Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes profitait d’un début de soirée calme au bazar, espérant y trouver son état de pâtisseries favorites. Imaginant déjà le croustillant des différentes couches de fines pâtes, les arômes de la garniture aux noix diverses et le sucré intense du miel lui collant au doigt, il s’en donnait l’eau à la bouche tout seul. De plus, cela se conservait facilement quelques jours, alors il pourrait en prendre plusieurs. De grands projets.

Sa journée s’étant finie, il avait troqué l’uniforme contre une chemise ample crème, un pantalon marron légèrement plus foncé non resserré aux chevilles, des sandales et son collier : un pendentif orné d’une simple pierre verte en forme de goutte. Bien sur la journée d’un shinigami n’était jamais véritablement terminée, il pouvait être rappelé en urgence, il essayait aussi de rester respectable quelque soit l’heure. Mais n’ayant aucun haut fait remarquable, Ahmes n’était pas forcément la personne à laquelle on pensait en premier pour résoudre une crise, il y en avait plusieurs avant lui dans l’ordre des personnes qualifiées. Il n’était pas non plus le premier que l’on enverrait à la rescousse d’autres personnes. En fait il passait finalement inaperçu, n’ayant pas encore - même si il l’espérait - descellé outre mesure son asauchi, pour le moment il n’était qu’un soldat anonyme parmi tant d’autres.

Ahmes n’avait rien connu d’autre de son existence que les températures chaudes, le sable, les journées sèches et quasiment peu de pluie. Il était donc habitué à la chaleur, même s'il préférait quand celle-ci déclinait pour se balader. Le bruit, les odeurs d’encens, d’épices, et les passants du bazar de Nabatiah lui étaient familier, aussi se repérait-il sans mal dans les grottes creusées, se demandant toujours par quel exploit ce fut possible. Toutefois, au milieu de la foule, il croisa un individu réussissant à lui faire oublier les gâteaux. Un Oriental se baladait là, se distinguant des autres par sa pâleur, ses yeux, ses vêtements, et une prestance incroyable ! Qui pouvait-il être ? Un Shinigami ? Avant de le perdre de vue - l’homme n’étant pas des plus grands - Ahmes décida de le suivre.

Pour ce faire, il n’employa aucune technique particulière, trouvant qu’il y avait assez de passants pour qu’il passe inaperçu, et assez de commerces pour qu’Ahmes aille, comme de par hasard, dans la même direction. Il était curieux. Du point de vue d’Ahmes, l’homme était si distingué et bien fait de sa personne que même habillé de haillons, il ne pourrait être invisible. Ou peut-être que l’Austral n’était pas objectif du tout, ce qui était une possibilité à envisager. Faisant mine de s’intéresser à certains étals, le shinigami réfléchissait à ce qu’il devait faire. L’aborder ? Lui demander s' il ne se sentait pas perdu dans une contrée étrangère ? Lui proposer de le guider ou de lui faire découvrir les mets locaux ? Ahmes n’osait pas ! Peut-être s'agissait il du Capitaine de la Division Orientale en personne ? Il aurait bien trop honte, il devait être là en affaires officielles. Et puis ici à Nabatiah… L’individu le soupçonnerait certainement d’essayer de l’arnaquer, de vouloir lui soutirer des informations, de l’empoisonner, en bref de ne pas être honnête !

Ah que faire ? Peut être qu’en continuant de le suivre encore un peu… Ahmes aurait ses réponses et espérait être plus inspiré le moment venu…

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes continua d’essayer d’élaborer dans sa tête différentes stratégies et hypothèses mais aucunes ne lui paraissait concluante. Il regarda un instant l’étale de vins épicés, songeant qu’il ne buvait quasiment jamais d’alcool et encore moins en extérieur. Perdre le contrôle de son esprit et de son corps dans une ville pareille lui paraissait une bien mauvaise idée. Il devrait certainement arrêter cette filature idiote improvisée et aller acheter les pâtisseries. Peut-être pouvait-il…- Ah, il allait le perdre de vue, l’inconnu s’en allait dans une autre rue ! Bon allez, il se jura qu’il n’irait pas plus loin après cette dernière ruelle. Sans se méfier, il s'engouffra à sa suite et… Bah, où était-il passé ?

