Ordalie III : Serres & Noirceur

C'était non sans impatience qu'Heimdall attendait ses sous-fifres près du grand Pont des Valeureux. Les bras croisés, le regard dur, et une irritation notable trahie par une mâchoire serrée. Il n'aimait pas l'objet de sa mission du jour. Non seulement il se devrait de supporter la présence d'individus dont il avait peu d'estime, mais en plus, il devait escorter un dragonite. Pathétique créature écailleuse qui tentait pitoyablement d'atteindre le niveau des plus grands par la mascarade d'une apparence humaine. Ils n'étaient que des lézards. Rien de leur supercherie superficielle ne pourrait leur conférer un tant soit peu de respect de la part du Lieutenant boréal. Ils auraient dû tous être massacrés, le problème aurait été réglé.

Mais voilà, des processus d'une paix risible maintenaient un équilibre qui, à ses yeux, n'étaient qu'une imposture. Seulement, « Madame » et les autres Capitaines, de la putain à l'endimanché, semblaient vouloir s'offrir le rôle de beaux seigneurs. Subissant ses stupidités politiciennes, Heimdall n'avait nul autre choix que d'escorter un messager dragonite jusqu'à sa capitale Longignis. C'était la princesse Hespera qui l'avait enjoint à venir, réclamant des soutiens pour faire face à des apparitions étranges, des démons selon les rumeurs. Un problème pour tous, soit disant. Les problèmes ne venant pas seuls, il y avait aussi l'hostilité de son opposant, Pyrame, qui posait problème. Un problème bien plus réel pour le guerrier car il connaissait la haine qu'éprouvait le reptilien à l'égard des shinigamis.



La voix caverneuse du Lieutenant s'adressait en premier lieu à ses hommes. Le troisième siège, Arinbjörn Torfi, dont il avait eu échos de ses faits d'armes pendant la guerre des Serres. Est-ce qu'il était impressionné ? Bien évidemment que non. Le second était celui qui se positionnait à la cinquième place de leur ordre, Jorviksson Halvar, un autre guerrier qui lui apparaissait un peu plus précieux d'apparence. On verrait bien comment celui-là se débrouillerait. Et enfin, pour prouver qu'il n'y avait dans cette cohorte aucune collusion, Heimdall avait fait venir un homme dont la haine pour les dragons dépassait sa réputation, Nagamine Toshiro, de la division orientale. Mais honnêtement, il n'espérait pas grand chose de la part des hommes de Shuusui.



Le grand portail menant à Xal Valis était déjà ouvert, emprunté par le messager ayant pris les devants. Il ne manquait plus que ces énergumènes qui se prenaient pour des guerriers. Ignorant ce qu'ils avaient à dire, le Lieutenant s'engouffra dans le vortex sans perdre davantage de temps, pour arriver à la base shinigami.

HORS RP:

[ORDALIE III] SERRES & NOIRCEUR

Halvar marchait d'un pas mesuré vers le grand Pont des Valeureux, sa silhouette imposante se détachant contre le ciel tumultueux de Stormheim. Les nuages bas et lourds semblaient refléter l'humeur sombre qui régnait parmi les shinigamis rassemblés, une tension palpable dans l'air chargé d'humidité. Halvar, vêtu de l'uniforme distinct de la Division Boréale, marqué par le cuir et la fourrure, portait son épée à la ceinture, son ulfberth brillant d'un éclat menaçant sous les éclairs sporadiques qui zébraient le ciel.

À son approche, le regard d'Heimdall se posa sur lui, aussi froid et tranchant que le vent glacial qui balayait le pont. Les mots du Lieutenant, empreints d'une irritabilité manifeste et d'un mépris à peine voilé pour la mission qui les attendait, résonnaient dans l'atmosphère électrique.

Lorsque l’Officier posa les yeux sur le dragonite, une fureur dévastatrice s'empara de lui, ébranlant les fondations mêmes de son être guerrier. L'air autour de lui semblait vibrer d'une rage palpable, comme si l'atmosphère elle-même se révoltait contre l'absurdité de la situation.





