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Indigestion sentimentale - Feat Takamoto Sanosuke

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Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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Bakuhatsu Shinju

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Les derniers jours avaient particulièrement été horribles. Angoissants. Tu avais craqué. Toi qui faisais toujours de ton mieux pour garder le contrôle, tu avais laissé les mots t’échapper, se déverser, entraînant avec eux les émotions que tu cherchais pourtant à étouffer. Oui, tu te sentais comme une merde depuis. T’avais pas été cool du tout, que ce soit avec ton mentor, ou bien avec Sanosuke. Tu n’aurais pas dû l’écouter, cette petite voix malicieuse, qui t’avait conseillé de te laisser aller. D’exploser, sans te soucier des conséquences. Maintenant, tu en payais le prix.

Dans l’intimité de ton petit bureau, une serviette sur le haut du crâne, séchant l’humidité résiduelle du bain que tu venais de prendre, tu observais pensivement le petit paquet déposé sur le coin de ton bureau. Est-ce que ça suffirait ? Tu ne savais pas trop. Tu voulais t’excuser, mais voulait-il seulement te voir ? Tu ne pouvais que l’espérer, si tu voulais ne serait-ce qu’apaiser un peu les rapports désormais tendu entre toi et le vingtième. Depuis votre dispute, tu l’avais esquivé. Comme Feng d’ailleurs. Mais la fuite n’était pas une solution.

« Allez, courage Shinju ... »

Te parlant à toi-même, tu attrapas enfin le délicat paquet pour te mettre en route. Une marche courte, certes, mais qui te laissa du temps pour réfléchir à quoi dire. Et franchement ? Même en arrivant devant la porte de l’endroit, tu ne savais pas exactement ce que tu dirais. Faut dire que tes dernières paroles avaient foutu une merde pas possible. Tu n’étais pas fan à l’idée de recommencer. Non, cette fois, tu devais garder le contrôle. Véritablement. Ça paraissait idiot, mais t’appréciais échanger avec le grognon Sanosuke, et étrangement, sa présence et ses piques te manquaient un peu. Ça te faisait encore plus sentir comme la méchante de cette histoire.

Toc. Toc. Toc.

Contre la bordure en bois, ton poings cogna,  à trois sourdes reprises pour annoncer ta présence. Néanmoins, tu restas silencieuse, de peur que ton identité ne rebute ton cadet. Ce n’est que lorsqu’il t’invita à entrer qu’il découvrir ton visage, mal à l’aise, dans l’encadrement de sa porte.

« Salut ... »



Les cheveux encore mouillés, retombant en cascade le long de tes épaules pour finir leur course au creux de ton dos, tu te présentais sans grands apparat. Tu pourrais dire que c’était pour jouer la modestie. Pour montrer que tu venais, le cœur sincère. Mais honnêtement, tu n’avais même pas pensé à tout ça. L’esprit bien trop occupé pas l’incident, tout le reste t’avait semblé risiblement superflu et dès que tu avais eu l’occasion, tu avais foncé.

« Avant de me dire de partir, j’peux au moins te déposer ça ? On m’a dit que tu aimais bien le saké, et j’ai pensé que tu n’avais pas encore mangé alors ... J'voulais juste voir si t'allais bien. »



Retirant l’emballage du paquet d’une main, tu dévoilas une bouteille blanche, d’une bonne cuvée, obtenue par un service que te devait un ami tavernier, ainsi qu’un plat rempli de petites galettes de pommes de terre caramélisées, encore chaude, dont la succulente odeur offrait une idée assez claire du délice qu’elles représentaient. Alors, en attente d’une réponse, tu te permis de laisser trainer ton regard. D’abord, sur le visage de l’âme extenuée. Ses cernes marquaient bien son état. Depuis combien de temps n’avait-il pas dormi ? En était-il encore capable ? Entre la douleur, le stress, l’angoisse ... Tu te souviens bien. Tu es aussi passée par là.

« Tu parles au passé ? Le déni te mènera loin ma petite ~ »

Tu voulais lui faire fermer son bec. C’était aussi sa faute, si tu en étais là. Comment on pouvait faire taire son zampakuto, hein ? Tu n’avais pas de guide pour ça ...

Et puis, il y avait ce bureau. Glacial. Impersonnel. Une simple salle de travail, où seule cette tâche avait une réelle importance au yeux du Takamoto. Le confort n’avait pas élu domicile ici. L’austérité était reine. Sauf ... Sauf ce petit cadre, tout juste à côté de lui. De loin, tu discernas des visages. Un jeu Sanosuke, encore innocent, presque candide, et deux autres personnes, plus âgées, aux traits similaires. Ses parents ? Sans doute. Mais la question, tu ne la posas pas. Non, ce n’était pas le moment. Quand bien même tu étais curieuse, ce n’était pas la raison de ta venue.

« Puis ... Je ... Voulais te présenter mes excuses. Enfin, si tu en veux bien sûr. »


Oui, c'était pour ça que tu voulais lui parler. tu ne devais pas perdre ton objectif des yeux. Comme sur le champs de bataille.
Vingtième Siège de la Division Orientale
Sagara Sanosuke
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Indigestion sentimentale



Le chef de famille avait toujours poussé ses fils à laisser le reste du monde à bonne distance, à ne jamais laisser les autres les observer de trop près, au risque de pouvoir voir leurs failles, leurs brisures. Donner de l'importance à une personne c'était lui donner les armes pour vous blesser, voilà les paroles qui résonnaient en boucle dans la tête du Takamoto, depuis quelques jours, maintenant. Pourquoi ? Parce qu'il ressassait cette conversation houleuse, encore et encore, dans sa tête. Pas pour trouver une solution, ou quelque chose qu'il pourrait faire mieux, mais parce qu'il n'en revenait pas à quel point il avait laissé ces mots le toucher. Depuis quand était-il ainsi ? Depuis quand avait-il donné autant de pouvoir sur lui, à deux personnes ?