“Hua Feng, Sixième Siège de la Division Orientale...
A qui ai-je l'honneur ?”


La réponse ne s’était donc pas fait attendre… Ahmes regarda en l’air, surpris, affichant un air troublé durant un instant, entre honte, culpabilité et une petite pointe d’angoisse en réalisant que ce n’était certe pas le Shogun, mais Sixième Siège était un rang bien suffisant pour lui donner une rouste bien sentit. Il commença de bredouiller :



Avec ça, il était bien avancé. Ahmes devait trouver quelque chose à dire mais aucune excuse ne lui paraissait viable car avouer le suivre sans oser lui adresser la parole n’était pas non plus glorieux. Il avait entendu dire que les Orientaux étaient portés sur l’étiquette et la politesse alors il se ressaisi et s’inclina avant de déclarer plus fermement, contrôlant avec peine sa nervosité :




Il se redressa pour enchainer la suite :




Cela sonnait moins bête à ses oreilles ainsi formulé. Il tritura nerveusement son collier d’un doigt, en espérant que l’aveux serait suffisant pour échapper à une sanction. Son comportement serait-il rapporté ? A qui ? Le Sixième Siège irait-il dire à son Shogun qu’un shinigami bizarre l'avait suivi ? Serait-il châtié ici même ? Le dénommé Hua Feng était souriant mais cela pouvait parfaitement ne rien inaugurer de bon. Ahmes pensa qu’il aurait dû arrêter de le suivre ou lui adresser tout de suite la parole à la place de laisser planer le doute. Il n’avait pas imaginé converser ainsi !

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes continuait de le fixer, attendant la sentence sur son cas, non sans se dire que ce Hua Feng avait quand même la classe, que ce soit dans les airs ou en atterrissant. Était- il noble ? Peut-être cela venait-il de cette particularité. A moins que l’âge et la puissance augmentant avec le temps, la prestance venait avec. A côté, Ahmes se sentait gauche et peu détendu. C’était après tout lui le fautif dans l’affaire. En réalité il avait espéré que ce ne soit qu’un simple citoyen, un marchand de l’Orient, qui aurait comme de par hasard choisi cette tenue, ainsi il aurait pu l’aborder et… Bref maintenant qu’il savait son métier et son grade, il pouvait ranger loin ses espoirs.

“Le plaisir est pour moi, Ahmes.
Désolé si je vous ai surpris... j'ai eu peur que quelqu'un veuille s'en prendre à moi. C'est que la Division Australe a une sacrée réputation ! Et puis, j'ai déjà eu quelques frayeurs en venant ici par le passé.”

Ahmes pinça légèrement ses lèvres et haussa les épaules. Leur réputation était de son point de vue largement méritée, alors il n’avait rien à y redire. Au contraire, si les autres se méfiaient d’eux, tant mieux, ça leur évitera des ennuis. Au moins pour le moment aucune mention de punition, peut être que l’Oriental n’y pensait pas ? Voir même il rigolait, pas de façon sadique ou mesquine comme aurait pu le faire un de ses collègues pour le charrier, cela semblait sincère alors Ahmes se détendit d’un petit cran. Au fur et à mesure que Hua Feng parlait, il consentit à descendre son niveau de méfiance. L’Austral afficha un visage circonspect sur le fait qu’il en savait peut être plus que lui, car il n’était pas né ici et à vue de nez. L’autre shinigami pouvait donc en savoir plus par son savoir et ses voyages. Lui n’avait pas encore voyagé, à son grand regret d’ailleurs, mais il n’avait pas l’expérience nécessaire pour vagabonder en solitaire. A la dernière question il fut surpris et secoua la tête négativement.



Il ajouta dans la foulée.



Il ne voulait pas le vexer non plus. L’homme était légèrement plus petit que lui une fois au sol, ce qui n’arrangeait pas Ahmes qui ne voudrait pas donner l’impression de le prendre de haut. Bien loin de lui l’idée ! De toute façon, au vue de son grade de Sixième Siège, le soldat calculait sans mal que si celui-ci déchaînait son reiatsu, il finirait à genoux, donc pour lui cela comptait comme effrayant.