Son cri, chargé de mépris et d'indignation, résonna avec une telle intensité que le silence qui s'ensuivit parut presque assourdissant. La présence de cette créature, émanation vivante de ses pires cauchemars, ravivait les flammes d'un passé douloureux, incitant le guerrier à se dresser contre ce qu'il considérait comme une insulte à la mémoire des siens.

Chaque fibre de son corps semblait se tendre, prête à exploser en un déluge de violence.




Sa voix, emplie d'une fureur inextinguible, portait en elle le poids de six cents ans de vengeance inassouvie. Les muscles de ses bras saillants trahissaient une tension presque surhumaine, comme s'il luttait contre l'instinct primal de déchirer le voile de la réalité elle-même pour atteindre l'objet de sa haine.

Se tournant vers Heimdall avec une intensité brûlante dans le regard, Halvar laissa échapper un rire amer, teinté de sarcasme.




Lança-t-il, chaque mot taillé dans le givre de son mépris.




L'air autour de lui frémissait, presque craintif devant l'orage qui grondait dans les profondeurs de son âme.

Face au dragonite, Halvar incarnait la rage incarnée.



Cracha-t-il, sa voix un fouet cinglant dans le silence tendu.

Ses poings, serrés au point de faire couler son propre sang, étaient le symbole vivant de sa promesse de vengeance, une promesse qui, à cet instant, menaçait de consumer toute raison, toute retenue.




concéda Halvar, bien que chaque mot lui coûte.




Son regard, aussi tranchant qu'une lame, se plantait dans celui du dragonite, une tempête de sentiments indomptés rugissant silencieusement derrière ses yeux d'ambre.

Dans un dernier éclat de défiance, Halvar se détournait, marchant vers le portail menant à Xal Valis. Chaque pas était lourd d'une résolution teintée de douleur, le cœur battant au rythme d'un tambour de guerre ancien. Il observait le portail, le seuil vers l'inconnu, porté par la fureur d'un guerrier dont l'âme, façonnée par la perte et le désir de vengeance, ne connaissait de répit dans sa quête d'une justice sanglante.

Patience…

Serres et noirceurs

Installé assis au bord de son lit, l'Arinbjörn dévorait sa viande séchée avec une intensité inhabituelle, acquise quelques jours plus tôt dans les ruelles commerçantes. Habituellement un moment de plaisir, la nourriture semblait aujourd'hui le laisser indifférent, absorbé dans ses pensées, son regard perdu dans le vide. Des volutes de reiatsu jaunâtre émanaient de son corps massif, tandis qu'il demeurait ainsi, immobile, dans l'espoir de retrouver son calme. Tout ceci était attribuable à la récente missive reçue par l'intermédiaire de la projection astrale d'Helga elle-même. Une fois son modeste repas achevé, le 3ème siège se surprit à parler à voix haute, témoignant de l'affection qu'il nourrissait envers sa précieuse charge à escorter : les dragonites.


Empoignant son Ulfberht, le géant se mit en quête de retrouver ses compagnons d'armes. Le temps qu'il fallut à Torfi pour retrouver son calme l'avait quelque peu retardé, mais il traversa rapidement la garnison en direction du pont des Valeureux. Accélérant le pas, le colosse blond, revêtu de sa tenue divisionnaire de fourrure, utilisa quelques Shunpo pour gagner quelques précieuses secondes. Sa chevelure flottait dans le vent, tandis que les glaciers de Stormheim se dessinaient à l'horizon, offrant au Kleifar une sensation de bien-être. Cependant, à mesure qu'il avançait, la silhouette imposante d'une créature lointaine semblait prendre de l'ampleur, ravivant en lui une adrénaline mêlée de colère, en souvenir de ceux qui avaient péri durant la guerre des Ombres et des Serres.