Non, le problème ne venait pas que de là. Le problème venait de son incapacité presque viscérale à faire fi de son ego, pour accepter l'aide d'autrui, même après tout ce qu'il avait vécu. Oh il aurait pu blâmer son père ou son éducation pour cela, cette éducation qui lui interdisait de s'excuser ou s'expliquer, car ce n'étaient là que les agissements des lâches et des incompétents, mais à la fin de la journée ne seul responsable c'était celui qu'il voyait dans le miroir, tous les matins. Personne n'avait dit que cette transition serait facile, que laisser son ego de côté serait aisé, mais il savait aussi que ses agissements étaient..à revoir.
Sanosuke n'était pas encore dans un état où il pourrait avoir une discussion posée, parce qu'il pensait encore devoir tout régler par lui-même. Son merdier, son erreur, sa solution. Aussi, durant les jours précédents, ce fut silence radio et, laissant ses émotions de côté, il fit fi de la fatigue et se concentra sur son travail, ne grappillant que quelques petites heures de sommeil, çà et là, sans grand confort. L'avantage avec son travail, c'était qu'une telle organisation avait besoin de paperasse et, de ce fait, il y avait toujours un dossier à relire, un rapport à transmettre ou, dans le cas présent, des comptes-rendus à compléter. Rien de passionnant, mais cela avait au moins le mérite de le maintenir occupé.

Immobile telle une statue, le crayon entre ses mains parcourant les pages devant lui à un rythme régulier, seules ses joues creusées et ses traits tirés pouvaient laisser entrevoir un semblant d'humanité chez Sanosuke, car ses yeux, eux, étaient vides de toute expression. Lorsqu'on toqua enfin à la porte, pensant qu'on venait lui apporter plus de travail, ce fut sans émotion que Sanosuke brisa le silence d'un simple :

Entrez.


Sanosuke n'aimait pas son travail, mais son père lui avait appris la nécessité du travail bien fait. Il n'avait pas besoin d'aimer son travail, mais de se rappeler qu'on comptait sur lui, pour qu'il soit fait, et bien fait. Alors il continua de mettre ses pensées en sourdine, alors que la porte de su bureau coulissait. Le nez toujours dans ses rapports, il ne leva qu'à moitié la tête, levant ses yeux pour faire le reste du chemin, alors qu'une voix familière se faisait entendre. Ils ne s'étaient pas vus ou parlés depuis quelques jours, Sanosuke répondit sobrement d'un :

Salut.


Personne ne venait ici sans raison, et il le savait. Avec son attitude et son tempérament, personne ne venait le voir pour une visite de courtoisie, alors que faisait-elle ici ? En vérité Sanosuke resta silencieux, son crayon parcourant toujours les pages de son rapport, car il ne savait pas trop comment réagir. Passer à autre chose ? Il n'était pas doué pour cela, mais avoir la rancune tenace était plus épuisant qu'autre chose, alors quelles options avait-il ? Ralentissement le rythme de son écriture, sans quitter de vue les pages de son rapport, le jeune homme fit une très courte pause, le temps d'observer le paquet tenue par sa camarade, et comprendre la raison de sa présence ici.
Était-ce sa façon à elle d'enterrer la hache de guerre ? Sanosuke n'avait jamais appris à le faire. Entre lui et son frère, la compétition était telle qu'ils pouvaient rester fâchés durant des semaines ou des mois, jusqu'à ce qu'ils finissent par oublier, ou qu'un événement externe ne les pousse à s'allier. Mais passer à autre chose, faire table rase du passé ? Il ne savait pas faire. Aussi était-ce une bonne chose que le geste vienne d'aller, car lui...pas sûr qu'il en aurait été capable.

Il aurait voulu protester et dire que tout allait bien, qu'il avait mangé, mais le bruit que fit son estomac attesta soudainement du contraire, arrachant un soupir au Takamoto, alors qu'il posant son crayon à sa droite, pour quelques instants. Toisant les pommes de terre du regard, Sanosuke se retint de se jeter dessus, se contentant d'un poli et neutre :

Le geste est apprécié, mais ce n'était pas nécessaire. Je vais bien.


Il était en vie, sa respiration était claire et il ne crachait plus ses poumons. Que pouvait-il demander de plus ? Il existait, donc il allait bien, aussi simplement que cela. Vint alors le moment le plus...surprenant. La vocalisation d'excuses dont Sanosuke ne comprenait pas l'origine. Et la surprise put se lire sur son visage, l'espace d'un instant, alors qu'il essayait de comprendre. Qu'avait-elle fait, à part être honnête ? Brutalement honnête, certes, mais  c'était monnaie courante pour un Takamoto. Aussi clairement que possible, il souffla alors que :

 Tu n'as rien fait qui nécessite des excuses. Tu as dit ce que tu avais à dire. Ce n'est pas de ta faute si je suis trop borné ou fier pour accepter l'aide de qui que ce soit.


Son ton était sans culpabilité ou tristesse. Sans émotion, aucune, car il expliquait simplement les choses comme elles étaient. Il était fier, oui, et le fait de se débrouiller tout seul avait faisait partie de sa vie depuis...toujours. Il était inutile de le nier, puisqu'il en avait pleinement conscience, et une partie de lui voulait toujours trouver ses réponses, tout seul, comme si demander de l'aide reviendrait à tricher. Stupide, certes, mais telle était son éducation. Relevant la tête, son cou craquant sous l'effet du mouvement, il fit un geste de la main, pour signifier à la demoiselle de s'asseoir à côté de lui, soufflant un :

Ne reste pas debout, tu vas me donner mal au cou.


Il hésita à reprendre son stylo et à continuer d'écrire, mais il sentait qu'une petite pause ne serait pas une si mauvaise ici que cela. Aussi poussa t-il les feuilles un peu plus loin, passant une main dans sa nuque endolorie, attendant que la demoiselle ne vienne enfin s'asseoir. Qu'allait-il bien pouvoir lui dire ?
Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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Bakuhatsu Shinju

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L’estomac criant famine vint l’empêcher de refuser ton cadeau. Depuis l’encadrement de la porte, tu ne pus retenir un léger sourire, amusé, pas moqueur, à cette scène. C’était bien lui. Toujours à rechercher cette indépendance qui lui semblait vitale. À vouloir se construire une image sans faiblesse. Une tête de mule, toujours, mais l’esprit posé, cette image te semblait bien plus aisée à supporter.