Pire, certaines recrues ne revenaient pas des entraînements... Il eut aussi une petite pensée pour certains Sièges à la réputation tumultueuse. Et bien qu’il ne souhaitait pas juger sans connaître les personnes, ici était le sol de Nabatiah, la réputation était donc plausible. Ils faisaient bien ce qu’ils voulaient au lit, la partie “intrigues et trahisons” inquiétait le plus Ahmes. Il ne voulait pas tremper là dedans. A l’inverse les Orientaux étaient réputés pour une certaine rigidité et un grand sens de l’honneur ce qui finalement n’était pas un mal aux yeux de l’Austral. Avoir de l’honneur, un minimum, permettait de se donner une ligne de conduite sans rouler dans les orgies chaque soir tout en ayant de la loyauté envers ses camarades. Bon, son interlocuteur instructeur n’avait pas l’air si rigide que ça et ne l’avait même pas réprimandé oralement pour sa filature ratée, en fait Ahmes commençait à le trouver sympathique - sans pour autant descendre sous la barre minimum de méfiance requise. Il réussit à sourire un peu en retour :



Négocier après une journée de travail le fatiguait, alors en effet il savait désormais où aller pour acheter quoi. Au moins s’évitait il toute tentation inutile. Ahmes était content pour lui si il appréciait les paysages - il est vrai que pour le paysage il n’avait rien à redire - et les personnes. Il demanda ensuite :



Ce qui lui vaut certainement quelques boutades, la manipulation, l’espionnage et l’assassinat étant plus en vogue. Discuter dans la rue n’était peut être pas l’idéal mais Ahmes ne pensa pas qu’un Sixième Siège ne veuille perdre son temps à bavarder avec lui plus que nécessaire. Il était sûrement là en mission importante, c’est du moins ce qu’il imaginait s'il avait un lien particulier avec sa Division comme énoncé plus tôt.

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Mmh… Ahmes haussa les épaules sur le commentaire concernant les ténèbres. Peut-être oui. Mais il ne se sentait pas concerné, il n’avait pas l’impression de recéler quoique ce soit d’effrayant
en lui. Bien sûr il avait eu envie de se venger, notant même ce qui lui revenait sur un parchemin quand il sût écrire, mais Ahmes tirait progressivement un trait sur ce passé puisqu’il était peu probable de recroiser son meurtrier un jour, ce qui n’était pas plus mal. Et parfois il pouvait s’énerver, mais tout le monde pouvait s’énerver ! De plus, son zanpakuto dormait. Toutefois il supposait que Hua Feng en avait vu des choses de part son expérience, et l’Hégréen était bien conscient que l’âme pouvait contenir les pires excès. Des mauvaises tendances. La trahison… Il fût toutefois content des paroles de l'Oriental.

Parler de cela au Lieutenant ou à la Sultane ?! Il fut surpris et secoua négativement la tête :



Du moins c’est ainsi que le soldat voyait les choses depuis le début. Avec leurs yeux et leurs oreilles, il était certain que ces deux-là étaient déjà au courant et laissaient faire exprès pour forger un mental d’acier aux recrues. Les rendre plus forts. Ahmes ne s’inquiétait pas véritablement pour lui, mais surtout pour les plus jeunes quand ils partaient en entraînement. Si il osait se plaindre, on se moquerait très surement de lui ! On lui dirait qu’il n’avait pas les épaules pour les affrontements à venir, que si ça ne lui convenait pas, qu’il dégage…

Il hocha la tête à la demande du brun :



Il ferait cela à la fin de la discussion. Puis fût troublé par apport aux poisons. Ah, peut-être le voyait il jouant double jeu, la vie, la mort… Il est vrai que pour connaître le remède il fallait connaître le mal, et vise-versa. Toutefois Ahmes voulait surtout purifier des hollows et guérir les siens, alors il était d’accord sur le fait de soigner les âmes. Il sourit donc un peu. Son interlocuteur se spécialisait dans la maîtrise du Reiatsu ? C’était intéressant et Ahmes s’emplit de nouveau d’admiration. Se demandant ce que l’instructeur savait faire. L’écraser comme une mouche avec son Reiatsu ? Ou alors… certainement avoir un zanpakuto ne dormant pas !



