il un sourcil de surprise, avançant :

Est-ce que j'ai l'air d'être un gros blagueur ?  


Il allait commencer doucement, et voir ce que son estomac aurait encore la capacité d'encaisser, après quelques gyozas et un gros bol de ramen. En général il se contentait d'une soupe miso, de riz, de poisson, d'un peu de légume et...c'était à peu près tout. La portion d'aujourd'hui allait être sensiblement plus grande que d'habitude, mais quitte à être ici, autant se faire plaisir, non ? Cependant, le jeune homme apprit rapidement que la Bakuhatsu jouait dans une toute autre catégorie. Le visage de l'homme se teinta de surprise, lorsque la commande de la demoiselle s'allongea à vue d'oeil, alors qu'elle était si...petite. Mais...comment ?

Ah oui, d'accord. Je suis vraiment un petit joueur, à côté de toi...où est-ce que tu vas mettre tout ça ?  


Avait-elle un trou noir à la place de l'estomac ? Ce n'était pas possible autrement ; Impressionné sans chercher à le cacher, le jeune homme nota la proposition de la demoiselle, de venir manger avec elle et son mentor. A quand remontait le dernier repas partagé avec son maître ? Des années, au moins. Hochant la tête en guise de confirmation, il avança que :

Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée, effectivement. Je lui en parlerai, la prochaine fois que je m'entraînerai avec lui.  


Cela faisait peu de temps, maintenant, que Sanosuke avait repris contact avec son mentor, pour l'aider à se remettre en selle comme le Hua l'avait aidé, jadis, à se retrouver. Le parcours allait être long et pénible, mais terriblement nécessaire, s'il voulait continuer à être un shinigami à part entière. Vint alors le sujet qu'il appréciait, le moins, celui de sa spécialité et, si Sanosuke aurait pu mentir, il avait conscience que cela finirait toujours par se savoir. Rien ne restait secret bien longtemps.

Je n'ai pas vraiment de mérite. J'ai beaucoup à faire, surtout...enfin je fais mon possible, en tout cas. Quant à ma spécialité, avant c'était le combat au sabre. Aujourd'hui...j'en suis à l'étape où je dois revoir mes priorités, justement.


Installant une pause, il remarqua que la demoiselle ne le quittait pas des yeux, ne serait-ce qu'un instant. Sentant ses blessures le lancer à nouveau, sa main droite vint se poser sur son corps, là où les griffes avaient percé son corps, en essayant de contrôler sa respiration et cette douleur lancinante. Relevant les yeux vers sa camarade, il supposa que :

Tu dois savoir...non ? Oui, tu dois forcément savoir, comme tous les autres.


Oui. Si tous les autres savaient, il n'y avait aucune raison qu'elle n'ait pas conscience de son récent...accident. Soupirant de lassitude, préférant en finir au plus vite avec ce sujet tendu pour passer à autre chose, il balaya les environs de ses prunelles, pour voir où en était la commande, avant de confirmer à voix basse – non sans une certaine tristesse au fond de cette voix – que :

Mon corps ne...répond plus aussi bien qu'avant. Je m'essouffle plus vite. La maîtrise de mon énergie spirituelle est...hasardeuse, pour ne pas dire chaotique. Je ne suis plus l'épéiste que j'étais jadis...


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Surprise de toute cette nourriture que tu allais avalé, il l’était. Mais aussi amusé. Sur son visage habituellement morne, il avait dessiné un sourire amusé, presque taquin, en se questionnant sur le pourquoi du comment. Face à ce visage même, tu vins te frotter les temps d’une main, comme si tu réfléchissais fortement, quelques secondes, en marmonnant.

« Je vois ... Je vois que tu penses que j’ai un trou noir dans l’estomac ! Je me trompe ? ~ »


Tu savais que tu avais juste sur ce coup-là ! Ce n’était pas la première fois que cela arrivait, et même Hua Feng avait eu exactement la même remarque, le jour où il t’avait offert ton premier repas au restaurant, et que tu avais, après un peu d’encouragement de sa part, dévoré la moitié du menu comme si tu n’avais rien mangé depuis des années.

Tu passais un bon moment, riant, échangeant avec le shinigami, légèrement. Mais comme d’habitude, ta curiosité s’en mêla.

Tu avais effectivement foutu les pieds dans le plat avec ta question. Et pas qu’un peu. À chaque seconde, tu voyais la gêne et le malaise l’envahir. Pourtant, il avait répondu, honnêtement. Se sentait-il forcé ? Ou sentait-il, pour la première fois, que la personne en face de lui ne le jugerais pas ? Tu espérais sincèrement qu’il s’agissait de la seconde option. Que tu avais réussi à grapiller un poil de sa confiance, après cette après-midi passée à ses côtés. Tu avais révélé une part de toi-même aujourd’hui et, même si rien ne le forçait, tu appréciais pouvoir découvrir à ton tour un peu mieux le colosse.

Tu découvris alors cette nouvelle facette, chez Sanosuke. Celle d’un homme en plein milieu d’une réflexion profonde. Qui avait perdu de nombreux repères et qui essayait tant bien que mal de retrouver sa vie d’avant, par tout les moyens possibles, tout en se questionnant sur le bien fondé de cette même démarche.

C’était douloureux.

Tu voyais sa main, sur son torse. Sa respiration, accélérant. L’angoisse tirant ses traits. Rien que l’idée que tu saches ce qui lui était arrivé semblait être une torture pour lui.

