Retrouvailles oubliées - FB 603 [ft Fujiwara Momoe)

Le claquement des sandales de bois résonnait d’une quiétude symphonique entre les troncs immaculés alors que le shinigami s’avançait tranquillement en direction de la garnison. Les érables écarlates le coupait désormais du monde, laissant derrière les campagnes arides, pour annoncer son retour à la capitale orientale de la Soul Society.

Le pas lent et doux, Nikkou avançait avec une aisance confortable mais empreint d’un certain ritualisme, accrochant aux branches tendus le souvenir des horreurs qu’il avait vu et de ses propres ressentiments pour retrouver la paix d’esprit. Ces lieux avaient toujours su apaiser l’esprit du shinigami, imposant un certain symbolisme à tous soldats revenant de mission pour retrouver le bercail.

Perdu dans l’éclat écarlate de la forêt, seul le massif ouvrage de bois tendu pour soutenir les cieux était désormais visible. Comme à l’accoutumée, il ne pouvait s’empêcher d’apprécier la délicatesse des ornements, taillés au couteur le plus fin, dans ce tronc robuste emprunté à la forêt même.

Sous l’arche emblématique, le descendant Amagumo porta ses deux mains en prière pour célébrer le cycle de la réincarnation et payer ses respects aux âmes secourues.
L’éphèbe revenait tout juste d’une excursion dans le monde des vivants où des hollows avaient été aperçus. À ce moment, loin de l’emblème shinto de la Garnisan, l’appelation Ange de Mort avait pis tout son sens. Le guerrier avait pourfendu ses ennemis sans remord ou moindre respect, déverseant sa rage contre les hollow dans chaque coup porté à son ennemi, oubliant la noblesse de l’art shinigami instauré pour purifier les âmes avant de les punir.

Il y avait des années, alors que les démons le rongeaient de l’intérieur menaçant de rompre le fil ténu de son esprit, il s’était promis qu’il les laisserait désormais aux portes de la Garnisson. Un manteau qu’il n’enfilait que lors de ses excursions pour libérer le monde des démons, mais dont il épargnerait la Soul Society.

Alors, à chaque retour, alors qu’il apercevait au loin la cîme des arbres écarlates, il sentait tranquillement la rage sourde qui le consumait se dissiper jusqu’à disparaître sous l’arche grandiose pour enfin lui donner quelques moments de répit.

L’esprit calme et serein, Amagumo Nikkou pouvait ainsi profiter de la montée sacrée des marches de Yumemigachi pour reposer son cœur et oublier, un instant seulement, la croix qu’il devait porter.

À la différence près que cette fois-ci, il n’était pas seul. Aux pieds de l’escalier, il remarqua aussitôt le visage de sa comparse, un visage familier mais étranger à la fois. Un souvenir d’une époque qu’il aurait préféré oublié, mais que ce doux matin voulait visiblement lui rappeler.

“Fujiwara-san” prononca-t-il doucement, pratiquement cérémoniellement.

D’un pas lent et calculé, il s’approcha de la shingami aux cheveux d’ébènes, rien ne transapraissant du tumulte d’émotions réveillé en apercevant ce visage. Un visage si peu familier, mais rappel d’une époque où il n’était pas l’ombre de lui-même ou de son ancien lui. Mais bien rien.

“Le destin me rappelle à l’ordre, car il y a longtemps que j’aurais dû vous retrouver. Pour vous remercier très humblement.” continua-t-il une fois devant l’intéressée, en se prosternant pour lui déférer ses honneurs.

Après tout, elle était celle qui lui avait permis de revenir à la vie. Pour ce qu’il ne lui en restait. Et cette fois-ci, il ne pouvait l’éviter.