Il sourit et plaisanta.



Puisque l’Oriental n’était pas contre le fait de lui parler, Ahmes supposait qu’il avait terminé, ou pas commencé, sa mission à Nabatiah. Qu’il n’était pas pressé et que sa présence ne le dérangeait pas. Ce qui était étonnant ! Un instructeur puissant étranger ne le laissant pas planter là ! Ahmes avait envie d’en savoir plus, de progresser, mais il n’avait pas encore le niveau requis pour bénéficier des enseignements d’un maître dans l’une des matières. Les Sièges étaient suffisants. Mais certains le mettaient mal à l’aise. Comment était-il censé méditer et oublier le monde extérieur ? Et puis peut-être avait-il peur de découvrir les fameux ténèbres dont parlait Hua Feng. Qu’il n’était pas si innocent… Ahmes sortie de ses pensées, songeant que ce n’était pas vraiment une discussion à avoir ici, encore moins avec un inconnu. Par contre il s’y prenait certainement mal pour éveiller son cimeterre. Il réfléchit, ils seraient certainement mieux avec un thé à la menthe et des pâtisseries plutôt qu’en pleine rue. N’ayant pas oublié la demande de Hua Feng, il déclara, heureux de pouvoir lui être utile dans un domaine :



Au moins, c’était dans ses capacités ! Hua Feng n’avait qu’à demander, et Ahmes le guiderait. Il commença de s'avancer, prêt à faire demi-tour afin de retourner dans la plus grande allée.



Autant l’inviter pour un jour prochain si il était encore dans les parages.

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes est surpris, sourit et secoue négativement la tête en chassant l’idée de la main à la proposition du Sixième Siège.



En réalité, la présence de Hua Feng se suffisait à elle-même. Ahmes était content de discuter avec un homme comme lui : élégant, aimable, bien fait de sa personne et d’une autre région donc ayant d’autres connaissances, d’autres points de vue, que les siens. Il ne souhaite rien d’autre en échange que de profiter égoïstement de sa présence tant que cela était possible. De toute façon, celui-ci partira et il ne le reverra plus avant un long moment - c’est du moins ce qu’il pensait - puisque de régions éloignées aussi bien géographiquement que philosophiquement. Avait-il des amis, de la famille ? Très certainement des élèves. Ahmes écouta attentivement ses paroles et fut, encore, surpris, mais de façon différente. Il ouvrit de grands yeux :



Et beh ! Le chemin vers la progression était plus long qu’il ne le croyait. Mince alors ! Avait-il un souci avec son zanpakuto ? Ahmes aurait juré qu’il avait fait un étrange sourire. Peut-être en apprendrait-il davantage au fur et à mesure alors il ne releva pas. A la place il hocha la tête :




Il sourit un peu. Avoir des professeurs est important. Il tâcherai de suivre son conseil et de ne pas idéaliser alors. Peut-être les avait-il trop surestimés, ou se sous-estimait il. Si même en 690 ans l’instructeur éprouvait encore des difficultés et sentait n’avoir qu’un fragment… Alors Ahmes avait le temps ! A moins que son interlocuteur ne soit trop humble, faisant part de sagesse. Il le laissa réfléchir sur sa liste d’objets avant de l’écouter. Oh tout ça ! En regardant la rue commerçante il réalisa que celle-ci s'était bien vidée, la suite de la soirée se faisant dans certaines fêtes plus ou moins sensuelles. Il est content que son invitation soit acceptée ! Mais fut déçu. Hua Feng n’était pas ici en mission ? Donc pas de coopération de plusieurs semaines à l’horizon ? Mince.



Ah malheureusement. Et les pâtisseries… Les pâtisseries ! Ah ! Ahmes sembla soudain se rappeler d’une chose fondamentale :



Il connaissait bien la vendeuse, et son mari - qu’il voyait parfois - fréquentant sa boutique depuis son premier salaire. Étant bon client, Ahmes avait parfois droit à une pâtisserie gratuite quand il en restait. Toutefois, la nuit étant tombée, il craignait de ne pas arriver à l’heure. Alors il se mit à marcher vite droit devant mais en vain, l’étal était replié. Il soupira de déception, il n’avait pas vu le temps passer en bonne compagnie ! Toutefois il annonça :



Il sourit, confiant sur ce point. Il ajoute, désignant son collier un instant :



Peut-être Hua Feng souhaitait il offrir une parure d’exception ou un diamant, en ce cas, Ahmes ne saurait pas vraiment le conseiller.