« Ce n’était peut-être pas nécessaire, mais j’en avais envie. »


Il avait l’air d’être un minimum ouvert à la discussion. Assez en tout cas, pour ne pas te chasser sur le champs à coups d’insulte, comme tu l’avais prévu. Peut-être était-ce pour ça que tu sentais déjà un poids se retirer de ta poitrine ? Ou peut-être était-ce simplement le fait de le voir toujours en vie, malgré la scène dont tu avais été témoin, quelque jour plus tôt ? Dans les deux cas, tu en étais bien contente et tu ne t’en plaignais pas, quand bien même l’inquiétude était toujours bien présente, là, au fond de toi.

« J’aimerais te dire qu’il s’agit d’une recette de famille, mais ce serait te mentir. Par contre, je suis assez fière de mes compétences culinaires ! On ne passe pas autant de temps dans les restaurants sans apprendre quelques petites choses je suppose ~ »


Manger un bon plat, ça t’aidait à te recentrer. À te détendre et à laisser plus aisément couler les soucis le long de ta peau, comme la pluie le long du plumage soyeux d’un aigle. C’est quelque chose que tu n’avais pas connu pendant des années et qui t’avait offert un réel réconfort, dans les périodes les plus dures. Alors, sans même être un gourmet, tu espérais que les petites galettes feraient leur effet. Après tout, tu avais mis toute ta sincérité dans la confection de celles-ci !

Mais par contre, il y a quelque chose que tu n’avais pas prévu. Pas du tout même. C’était son incompréhension. Face à tes excuses, le visage de l’âme s’était peint d’une étrange expression. Un sourcil haussé, le regard un plus grand, il t’observa quelques secondes comme pour décortiquer tes paroles. Était-ce si compliqué à comprendre, que tu viennes ici pour te repentir de paroles que tu regrettais ? Du moins, en partie ? Oui, tu avais été honnête. Franche. Et ça avait même l’air de l’avoir fait réagir, néanmoins ...

« Ce n’est pas tant le fond de ce que j’ai dit qui me dérange. C’est en partie la forme. »

Gênée, déposant le plat et la bouteille sur le coin du bureau, tout en gardant un peu tes distances, tu continuas à expliquer ta pensée.

« Je pense toujours que tu devrais demander du soutien, mais je t’ai traité comme un enfant, sans chercher à prendre en compte tes émotions et en priorisant les miennes. J’aurais dû respecter ta décision et te traiter avec plus de respect. C’était pas cool, j’ai laissé ma frustration prendre le dessus. Je suis désolée pour ça. J'ai vraiment pas géré. »

Inclinant la tête, tu présentais avec sincérité tes excuses à Sanosuke. Toi aussi, tu avais ta fierté. Tu savais que tu pouvais te montrer parfois têtue. Brutale. Mais blesser inutilement les gens, c’était quelque chose que tu détestais. Tu ne souhaitais pas rabaisser, comme on l’avait fait avec toi par le passé. Tu voulais t’élever plus haut que ça. Bien plus haut. Et là, t’avais l’impression d’être retournée au point de départ. C’était encore plus frustrant. Comme si toutes ces années de travail avaient été effacées en un seul coup. Tu étais maintenant convaincue d’avoir tout gâché. Même ton lien avec ton mentor. Tes mots avaient fait du mal, et en échange, tu avais reçu une punition semblable. Comme des poignards, qui transperçaient ton cœur.

Mais alors que tu t’apprêtais à partir, pour laisser le vingtième en paix, celui-ci t’invita à t’asseoir. Surprise, tu l’étais encore plus. Néanmoins ... C’est bien un discret sourire qui illumina ton visage, alors que sans demander ton reste, tu réunissais le tatami et ton séant, à la place même que t’avait indiqué Sanosuke.





« Je me permets alors ... »


De quoi parler ? Tu n’en avais aucune idée. Pour être franche, tu avais encore l’impression d’être un géant dans un magasin de porcelaine, risquant de briser le moindre objet au premier faux mouvement. Toi qui n’avais pas l’habitude de rester sagement en place, sans jamais t’occuper, commencer par réflexe, sans même t’en rendre compte, à jouer avec le cordon pendant de ton Asauchi, ton regard porté sur le visage fatigué du Takamoto.

« Hua-sensei m’a dit pour ton monde intérieur. Félicitation, c’est une grande étape. Comment est ton zampakuto alors ? Enfin, son esprit ? »

Au moins, ça, tu savais que c’était un sujet qui lancerait sans difficulté l’homme. Il serait à l’aise, au moins sur la thématique. Penchant légèrement la tête sur le côté, pour mieux observer le visage du jeune homme, une perle d’eau roula le long d’une des longues mèches encadrant ton visage, qui rebiquait à son bout. Tu avais à peine prit le temps de bien sécher tes cheveux. Tu étais donc vraiment pressée de faire la paix, finalement Shinju. Ça devait vraiment te bouffer depuis l’autre jour, pour que tout le reste ne te semble que détail. Comme une indigestion sentimentale ...


« Il ne sera pas aussi classe que moi, ça c’est certain. Regarde-le ce pauvre garçon ! On dirait qu’on lui a enfoncé son arme là où j’pense ! »

Si tu te mettais à taper ton asauchi sur le sol, est-ce que Sanosuke te prendrait pour une folle ? Sans doute. Tu en mourrais d’envie, là, tout de suite, mais te retenais comme tu le pouvais, pour ne pas tout gâcher. Tu étais là pour prouver que tu étais capable de te contenir. Pas pour montrer que tu étais une maniaque de l'explosion émotionnelle.
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Sagara Sanosuke
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Indigestion sentimentale



Rester fâché contre quelqu'un était épuisant, et Sanosuke avait d'autres chats à fouetter. Rester fâché contre son frère était une seconde nature, mais contre le reste du monde, contre cette femme devant lui, était-ce bien nécessaire ? N'avait-il pas plus urgente tâche que d'activement rester fâché contre quelqu'un, pour quelque raison que ce soit ? Il avait donc choisi de s'isoler, pour se concentrer sur son travail, le temps que la tempête ne passe et qu'il puisse y voir un peu plus clair. C'était sans doute plus simple ainsi, et le sentiment d'accomplissement aidait à chasser les sombres nuages, de son esprit.
Vint alors l'entrée de l'explosive et, si Sanosuke ne savait pas trop quoi en penser, le geste de la demoiselle le poussa à y mettre un peu du sien, aussi. Il n'en était pas encore au point d'être capable de faire le premier pas mais, de toute évidence, la demoiselle était bien plus adulte que lui, sur ce point-là. Il n'allait pas oser manger, pas encore en tout cas, mais il profita de cette arrivée pour prendre une pause, se tourna légèrement pour attraper sa gourde, et se remplir un verre d'eau pour hydrater sa gorgée desséchée.