Tu aurais pu lui dire que tout ça n’était pas grave. Qu’on tombait tous. Mais à quoi bon ? Cela ne ferait que le faire se sentir mal. Et en même temps, tu ne pouvais pas juste le regarder comme ça et rester silencieuse ! Alors, tu suivis ton instinct. Te laissa porter par celui qui t’avait sauvé tant de fois, dans un enfer que de nombreux shinigami n’avaient pas quitté en vie.

D’un geste fluide, tu t’étais penché un peu plus au-dessus de la table, dans la direction de ton cadet, un grand sourire aux lèvres. Ta main, si délicate, et à la fois couverte de callosités, symbole d’un travail constant et intense, se glissa dans sa chevelure. Quelques gentilles petites tapes, amicales, presque tendres.

« Hua-sensei m'a un jour dit, qu’un os brisé se reconstruit plus solide encore »


Lui-même avait compris qu’il devait changer et évoluer pour s’améliorer, à l’écoute de ses paroles. Tout ce que tu pouvais faire, c’était simplement dire que tu le voyais. Tu le voyais, travailler comme un fou, nuit et jour. Et ...

« Tu vas y arriver, Sanosuke. »


Ce n’était pas de la pitié, ni même en encouragement. Une déclaration, ferme et certaine, comme un pari prit avec le destin. Tu savais que l’homme s’en sortirait. Pourquoi ? Parce qu’il avait le cœur d’un vrai guerrier. Du genre que tu admirais. Qui souhaitait mettre sa force au service des plus faibles. C’était une source de détermination sans fin, qui jamais ne s’épuiserait, et le pousserait à continuer. Il avait juste eu besoin de s’en souvenir. Et puis, s'il voulait, il pouvait demander de l'aide. En tout cas, le jour où il se sentirait prêt ...

Et les plats arrivèrent, soudainement, stoppant net votre échange, sans même laisser le temps au pauvre colosse de répondre. Dans un bruit sourd, les assiettes s’imposèrent à vous sur la petite table, envahissant en quelques secondes l’espace, et le parfum des plats s’annonçant alors comme maître de vos odorat.

« Et voilà votre commande ! On vous souhaite un bon appétit ! Mon père a rajouté ses fameux beignets de crevettes pour ton bel ami, alors profitez ~ »


Un clin d’œil à votre étrange duo, Hono reparti aussi vite qu’elle était arrivée, vous laissant de nouveau en tête à tête, dans un petit silence ... Avant que tu ne sautes sur tes baguettes, pour attraper un gyoza, comme une vraie artiste, et attaques le repas. Une manière pour toi de fuir la possible réponse négative de Sanosuke ? Totalement. Tu te rendais compte, après coups, que tu étais peut-être allée trop loin. Il y avait des chances qu’il parte, en claquant la porte derrière lui. Et tu préférais te noyer dans le confort d’un ravioli tendre et savoureux pour faire face au résultat de ta propre maladresse.
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Un peu de soleil au cœur de l'orage



Il allait devoir apprendre à en parler et il le savait. Il n'y arrivait simplement pas, car la honte était encore trop grande. Il savait qu'il devait laisser son ego de côté, qu'il n'avait pas sa place dans ce processus de guérison et pourtant...pourtant chaque regard ou moquerie était un nouveau couteau, planté dans ses blessures encore trop fraîches à son goût. Jadis il avait été promis à un avenir brillant et, aujourd'hui, il était relégué dans un placard où tout ce qu'on lui confiait c'était des papiers et dossiers à remplir. Pouvait-il vraiment tomber plus bas que cela ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'il redevienne simple soldat et connaisse à nouveau le frisson du danger, ou était-ce l'assurance de l'amener à une mort certaine ?
Aujourd'hui, le Takamoto n'était pas sûr qu'une mort certaine n'était pas enviable à cette mort lente, coincé dans un bureau comme il l'était.  C'était pour cela qu'il n'en parlait pas, parce qu'il ne savait pas quoi en dire ou en penser sur le sujet. Il voulait avancer, se remettre sur pied, mais que se passerait-il si ses efforts étaient vains ? Survivrait-il à son ego écrasé, pour la seconde fois ? Survivrait-il à la mort de cette dernière lueur d'espoir ? Il n'était pas très optimiste sur le sujet.

C'était pour cela qu'il avait fui le regard de la demoiselle, alors qu'il expliquait sa situation aussi brièvement que possible. Il n'avait ni l'envie, ni la force de s'étendre sur le sujet, plus que nécessaire. Cependant Shinju se voulait rassurante, à sa manière et, si son contact prit le Takamoto au dépourvu, ce dernier rebondit sur cette dernière phrase, cette déclaration d'un succès à venir, avant d'admettre franchement que :

J'espère. Parce que l'alternative est impensable.


Il ne supporterait pas de finir ses jours derrière un bureau. C'était tout bonnement inacceptable, pour un homme comme lui...pour n'importe quel homme, en réalité. Peut-être se trompait-il sur toute la ligne, peut-être se berçait-il d'illusions mais il devait essayer, malgré tout. Ses parents n'avaient pas élevé un couard, et ce n'était pas prêt de commencer maintenant.

Le repas ne tarda pas à arriver et, si déjà l'estomac du jeune homme réagissait aux délicieuses senteurs, Sanosuke attrapa ses baguettes et, les plongeant dans son bol de ramen, releva son regard vers la demoiselle pour conclure d'un :

Merci, pour le repas.


Décidément, cette journée finissait bien mieux qu'elle n'avait commencé. Comme quoi, les surprises avaient parfois du bon.
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