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes apprécie la discussion, c’était pourtant rare de parler autant avec un étranger, de sujets aussi divers et variés tout en restant finalement très à l’aise. Le soldat ne se sent pas gêné de parcourir plusieurs domaines et prend même les conseils. Savoir douter ? Etre ouvert au changement ? Il ne pouvait être plus d’accord !



Sans quoi ce serait plus compliqué d’évoluer dans les différents terrains, ou de changer ses plans si la mission ne se déroulait pas comme prévu. Ahmes avait encore beaucoup de paysages à découvrir, de connaissances à apprendre et de personnes à rencontrer, alors il était conscient que son savoir global pouvait évoluer. Avoir des bases solides en soin était pour lui son objectif afin d’être efficace.

“Les différents mondes et les différentes espèces qui foulent cet univers recèlent encore bien des mystères... Le Roi Spirituel, par exemple... tu en as déjà entendu parler ?... Et bien, sa disparition est toujours considéré comme un des plus grands mystères de la Soul Society... Pourtant, sa disparition est antérieure même à ma naissance et tout ce que nous avons sur celle-ci, ce sont des rumeurs.”

Ahmes hocha la tête avec approbation, il n’avait pas croisé toutes les différentes espèces, et ce peut être pour son propre bien d’ailleurs. Quant au Roi Spirituel…



Etre Roi Spirituel n’avait guère l’air d’être une tâche facile, peut-être celui-ci avait-il voulu renaître car il se sentait trop vieux ? Ou était-ce dans l’ordre du Cycle de la Vie ? D’autres rumeurs parlaient de machinations, possible aussi, Ahmes n’excluait rien, mais le manque de preuves et son désir de s’écarter des affaires politiques ne l’avaient pas amené à creuser le sujet. Ahmes répondit ensuite aux autres questions avec un sourire :



Il précisa à cela :



C’est ainsi qu’Ahmes expliquait l’âge physique qui, sans cette théorie, paraissait aléatoire. Étant plus mâture intérieurement, ses traits n’étaient plus aussi juvénile qu’à l’arrivée. Bien évidemment il n’avait pas de preuve, toutefois il pensait que cela se tenait très fortement. L’âge qu’il affichait extérieurement lui convenait. Il demanda :



Car il savait à présent combien de siècles avait vécu Feng, mais pas si celui-ci était arrivé ici ou y était né. Il sourit un peu plus quand l’Oriental souligne sa gentillesse puisqu’il libérait du temps pour lui.



Après tout, comme le disait Feng tout à l’heure, c’était aussi bien d’être flexible donc une coopération avec une Division étrangère n’était pas si incongrue que cela à ses yeux. Une fois avoir marché vite et mis devant le fait accompli qu’il n’aurait pas de pâtisserie, il approuva les dires du Siège.



Le prochain commerce, celui du thé, était près d’ici puisque pâtisseries et thé allaient bien ensemble.

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes haussa juste la tête, légèrement soulagé que Feng ne prenne pas mal son manque d’engouement à découvrir la vérité sur la disparition du Roi. Du moins, ce n’était pas totalement un manque d’intérêt, simplement… Si les plus vieux shinigamis, ceux ayant vécu l’évènement, ignoraient tout de ce qui s’était passé, et que tout les autres plus ou moins anciens n’avaient pas percés le mystère, ce n’était pas lui du haut de son siècle qui allait résoudre la plus grande énigme de l’univers. Les seules théories qu’il possédait étaient donc celles-ci : soit il s’agissait d’un phénomène naturel, soit il s’agissait de la volonté du roi spirituel. Ahmes ne voulait pas penser qu’il y avait en ces mondes un pouvoir permettant éradiquer un être si puissant. Cela serait fort inquiétant. Il préférait se concentrer sur son quotidien et ce qui était à sa portée.