La demoiselle semblait regretter ses paroles, ou du moins la manière dont elle avait pu les exprimer. Balayer l'air d'un revers de la main, le Takamoto pensa chasser cette inquiétude d'un simple :

 Ce n'est rien.


Il en avait vu pire, au cours de sa jeunesse, mais ce n'était pas un sujet qu'il voulait aborder. L'univers de la famille Takamoto était...particulier. Rude, exigeant sans être cruel pour autant. Se servant une seconde lampée d'eau, Sanosuke se remit en position, écoutant la demoiselle ramener le sujet d'hier sur la table, tempérant ses propos en avançant qu'elle avait laissé ses émotions prendre le dessus. Lui...Que pouvait-il dire ? C'était tout l'inverse. Il se fermait tellement sur ce monde, qu'il en oubliait l'un des principes mêmes de la vie : la spontanéité. Son cœur s'était figé depuis plusieurs décennies, remplacé par le devoir et l'ambition, ne laissant place à rien d'autre. Il le savait, il le sentait et pourtant...pourtant la porte restait désespérément fermée.
Soupirant, passant une main dans sa crinière d'ébène, il admit, le regard toujours baissé :

 Tu n'as pas à t'excuser, je te dis. Oui j'aimerai être de ceux qui admettent aisément leurs erreurs, et qui demandent de l'aide en mettant leur ego de côté. Je n'en suis pas capable. Pas encore, en tout cas. Tout ce que je sais, c'est que j'ai besoin de réponses, et me pousser toujours plus loin, c'est la méthode Takamoto. Accepter la douleur, avancer avec elle. La seule méthode que je connaisse.


Ce n'était pas une excuse mais une explication. C'était le mieux qu'il pouvait faire pour le moment, la seule chose qu'il avait à offrir à cette femme devant lui, pour justifier son entêtement. L'individualisme était la clé de voûte de la culture des Takamoto. Chaque personne apportait sa pierre à l'édifice, ajoutait sa valeur à celle des autres. La force était nécessaire car, dans un tel milieu, le groupe avançait au rythme de la brebis la plus lente et, face aux menaces du dehors, être lent signifiait être mort. La famille Takamoto cultivait la force du corps et de l'esprit avant tout, ne jugeant la valeur d'un individu que par ses succès, ses prouesses.

Je ne vais pas m'excuser pour ce que je suis. Mais cela ne veut pas dire que je ne sais pas que vous avez raison. Cette entêtement sera ma perte, probablement. Crois-moi, cela m'arrangerait d'être plus...raisonnable.


S'il avait été moins égoïste, il n'aurait sans doute pas cherché la gloire comme il l'avait fait, et il n'aurait pas été blessé aussi grièvement. Il le savait bien, il se le répétait encore et encore depuis le jour de l'accident mais...à quoi bon ? Il avait toujours pensé que sa méthode était la bonne mais, maintenant qu'il était au fond du trou, Sanosuke n'était...plus sûr de grand chose. Ainsi, il reprit une lampée d'eau, tournant la tête vers la demoiselle qui, à présent installée, décidée de l'interroger sur son zanpakuto. Abaissant la tête vers ce dernier, à sa gauche, Sanosuke hésita à mentionner son monde intérieur, préférant se concentrer sur Shukkage. Mais que pouvait-il dire, pour le décrire fidèlement ? Quelques secondes de silence lui furent nécessaire, pour qu'il parvienne enfin à expliquer que :

Il est...énigmatique, et ne parle pas beaucoup. Il observe, il jauge, et ne parle que lorsque cela semble nécessaire. Il semble...détaché Enfin...sa voix ne laisse pas transparaître une très grande chaleur, en tout cas.


Une petite pause lui fut nécessaire pour qu'une réalisation ne vienne enfin le frapper en plein visage. Soupirant face à sa propre bêtise, pour ne pas l'avoir compris plus tôt, il souffla alors :

  J'imagine qu'on se ressemble un peu, Shukkage et moi...


Il n'était ni bavard, ni chaleur, ni avenant et il le savait bien. Il aurait aimé être différent. Être un homme du peuple, à prendre des  bains de foule, à soulever les cœurs par l'un de ses sourires mais...il était un homme en retrait. Il avait toujours été dans l'ombre de son aîné, et peut-être le serait-il toujours. Retenant un autre soupir, il préféra dévier la conversation sur la demoiselle et son zanpakuto, lui demandant :

Et le tien ?




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Bakuhatsu Shinju
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Il laissait couler. Trop facilement. À tel point que tu te sentais même un peu plus coupable de ton comportement. En avait-il si peu à faire, de ce que tu avais dit ? Ou bien n’avait-il plus assez d’estime de lui-même pour ne serait-ce que garder un peu de rancœur, amplement justifiée ? Néanmoins, tu n’allais pas cracher sur la chance qui t’était offerte. Pas une seconde même. Alors, face à la place offerte, tu n’hésitas pas une seconde pour t’installer, toujours à l’écoute de tout ce que disait le Takamoto, sur la difficulté réelle qu’il avait à demander de l’aide. À reprendre son souffle, pour mieux combattre après. Il avait été éduqué comme ça, toute sa vie, et désormais, il ne savait pas comment faire. D’ailleurs, même s’il savait exactement la marche à suivre, sans doute n’arriverait-il pas à la mettre en action, poussé par ses propres habitudes et réflexes. Heureusement, dans ce genre de situation, c’était l’imprévu qui sauvait la mise. Et c’était justement ta spécialité !

