Leif Hreiðmarr, ou Leif le consumé, se démarquait aisément par sa stature imposante et sa musculature élancée qui témoignaient chez lui une grâce et la fierté de son peuple. Dans les rangs des guerriers de Stormheim, sa silhouette se dressait comme un pilier, imprégnée de la vigueur et de la puissance propres aux fils du nord. Ce qui le rendait particulièrement remarquable, toutefois, était sa chevelure d'une teinte pourpre envoûtante, un héritage rare et distinctif qu'il partageait avec la figure légendaire d'Ölvaldi Helga, la femme la plus célèbre de Stormheim. Ses cheveux flamboyants encadraient un visage efféminé aux yeux vairons marqués par les épreuves, ajoutant une aura mystique à sa figure déjà imposante. Revêtu d'un uniforme de cuir robuste et de fourrure sombre, Leif semblait fusionner avec les paysages hostiles des terres du nord, où se déroulaient les combats et les luttes pour la survie. Son teint pâle, marqué par les rigueurs du climat nordique, contrastait avec la noirceur de son attirail, soulignant son appartenance à ce monde sauvage et impitoyable.

Pourtant, malgré ses multiples signes distinctifs, la personnalité de Leif demeurait calme et réservée. À tel point que sa présence pouvait dégager une aura bien mystérieuse. Son comportement taciturne dissimulait des secrets profonds sous sa façade impassible. Leif n'était pas du genre à exprimer ses émotions, et son visage semblait souvent figé dans une expression stoïque, presque glaciale, évoquant la froideur des terres nordiques qu'il arpentait. Cependant, en dépit de cette apparente impassibilité, une transformation s'opérait lorsque Leif entrait dans un combat. Là, une lueur brulante illuminait son regard tantôt impassible, trahissant une féroce détermination. Un sourire sadique s'étirait sur ses lèvres, empreint d'un désir obscur de prendre la vie, tandis que l'ardeur de la bataille embrasait son âme. Leif était alors transcendé, comme possédé par la furie du Berserker. Son être tout entier, semblait s'animer d'une énergie sauvage et incontrôlable, révélant une facette de sa personnalité qui contrastait radicalement avec sa quiétude habituelle. 

L'on dit souvent que lorsqu'on approche de la mort, les souvenirs défilent devant nos yeux. Tels des spectres du passé, des souvenirs revenant pour juger notre âme. C'est vrai. Je le ressens en ce moment. Un moment éphémère où mon esprit se tourne invariablement vers Galanor. Je me souviens de ces moments, autrefois, lorsque mes parents m'emmenaient contempler cette majesté de la nature. Pour eux, Galanor n'était rien de moins que l'Arbre-Monde, dont les racines s'étendaient sous la terre pour soutenir l'ensemble du monde. Selon eux, cet arbre possédait sa propre conscience, ses propres aspirations. Il était capable de ressentir chaque battement du cœur de ce monde, chaque éclat de rire, chaque larme versée, chaque souffle de vie et chaque dernier soupir. Selon eux, Galanor était le gardien de la vie, capable de la donner et de la reprendre à sa guise. Car c'était là le cycle de tout. Mes parents croyaient en son pouvoir nourricier, en sa capacité à soutenir la nature qui nous entourait, à nous offrir ce dont nous avions besoin pour vivre. Mes géniteurs étaient des fermiers de Stormheim. Ils cultivaient la terre avec dévotion et récoltaient ses fruits pour nourrir Eldgard et le peuple qui y résidait. Ainsi, dès mon plus jeune âge, j'ai appris à respecter la nature et à honorer les dons qu'elle nous offre. Chaque récolte abondante était un témoignage de la générosité de Galanor, et chaque tempête violente un rappel de sa force indomptable.

Galanor a mis mon âme à l'épreuve. Ma première rencontre avec la mort fut le constat de ma propre impuissance. Ayant grandi dans l'amour, j'étais en réalité enchaîné par les liens de la Loi de l'Harmonie, j'avais négligé la Loi de la Puissance. La bataille qui allait être inscrite dans les annales sous le nom de "La guerre des ombres et des serres" m'a conduit au seuil de la mort pour la première fois. Je fus confronté à une fin brutale. Persuadé que Galanor avait libéré sa fureur sur ma famille, une entaille démesurée a transpercé mon corps de toutes parts tandis que mes propres yeux restaient aveugles à sa manifestation. Tout ce que je percevais, c'était la colère du Ragnarok. La colère de Galanor. J'ai tenté de comprendre en quoi j'avais fauté, mais mes efforts furent vains. Et mon souffle s'était éteint. C'est ainsi que j'ai rené. Avec le souvenir douloureux de mon impuissance, et c'était en ça que j'avais fauté.

Ce n'est qu'après être devenu "shinigami", au service d'Ölvaldi Helga et dévoué à Galanor, que j'ai véritablement saisi la vie et les préceptes de Stormheim. J'ai consacré plus de la moitié de mon existence à prier Galanor, et l'autre moitié à m'entraîner. Non pas par plaisir de la bataille, mais pour ôter une vie. Pour nous, guerriers de Stormheim, la victoire est impérative, il n'y a point de seconde chance. Soit nous vainquons, soit nous succombons et nourrissons à nouveau les racines de Galanor. Il n'y a pas d'essai. La guerre, le combat, sont pris avec beaucoup de sérieux. L'entrainement est majoritairement sur le terrain, sur le champ de bataille ou lors d'un duel digne du Ragnarok. C'est aussi pour cela que je me détache souvent du groupe. Car, mes pulsions meurtrières en combats sont réelles, incontrôlables. Et provoquant en moi une forte dose d'excitation. En dualité envers moi-même, je me retrouve une bonne partie de mon temps à prier Galanor et contempler sa beauté.

C'est à cet instant que je l'ai aperçu : une projection astrale de notre Kaiserin, Ölvaldi Helga. Quel lien entretenait-elle avec Galanor ? Était-elle l'élue ? Ou bien était-ce une simple coïncidence ? Partageait-elle une connexion avec l'Arbre-Monde ? Elle avait également posé les yeux sur moi. Une convocation suivit, m'invitant à participer à une mission qui renforçait encore davantage le lien indéfectible qui m'unissait à Galanor. Désormais, en tant que Shinigami, j'avais une destinée à accomplir. Peu après l'apparition du voile, j'ai été nommé au cinquième siège. Depuis lors, je cherche à percer les mystères qui unissent Galanor et notre Kaiserin. Je sens que je suis porteur d'une mission divine.

Mes paupières s'ouvrent soudainement. Le sang coule sur mon visage. La puissance de Galanor me plonge dans un état de transcendance. Est-ce de la rage, pure ou incontrôlée ? Suis-je parvenu à la maîtriser ? L'ennemi aurait pu me vaincre, mais je retrouve mes esprits et ôte une nouvelle vie. Une de plus.

AVATAR : Medici (Lord of Mysteries)
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