Ahmes rit légèrement de la réaction à son âge. Ainsi son interlocuteur avait bien quasiment sept siècles, même si son physique n’en affichait pas les autant.



Et puis, Ahmes avait tendance à penser que discuter avec des aînés pouvait être impressionnant et difficile, alors qu’avec Feng c’était aussi fluide et agréable que de parler avec un ami de longue date. Celui-ci lui apprit une autre information, il était né-âme et n’aurait pas aimé se faire réincarner brutalement. Etait il alors de la noblesse ? Le soldat hausse les épaules nonchalamment :



Le mot trahison avait une résonance particulière pour lui. Il sourit de nouveau :



Si, comme le suggérait des bribes de passés et les notes qu’il en avait prise pour les relire afin de les garder en mémoire, il avait eu une vie pauvre et misérable, elle n’aurait pas été en s’arrangeant. Il serait sûrement mort de famine, torturé pour avoir volé quelque chose, ou que savait il de très désagréable. En mourant jeune il avait refait sa vie, et en était satisfait jusqu’à présent.



N’était-ce pas une sorte de… changement de monde au final ? Car les né-âmes y vivent, et une fois mort ils iront dans le monde des vivants. Ah un grand sujet... Donc c’était bien cela, le Siège était en congé. L’Austral se demanda ce qui fatiguait le plus l’Oriental : les hollows, les dragons, les élèves ou cette paperasse. Remplir des papiers n’étaient pas une activité agréable, et Ahmes n’avait pas une belle écriture à son goût, témoignant d’un apprentissage tardif.



Il avait les autres emplacements à montrer. Toujours de bonne humeur, Ahmes lui indiqua donc l’emplacement de la boutique de thé, lui expliquant voir souvent le propriétaire car durant la journée, celui-ci faisait aussi salon de thé, ce qui permettait de passer prendre une pâtisserie d’abord avant de venir ici. Dans une ruelle plus étroite, la boutique d’encens était discrète, les effluves boisés se sentaient encore prêt de la porte, Ahmes lui apprit qu’il utilisait aussi les encens pour parfumer sa maison ou se détendre en prenant un bain. Sa boutique d'épices préférée n’était pas la plus grande, mais l’Austral affirma qu’il y trouverait tout ce dont il avait besoin pour la cuisine, lui indiquant de faire attention à certains piments séchés. Un seul était suffisant pour relever tout un plat, ne pas se fier à sa taille. De son point de vue, le propriétaire de la boutique de bijoux était un peu pompeux et vaniteux, il sera toutefois de bon conseil, mais se serait lui le plus susceptible de monter les prix pour un étranger. Et enfin, à la fin de cette visite improvisée, Ahmes déclara, s’arrêtant dans un endroit calme et baissant d’un ton  :



Avec un physique tel que celui de Feng, il aurait certainement du succès. Même si l’Oriental lui avait dit être déjà venu et n’être là que deux jours de plus, Ahmes préférait dans le doute lui rappeler. Il faisait bien ce qu’il voulait, mais l’Austral ne souhaitait pas que son interlocuteur ne se fasse embarquer à son insu dans des festivités érotiques à plusieurs, qu’on ne le fasse trop boire afin d’émousser sa vigilance puis le dépouiller de ses biens, ainsi que sa dignité… Mis à part ça, il n’avait pas d'autres conseils pertinents lui venant à l’esprit avant qu’ils ne se quittent sûrement bientôt.

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes fut content si cela pouvait faire plaisir et consoler un peu Feng sur son âge, puis devint tout rouge, surpris de recevoir des compliments en retour.



Il essayait en tout cas d’être mâture et réfléchit ! De toute façon il ne voyait pas comment survivre autrement, les shinigamis faisaient un métier dangereux, alors il tâchait de se montrer à la hauteur. Cela tenait peut-être aussi au manque de proches l’attendant chez lui. Une fois de retour dans sa maison, il n’y aurait plus que le silence, alors il avait tout le temps de lire un peu avant d’aller se coucher ou de réfléchir à des concepts, sans pour autant avoir la prétention d’être un grand philosophe. Ou parfois il parlait à son asauchi, mais sans méditer, jugeant que c’était peut être une manière comme une autre de faire… Ahmes se ressaisit ensuite, tâchant d’être moins rouge - il allait vraiment falloir qu’il fasse quelque chose à ce sujet car avoir des sentiments si visibles pour un Austral n’était certainement pas bénéfique. Lui ? Pessimiste ou porter malheur ?