« Et ça te dirait pas de travailler en équipe par hasard ? ~ Tu ne peux pas dire que ça n’avait pas bien marché la dernière fois. »

Vous aviez découvert une certaine compatibilité entre vos styles respectifs. Toi, tu étais du genre à être au front. Une ligne solide, s’imposant naturellement face à l’ennemi, tandis que de son côté, sa précision et sa maîtrise faisait de lui un dangereux adversaire, capable de gérer tout tes angles morts et ainsi, prendre le contrôle de la situation. L’expérience avait été positive. En tout cas, tu en gardais un bon souvenir. Alors, lui proposer de combattre à tes côtés, ça ne te semblait pas stupide. Au contraire. Dans une équipe, on veillait l’un sur l’autre. Ce n’était ni de la pitié, ni un manque de confiance. C’était plus que ça.

Mais avant même qu’il ne réponde, tu lui fis signe de ne pas parler, d’un index levé, un grand sourire sur les lèvres.

« Ne réponds pas tout de suite et prends le temps d’y réfléchir, ok ? Je sais que j’suis pas toujours facile à vivre, mais même si je ne suis que la quatorzième, je mérite mon titre de siège ~ »



Ta lame et ton esprit était aiguisé. Prêts à se dresser face à tout ceux qui tenteraient de mettre en danger la paix du monde des âmes, mais également celui des vivants. Tu veillais sur ce si précieux équilibre avec tout ce que tu avais et comme beaucoup, tu finirais par mourir pour cela. Mais jamais sans te battre !

Alors, comme si de rien n’était, tu préféras te recentrer sur un tout autre sujet : vos zampakuto. Vos plus proches et précieux partenaires. Ceux qui vous accompagnaient partout, en tout temps et toute occasion. Une part de vous. Ce fut sans surprise que tu découvris alors les similarités entre Shukkage et Sanosuke. Contrairement au sabreur, qui sembla tout juste se rendre compte de cette réalité.

« Tu as bien dis ...''transparaître’’ pas vrai ? »

Le mot t’avait intrigué. Sanosuke, sans même s’en rendre compte, avait utilisé ce terme, que tu trouvais bien lourd de sens.

« Est-ce que ça veut dire qu’on fond, tu l’es ? Chaleureux, je veux dire. »

Et tu n’attendais pas vraiment de réponse à cette question. C’était plus rhétorique. Une manière de le laisser réfléchir sur cette image qu’il avait de lui-même. Parce que finalement, il avait l’air d’en être conscient. Conscient qu’il était un plus chouette type que ce qu’il laissait transparaître.

Et finalement, la question qui fâche. Celle qui t’arracha une drôle de grimace, ton nez se retroussant tandis que tu échappais un petit geignement.

« Habani est ... »



Comment formuler ça ? Quels étaient les mots parfaits pour exprimer ce que ressortait du comportement de l’esprit ?

« Un petit con brutal ? »

« Et fier de l’être » résonna Hanabi.

C’était ça. Exactement. La formulation parfaite. Parfaitement. D’un long et audible soupire, tu tentas de faire le tri dans tes pensées, ramenant ta chevelure vers l’arrière de tes mains, restant silencieuse, de longues secondes.

« Il est attentionné. Vraiment. Mais il a ce truc ... sauvage ? Joueur ? Il me pousse à me lâcher. À juste ... faire comme lui. Tout envoyer bouler. Mais comme t’as pu le deviner, ça ne me réussit pas du tout. »

De ta chevelure, une de tes mains vint descendre sur ta nuque, pour tenter de chasser la gêne qui s’y était installée, tandis que l’autre rejoignais ton arme, attachée à ta hanche et au fourreau coloré.

« Je sais qu’ils sont censés nous guider mais parfois, j’ai aucune idée de ce qu’il essaye de faire de moi. Tu vois ce que je veux dire ? »

Après tout, il avait dit que son zampakuto était du genre énigmatique. Lui aussi devait chercher à comprendre le comportement de l’esprit. À n’en pas douter.

« Enfin, le mien est bavard. C’est l’avantage, même si c’est surtout pour m’enquiquiner ... »

« J’suis tellement doué pour ça après tout ~ »

Resserrant ta poigne sur la garde, y baissant le regard, pensif, tu ajoutas, un petit sourire léger aux lèvres.

« Mais j’crois que je l’aime bien au fond. Même s’il me donne des envies de meurtre. »
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C'était dans l'adversité que la vraie valeur d'un Takamoto était révélée, aux yeux du monde. C'était par la compétition, et une lutte constante qu'un Takamoto pouvait embrasser la douleur, l'accepter pour ne pas la laisser contrôler ses décisions. C'était en se mesurant à d'autres qu'un Takamoto pouvait apprendre, et s'améliorer continuellement, pour être chaque jour emilleur que la veille. Voilà ce que le jeune homme avait appris, ce genre d'éducation ne l'avait pas du tout préparé au concept de coopération et, si  après ses premières promotions il crut que tout rentrerait dans l'ordre, il réalisa bien vite son erreur.
Ses hommes ne lui faisaient pas confiance, car il ne savait pas se lier à eux. Car il ne savait pas les traiter comme autre chose que des soldats, des armes, des outils. Ses hommes le suivaient, certes, mais l'auraient-ils suivi n'importe où ? Probablement que non, et Sanosuke ne l'avait pas réalisé avant sa déchéance. Aujourd'hui, mis face à ses errances et ses torts, il savait bien que la jouer solo n'était pas une option, mais c'était un travail de chaque instant que de combattre des décennies d'enseignements et de valeurs.

Il savait ce qu'il devait faire, il devait juste se convaincre qu'il n'avait pas d'autre choix, afin de mettre les changements nécessaires en action. Ainsi, face à la proposition de la demoiselle, il prit quelques secondes de réflexion, repensant à leur première mission ensemble. Peut-être était-ce parce qu'il n'était pas la figure de proue, ou parce qu'il connaissait la demoiselle mais...oui, cela s'était mieux passé qu'il ne l'avait initialement espéré. Cela était même rassurant, d'une certaine façon, de ne pas avoir été celui au premier plan, lui permettant d'attaquer depuis les flancs, avec une précision digne de lui.
Passant sa main dans sa crinière d'ébène, pesant le pour et le contrôle, il soupira en admettant à voix basse que :

Je...peux essayer. Mener des hommes ne me réussit pas, je l'ai bien compris. Mais pour le reste...je ne garantis rien, mais je peux essayer. Si j'arrive à mettre ma fierté de côté.


