Insolation incompréhensible

Comme à son habitude, Ahmes allait chercher des pâtisseries sur le bazar. La plupart des commerçants commençaient à le connaître, surtout ceux chez qui il allait faire ses achats. Afin d’éviter tout retard, il passa directement après son travail encore en tenue, saluant les habitants qui pour certains l’avaient vu intégrer l’Académie. Depuis qu’il avait acquis quelques facultés de guérison, ceux-ci l’appréciaient d’autant plus. Faux-cul ? Peut-être pour quelques-uns, Ahmes s’en doutait, avenant ne voulait pas dire naïf. Parfois il espérait revoir Feng, mais c’était idiot, il n’aurait pas des congés si rapprochées. Par contre… Lui irait bien visiter Nagomi et sa capitale. Il enverrait certainement un message au Sixième Siège pour le prévenir. Qui sait, celui-ci pourra t’il le guider vers les points d’intérêts le moment venu ? Oh, et il lui demanderait si il y avait des choses à éviter de faire devant les Orientaux afin de ne pas les vexer !

Le Soldat se dirigea vers son étal favori, mais étrangement, à la place du sourire chaleureux dont il avait l’habitude, la patronne discutait avec le vendeur de thé avec un air troublée, avant de le voir et le saluer :



Ahmes fut intrigué par l’entrée en matière de Samia et les regarda l’un l’autre.



Les deux échangèrent un regard avant que Samia ne reprenne, baissant d’un ton  :



Ahmes allait sourire, mais l’expression perturbé de Samia et du vendeur lui souffla que ce n’était pas une blague, l’affaire devait être sérieuse. Qui se baladait avec un squelette ? Pourquoi déterrer des ossements ? La femme ajouta :



Houla… Quelle histoire incongrue ! Ahmes cligna des yeux et se passa la main sur le front :



Il régla une pâtisserie au miel sucrée qu’il mangea en quelques bouchées, s’essuya les mains, bu un verre d’eau et se dirigea dans la direction que lui indiqua la commerçante après qu’elle lui eut brièvement décrit l’homme suspect, un oriental. Les deux habitants lui jetèrent un regard compatissant, le laissant aller dans le bazar. Ahmes se demandait ce qui se passait, confus. Pourquoi un oriental se baladerait il en terre étrangère avec une dépouille ? Tout ceci mériterait des éclaircissements. Il irait tâter le terrain, mais espérait que la situation n’était pas trop dangereuse. Sans mal, il repéra soudain un blanchet qui, effectivement, transportait un squelette, exactement comme décrit. Cela n’avait pas grand sens à ses yeux… Comme il était là, autant s’assurer qu’il ne représentait pas un danger pour les habitants :




Et à qui appartenaient ces os ? Par les étoiles, que se passait-il ici  ?!

Insolation incompréhensible

Ahmes essayait de mettre une logique à ce qu’il voyait et entendait.




Pardon ? Ses yeux passèrent du blanchet au squelette plusieurs fois. Les passants regardaient l’Oriental avec un drôle d’air, entre mépris, amusement, et crainte en se chuchotant entre eux dans la langue locale. Ahmes devait gérer la situation avant que la crainte ne se transforme en hostilité ou avant que la détresse de l’étrange blanc ne se transforme en colère potentielle. Il se racla la gorge.




L'avait-il appelé maître d’ailleurs ? Etait il supposé parler à la base ? Le secouriste n’était pas énormément rassuré non plus, mais lui faisait signe d’aller dans une ruelle protégée du soleil. Peut être était-ce le blanchet qui avait une insolation ? Et surtout une énorme question se posait : était il un nécromancien ? Ou juste complètement fou ? Pour le moment Ahmes ne préféra pas argumenter qu’un squelette n’avait pas de peau, et ça n’avait pas l’air d’aujourd’hui vu les os propres et nets… Comment Feng aurait-il gérer la situation ? Était-ce un de ses collègues ? Était- il dans son état habituel ou avait il été atteint d’un malaise du soleil sévère ? La vendeuse de pâtisserie avait dit l’avoir déjà vu avec cette étrange dépouille, qui, fait notable, avec des yeux de verre. Qui avait-il été ? Qui était ce fameux Kim ? Première étape : amener l’oriental étrange dans un endroit calme pour éviter les débordements. Ahmes tâchait de se montrer plus confiant qu’il ne l’était en réalité, comme si il avait l’habitude de gérer ça :



Et il ajouta :




Il préférait l’annoncer à voix haute, restant à une distance raisonnable- un fou ou un nécromancien pouvait se montrer imprévisible après tout. Il prononça le sort adapté, mettant ses doigts sur ses paupières :  « Dans l’ombre de l’agonie, l’œil du Salut perce le voile de l’évidence. ». Et rouvrit les yeux. Non pas qu’Ahmes pensa trouver quoique ce soit sur le squelette - au moins sait on jamais - mais il souhaitait surtout jeter un coup d'œil à l’homme, d’où le fait qu’il lui ait demandé de se mettre à côté.  Il voulait savoir si la chaleur lui avait fait perdre ses moyens, s'il était déshydraté, s’il avait mal digéré quoique ce soit, si un animal ou un insecte l’avait empoisonné ou si un ennemi l’avait maudit d’une façon quelconque. En tant que soigneur, l’Austral espérait qu’il y avait une explication rationnelle à son comportement et qu’avec un verre d’eau et du repos, ou un soin, cela irait mieux.