Le Soldat se définirait plutôt comme réaliste. Quel avenir aurait pu l’attendre ? Il se souvenait vaguement d’avoir… voler quelque chose. Si on avait mis la main sur lui… Qui sait les tortures qu’il aurait subi avant d’être exécuté. Au vu de sa spécialité, il n’espérait pas porter malheur, plutôt qu’on se dise “ouf, il est là” en le voyant arriver. Puis il haussa les épaules, circonspect, se sentant en désaccord avec un point en particulier.



Par exemple, concernant la disparition du Roi Spirituel, il devait y avoir une vérité, et non de multiples vérités, sinon ce serait le bazar. Elle devait exister, quelque part, et eux ne pouvaient que supposer. Ahmes adorait réfléchir sur des tas de choses, visiblement discuter avec l’Oriental faisait chauffer ses méninges tellement les sujets étaient vastes ! Mais il devait aussi se reposer pour le lendemain. Oh non, il devint à nouveau rouge quand Feng mentionna y avoir déjà assisté. Décidément, celui-ci était plein de surprises. Au moins le brun était au fait. Ahmes se gratta la joue et réfléchit à la question. Le nombre ? Mmh…



Il rit légèrement.



Ahmes regarda brièvement les étoiles s’étant progressivement allumées à la nuit tombée. Il avait encore un repas à faire avant d’aller se reposer. Toutefois il l’avait invité à boire du thé donc ils devraient se recroiser sous peu. L’Austra regarda Feng, légèrement embarrassé :



Bien qu’Ahmes aurait pu continuer sur sa lancée, mais il fallait savoir se montrer raisonnable, il n’était pas en congé contrairement à l’Oriental.

Pâtisseries, encens, épices…et charisme ?

Ahmes sourit un peu et fut de nouveau embarrassé, il n’avait jamais reçu autant de compliments en un laps de temps si court ! De toute façon ce qui était fait était fait, il était mort - et n’allait pas lui avouer avoir volé de son vivant quelque chose cela serait bête de ternir son image - donc il ferait mieux dans cette vie là. Il avait déjà survécu plus longtemps qu’une dizaine d’années, battant ainsi son record personnel, et avait à présent l’objectif de s’améliorer encore et de découvrir l’être que refermait sa lame.

La réponse de Feng ne le satisfaisait pas vraiment. Manquer d’humanité ? Il réfléchit sur ce point. Ahmes songeait qu’il y avait certainement une différence entre point de vue et vérité. La vérité était parfois cruelle à entendre, déplaisante, mais elle était là. Sinon il n’y aurait pas d’enquête ni coupable ? Toutefois un sujet si profond ne pouvait guère être expliqué en peu de temps, le Soldat pensait que le Siège, avec sa sagesse sans les rides, avait vécu plus d’expérience et pourrait mieux lui expliquer ce qu’il entendait par là. Peut-être serait-il satisfait ensuite ? Alors Ahmes ne rebondit pas, son estomac commençant à le rappeler à l’ordre, se contentant d'hocher la tête un poil perplexe.

La conversation allait sur sa fin. Si il avait été en congé, Ahmes l’aurait certainement invité à passer la n… Enfin non il n’avait qu’un lit et Feng serait mieux dans le confort d'une auberge. A quoi pensait-il !? L’Austral n’invitait personne chez lui, il n’allait pas baisser sa méfiance maintenant ! De plus, il n'avait pas la place pour fournir l’intimité nécessaire à une deuxième personne congé ou non.



Ahmes ne savait pas s'il devait s’incliner légèrement aussi ou non, alors dans le doute il le fit. Ensuite, il reprit la route de chez lui, guilleret intérieurement. Et même s’il n’avait pas les pâtisseries, la soirée avait été incroyable ! Il espérait que le lendemain le serait aussi.