Il ne garantissait rien. Il n'arrivait pas encore à s'en remettre totalement à une autre personne mais...leurs styles respectifs n'étaient pas les plus incompatibles du monde, au contraire. Ils pouvaient travailler là-dessus et, avec le temps, peut-être que cette union parviendrait à compenser la faiblesse physique du Takamoto. Dans un coin de sa tête, la voix de Shukkage résonna finalement d'un :

Ce n'est pas une option, jeune maître. Sans lumière, il n'y a pas d'ombre...


C'était...une remarque censée, comme toujours, mais que pouvait-il en faire ? Sanosuke avait l'impression de découvrir à peine les possibilités de ses capacités, alors de là à pouvoir les jumeler avec celles d'une autre personne...cela demanderait sans doute du temps et de la pratique. Beaucoup de pratique.
En attendant la conversation dévia sur son zanpakuto et, si le dialogue était assez récent, Sanosuke préféra être prudent dans ses propos. Il ne connaissait pas encore assez bien Shukkage, pas assez pour que son opinion soit complet, mais il pouvait au moins expliquer ce qu'il avait réussi à noter, durant leurs quelques échanges. Tout ce que nota la demoiselle fut la chaleur supposément cachée, au fond de Sanosuke. L'était-il vraiment, chaleureux ? Passant une main sur son visage, se remémorant quelques souvenirs, son esprit se dirigea vers l'orphelinat où Shinju l'avait amené et son interactions avec les enfants.

Les enfants avaient l'air de le penser, en tout cas...


Silencieusement, son esprit se dirigea vers la personne avec qui il était...différent. Eri. Sa petite sœur qu'il n'avait pas vu depuis...ses récents déboires. Elle n'avait jamais eu le tempérament nécessaire pour s'opposer à Shinichi, ce qui expliquait son silence mais, alors qu'il repensait à sa sœur, le regard de Sanosuke se fit plus...profond, plus triste. De toutes les personnes dans son entourage, dans sa famille, Eri avait toujours été celle dont il avait été le plus proche et maintenant...maintenant il devait accepter de ne plus jamais la voir ? Non, non, non, non. Cette seule pensée lui retournait l'estomac.
Chassant ces pensées dans un coin de sa tête, il écouta la demoiselle parler de son propre zanpakuto, de l'influence de ce dernier, et des décisions qu'il la poussait à prendre. Alors donc c'était grâce à lui, cette intervention explosive, l'autre jour ? C'était bon à savoir, oui. Sanosuke commenta que, si cela ne semblait pas réussit à la demoiselle, c'était parce que...

C'est parce que tu n'as pas l'habitude de le faire, je me trompe ? C'est comme tout, ça vient avec la pratique.


Lui ? Oh non, il était très mauvais pour cela. Mais il pouvait au moins écouter. Écouter la demoiselle parler dudit Hanabi et, quand elle avoua ne pas toujours comprendre les intentions de son zanpakuto, le Takamoto abondant dans son sens, avouant de sa propre expérience que :

Complètement, oui. Je ne sais jamais dans quelle direction il veut m'emmener.  


Mais il finirait bien par le découvrir, petit à petit. Shukkage restait un mystère pour lui mais, pour ce zanpakuto comme pour Hanabi, Sanosuke commençait à comprendre qu'ils avaient tous deux une volonté qui leur été commune. Laquelle ?

Il veille sur toi, à sa façon...


Shukkage n'avait pas encore poussé Sanosuke à prendre des décisions irrationnelles ou risquées. Il ne l'avait pas poussé à faire grand chose, mais l'avait au moins invité à une certaine retenue, lors de leur dernière rencontre « explosive » pour pousser le Takamoto à ne pas trop en dire. L'officier était curieux de voir ce que l'avenir lui réservait, en tout cas, avec Shukkage.
Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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Bakuhatsu Shinju

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C’était drôle. Avec Sanosuke, tu ne savais jamais trop à quoi t’attendre. Un temps, il agissait comme à son habitude, et la seconde d’après, il te surprenait avec une réaction, bien loin de ce que à quoi tu t’attendais. Oui. Tu avais cru que le Takamoto se murerais dans le silence, à peser pendant des heures le pour et le contre pour être sûr de prendre la meilleure de décision, l’esprit posé. Et pourtant, seulement après quelques secondes, il avait apporté une réponse à ta proposition. Certes, celle-ci était teintée d’un léger doute, mais il avait décidé de laisser une chance à votre duo.

Prise par surprise, tu restas quelques secondes, les yeux légèrement écarquillés, à l’observer de l’ambre de tes iris, avant d’échapper un léger rire. Tes joues, au doux son de ta voix, se teintèrent d’une nuance de rose, tour en détournant le regard.



« Je ne m’attendais pas à ce que tu acceptes si vite, je suis un peu flattée, je dois l’avouer ! »

Lui qui mettait tellement de temps à prendre des décisions habituellement, avait fait preuve d’une spontanéité que tu ne lui connaissais pas. Une agréable découverte, qui avait illuminé ton visage et chassé de manière définitive l’angoisse qui restait en toi. Finalement, vous aviez peut-être plus en commun que vous ne le pensiez ? Face aux petits marmots, lui aussi s’attendrissait, bien facilement.

« Tu sais ce qu’on dit ? La franchise sort de la bouche des marmots ! »

Ah, tu y étais presque avec celle-là ! Tu avais remplacé quelques mots mais tu y étais presque. De toutes manières, ça ne changeait pas le plus important. Vous aviez des similitudes, autant que de différence. Et petit à petit, vous arriviez à vous comprendre. À réfléchir à la manière dont l’autre voyait les choses. À sa logique. Assez pour que Sanosuke soit capable de percevoir quelque chose en toi. Cette difficulté que tu avais à assumer les émotions négatives, et à les exprimer, préférant te dissimuler derrière un solaire sourire. Il avait perçu, cette habitude qui n’était pas la tienne.

« Je ... »

C’était quelque chose dont tu n’avais pas l’habitude de parler. Alors même que le sujet ne faisait que pointer le bout de son nez, tu sentais ta gorge se serrer, pour retenir les mots qui pourraient vouloir s’échapper. C’était trop tôt. Bien trop pour réussir à expliquer toutes ces choses que tu retenais enchainées au fond de ton cœur. Néanmoins, tu pouvais au moins avouer que ...

« Effectivement, je n’ai pas l’habitude. Du tout. »

Comme lui n’avait pas l’habitude de demander de l’aide, toi, tu ne savais plus gérer la puissance destructrice de certaines émotions. Vous étiez pas très à l’aise avec vos émotions, au fond. Et finalement, vous étiez tout deux sur un chemin commun : celui de l’incompréhension de vos zampakuto, du moins, partielle. Leurs caractères, bien que très différents, se rejoignaient dans le fait de ne chercher que votre bien. De vous aider, justement, à gérer ses mêmes émotions, d’une manière où d’une autre. L’un avait l’air de pousser à la réflexion et au calme tandis que le second, cherchait à tout prix un relâchement brutal mais libérateur.

Cette réalisation t’amusa. Réellement. Du pouce, tu caressas le fourreau de l’arme, un visage plus paisible, plus doux.

« Ils ont pioché de sacrés numéros avec nous, tu ne trouves pas ? »

Autant que vous. Vos armes étaient en partie à votre image. C’était amusant, de voir la manière dont celles-ci arrivaient à vous déstabiliser, avec un comportement proche du votre. Une douce ironie, qui te faisait réfléchir sur l’importance des conseils que les deux esprits vous prodiguaient. Mais pas assez pour que tu oublies un point très important !

« Tu devrais manger, pendant que c’est encore chaud en fait ! »

Sur le coin du bureau, l’assiette encore fumante attendait que Sanosuke s’y attaque. Tu avais mis du temps et de l’énergie dans ce plat. Il valait mieux qu’il le mange alors que celui-ci était encore chaud ! Après tout, malgré les apparences, tu étais vraiment bonne cuisinière ! Enfin, à part le fait que tu laissais un bordel pas possible dans ton chemin ... Et encore une fois, tu avais hâte. Hâte de voir avec quelle réaction le jeune homme allait te surprendre, cette fois.
Vingtième Siège de la Division Orientale
Sagara Sanosuke
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Indigestion sentimentale



Si le père Takamoto avait inculqué à ses enfants l'importance de la persistance, leur mère s'était montrée plus attentive, à l'écoute, poussant ses rejetons à user de leurs têtes et d'apprendre de leurs erreurs, pour ne pas laisser l'Histoire se répéter. Alors oui, Sanosuke était têtu et tolérait encore moins l'échec que son aîné, de lui-même plus que des autres, mais il n'était pas stupide pour autant. Il avait eu tout le temps du monde pour réfléchir à son échec et, surtout, pour comprendre les raisons de son échec. Il avait cru pouvoir vaincre un adversaire, avait laissé son arrogance sur-évaluer sa capacité à remporter la victoire et...n'avait pas accepté l'idée de partager la vedette. Un combo gagnant qui allait peut-être lui coûter sa carrière.
Sa mère avait essayé de tempérer ses ardeurs et lui mettre du plomb dans la tête. Sa mère avait essayé de lui faire entendre raison, et c'était par respect pour sa mémoire que le second des Takamotos ne rejeta pas la proposition de la demoiselle, d'emblée. Il avait beaucoup de défauts, mais il savait quand il était temps d'écouter, même s'il ne mettait pas toujours les conseils en application. Aussi, face à la surprise de la demoiselle, il expliqua doucement que :

Ta proposition est...logique.  Les chances de succès sont plus grandes. Je suis têtu, mais pas déraisonnable au point de ne pas envisager d'autres options. La mise en pratique, après...c'est une autre paire de manches.


Il ouvrit la bouche, sur le point de dire que la décision était plus facile avec quelqu'un dont la compagnie n'était pas désagréable, avant de se raviser. Tuant sa spontanéité dans l’œuf, n'osant pas aller plus loin dans ses propos, il laissa la conversation se dérouler et, quand vint le moment de parler de Shinju et de sa récente...explosion, le jeune homme comprit que ce n'était pas quelque chose d'habituel. Il devinait que c'était un sujet épineux mais, tout de même, tenta de donner son propre avis sur le sujet. Il laissa sa curiosité le guider, avançant que :

Je serai bien hypocrite de te juger là-dessus. Je n'ai rien à dire, sur le sujet. Est-ce que tu t'es sentie mieux, de lâcher prise comme tu l'as fait l'autre jour ?


Regretter quelque chose c'était une chose, mais comment s'était-elle senti par la suite ? Plus libérée, ou plus honteuse ? Certes il était curieux mais, en même temps, en pleine réflexion. Serait-il, lui aussi, capable d'une telle franchise, un jour ? Lui qui avait enfermé toutes ses émotions à double-tour, et pensait parfois avoir perdu la clé ? Que se passerait-il si, après tout ce temps, la boîte de Pandore venait à s'ouvrir ? Encore un autre point de réflexion qu'il laissa de côté, face au commentaire de la demoiselle sur leurs zanpakutos respectifs. Retenant un soupir amusé, il commenta :

J'imagine, oui. Je me demande parfois si tous les zanpakutos sont aussi...complexes.  


Certes ils étaient leurs pouvoirs, et parfois à leur image, mais quid des autres ? Quid des autres shinigamis ? Comment était leur relation avec leurs propres zanpakutos ? Sanosuke était curieux, oui, mais ne le serait jamais assez pour poser directement la question. Shukkate était...compliqué, mais le décrypter serait sans doute la clé de la réussit. Le Takamoto allait devoir se montrer patient, voilà tout, et allait aussi devoir prendre soin de son corps. Cela commençait par s'alimenter, comme sa camarade le suggéra. Tournant la tête vers les galettes de pomme de terre, le jeune homme en attrapa deux entres ses doigts et, s'il en posa timidement une sur le rebord de la table, il attrapa la seconde à deux mains, avant de l'amener à sa bouche et croquer dedans...avec une certaine retenue. Certes il avait faim, mais le voulait pas passer pour un sauvage pour autant !

C'est...très bon, merci.


Sanosuke n'avait jamais été habitué à de la grande cuisine. Son régime alimentaire avait toujours été précis, équilibré et sans excès. Même encore aujourd'hui il suivait toujours les mêmes règles, cependant...qu'est-ce que cela allait bien pouvoir lui coûter, de faire un petit excès de rien du tout ? Acceptant ce petit écart, il dévora la première galette puis la deuxième en quelques bouchées, avant de passer ses mains sur ses cuisses endolories, du fait de sa position assise. Curieux, il demanda :

Ça te dérange, si on sort un peu ? J'ai...globalement terminé et...je pense que j'ai besoin de me dégourdir les jambes. Un peu, en tout cas.  

Quatorzième Siège de la Division Orientale
Bakuhatsu Shinju
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« C’est en pêchant qu’on devient pêcheurs, non ? »

Avais-tu d’un coups déclaré aux paroles du jeune homme. Il se prenait trop la tête. Avec des si et des peut-être, il y avait tant de possibilités qu’il pouvait s’en faire des nœuds au cerveau. Mais sans essayer, il ne pouvait pas savoir.

« Même s’il y a quelques ratés, c’est pas grave ! »

Et les ratés ne viendraient certainement pas que de lui. Toi aussi, tu allais devoir trouver ta place dans ce surprenant duo, pour combattre aux côtés du Takamoto, sans vous tirer dans les pattes. C'était une question de rythme. D'harmonie et de dialogue, qu'importe sa forme. Vous alliez devoir vous apprivoiser. Comprendre la manière l'un de l'autre de fonctionner et trouver un équilibre. Cela représentait un travail de longues heures, mais n'était-ce pas parfait ? Sanosuke ne savait, de toutes manières, aucunement se ménager. Deviner qu'il serait disponible pour croiser le fer était loin d'être la chose la plus difficile du monde. Parce que tu commençais à le saisir. Du moins, dans les grandes lignes. Tu voyais l'esquisse de cet étrange et parfois ronchon personnage qu'était Sanosuke, forgé par un cadre familial particulier, où il fallait gagner sa place. Prouver sa valeur, pour correspondre aux attentes.

« En tout cas, j'ai hâte de travailler à tes côtés ! Je compte sur toi, je ne suis pas la plus calée en stratégie, mais je pense que tu as bien assez d'intelligence pour nous deux ~ »

Les rôles seraient clairs ! C'était l'avantage avec ce genre de duo, aux personnalités et compétences bien différentes. Une pluralité qui permet de lutter contre toutes les menaces. De s'adapter aux menaces si diverses et variées qui se présenteraient à vous. La seule question qui se posait réellement était la suivante : Sanosuke serait-il capable de faire face à la frustration, si votre cohésion nécessitait plus de temps que prévu ? Seul l’avenir te le dirait. Ce que tu savais néanmoins, c’est que le shinigami avait réellement décidé de tourner la page sur votre dispute. Dans l’obscurité de son regard, calme comme un lac de nuit, tu ne voyais ni colère ni ressentiment. Mais bien, et pour la première fois, de la curiosité.

Sa question, si pertinente, tu ne te l’étais même pas réellement posée, trop concentrée sur l’impact que ton action avait eu sur les autres pour penser à toi. Au point où celle-ci te cloua sur place, quelques secondes. Oui, qu’est-ce que tu ressentais, toi ? Au-delà du fait d’avoir blessé, quel effet avait eu cette explosion, sur ta personne en tant que telle ? Qu’est-ce que tu avais ressenti, au moment exact où tu avais laissé couler les mots, sans te retenir ? Silencieuse, comme rarement, tu laissais ta tête pencher à droite et à gauche, dans une réelle réflexion.

« Je ... »

Tu semblas hésiter, une seconde, un peu embarrassée, venant ramener une mèche derrière ton oreille d’un petit geste de la main, le bout de tes oreilles se teintant de rouge. Le ton de la voix basse, presque dans un murmure, tu terminas ta phrase, un petit sourire aux lèvres, plus doux et paisible que celui que tu montrais habituellement.



« Je crois que ça m’a fait du bien de dire les choses, sans chercher à y mettre les formes, ou à être positive. Je crois que je ne me souviens pas de la dernière fois où je me le suis vraiment autorisé ... »

C’était il y a bien longtemps. Une époque qui te semblait pourtant si proche également. Les souvenirs étaient encore vifs dans ton esprit, malgré les siècles. Toutes ces choses, qui avaient nourri cette tendance que tu avais à étouffer tes véritables émotions. Et puis, ton sourire se transforma en un petit rire, léger, laissant transparaître cette gêne, qui semblait si rare chez toi.

« Je dois juste apprendre à doser mes effets je suppose. Comme quoi, on a du chemin à faire pour bien les saisir ... Je suppose qu’ils ont hérité de nos traits ? ~ »

Vous aviez des zampakuto complexes, car vous-même l’étiez. Personne n’était tout noir et tout blanc. Le monde était composé de nuance. C’est en le comprenant qu’on avançait dans la vie. Qu’on pouvait profiter de chacun des aspects. Découvrir les autres. Un exemple parfait, serait la manière dont le vingtième dévora le plat que tu lui avais apporté, d’abord délicatement, et puis sans s’en rendre compte, goulument.

« Oui, sortons ! Vu tout ce que tu as mangé, tu dois au moins faire un peu de sport, non ? ~ »

Une taquinerie, amicale, face à son envie de se mettre en action. Au moins, sur ce point-là, vous étiez semblables : vous aimiez être en mouvement.  Attrapant une des mains du jeune homme, vos callosités se rencontrant, tu l’attiras soudainement dans ta direction pour l’aider à se relever.

« Si tu te sens d’attaque, qu’est-ce que tu dis d’échanger quelques coups de lames ? Rien de bien violent, mais après des heures à faire de la paperasse, ça devrait te faire du bien. Et puis, je voudrais que tu me montres comment tu fais pour être aussi organisé pendant un combat ! »

C’est quelque chose qui t’avait marqué, lors de votre mission. Toi, tu devais l’avouer, tu préférais suivre purement ton instinct. Alors, tu aimerais comprendre, comment il fonctionnait. Comment il arrivait, tout en se lançant dans la bataille, à réfléchir aussi clairement alors que l’adrénaline coule à flot. Tu étais tellement pressée de savoir, que tu en oublias de lâcher directement la main du pauvre jeune homme, l’entraînant vers le terrain d’entrainement sans même qu’il n’ait le temps de répondre.



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