Le son métallique de la lame glissant hors de son fourreau résonna dans l'air, tandis que la fureur de la bête sauvage éclata à la vue de sa proie. Usant de son dernier Shunpo, le corps massif de l'Arinbjörn apparut aux côtés de la dragonite. La lame, étincelante sous les rayons du soleil, effectua un mouvement ample en direction de la créature féminine. Le regard de Torfi trahissait sans équivoque une intention meurtrière, cherchant à imprimer dans l'esprit de celle qu'il devait escorter une image de menace. La lame s'immobilisa délibérément juste devant la gorge de la créature...




Un rugissement primal déchira l'air alors que les paroles du troisième siège laissaient transparaître une colère indéniable. Ce cri sauvage lui offrait un exutoire à sa fureur, lui évitant ainsi de compléter son geste meurtrier. Les yeux rivés sur la créature, Torfi remit son sabre en place, bousculant la dragonite de son épaule avant de s'arrêter à distance. Jetant un regard en arrière à la dragonite :



Avançant résolument vers Heimdall, Torfi s'approcha avec assurance, adressant un salut à Halvar d'un geste amical sur l'épaule. Connaissant bien la nature de son lieutenant, il ne s'offusqua pas des paroles froides et peu diplomatiques de ce dernier. Dirigeant ses pas vers le Senkaimon, il prit la parole juste avant que son supérieur ne s'engouffre dans le tourbillon du portail :

Ordalie III : Serres & Noirceur

La haine et la colère de ses hommes étaient palpables, mais le fait qu'aucun d'entre eux ne semblait en capacité de contrôler leur émotion ne faisait que lui inspirer une seule chose : le mépris. Était-il entouré uniquement d'incapable impulsif ? N'y avait-il aucun pour rattraper l'autre ? Si tentait qu'il pourrait "éventuellement" reconnaître que leur férocité pouvait être un atout, ne pas la dompter pourrait leur causer du tort. Lui causer du tort même. Et s'il existait bien une chose qu'il ne tolèrerait pas, c'était que l'on devint une gêne. Boréaux ou orientaux.



C'était tout ce que le Lieutenant Boréal avait laissé échappé après avoir traversé. En ce qui concernait le messager dragonite, ce fut une tout autre histoire. La créature, qui se révéla être une femme, faisait bien pâle figure devant le flot d'insultes et de rages auxquelles elle dût faire front. Elle n'osait à peine regarder les individus présents dans les yeux, et encore moins leur dire quoique se soit. Elle était en terrain hostile et l'on lui avait bien fait comprendre. Penaude et les yeux larmoyants, on sentait que la créature encaissait les mots comme elle le pouvait. Tel un bouc émissaire pour tout son peuple.



Les mots étaient à peine audibles, tout juste susurré. Mais si la colère d'Halvar l'avait amené sur la voie des larmes, la rage Arinbjörn la fit trembler. Pour sûr, en d'autres circonstances, le boréal l'aurait assassiné sans qu'elle eût le temps de réagir, bien que son camarade l'aurait sans nul doute fait lui-même. Quant à l'oriental, elle n'osa nullement lever la tête et elle se contenta de suivre tout ce beau monde, traversant ainsi le Senkaimon d’Eldgard.



La base shinigami se dépeint alors devant chaque shinigami comme un vieux château médiéval, socle imposé par la soul society pour surveiller les activités des dragons. Mais tandis qu'Heimdall attendait, les bras croisés et le regard froid, on put voir à ses pieds une dépouille féminine inanimée : le corps de la dragonite. Il ne fallait pas oublier que pour se rendre dans leur monde, seules les âmes étaient admises. La messagère n'avait nul autre choix que de le laisser en ces lieux en "sécurité". Avec un dédain évident, Heimdall repoussa alors du pied cette "chose".







La voix d'Heimdall résonna et coupa la parole à la pitoyable créature qui se contenta d'habiter une nouvelle fois son corps véritable. Plus aucun mot ne viendrait sortir de sa bouche, à moins que l'on vînt à lui poser quelques questions. Elle se contenta, de façon soumise, à baisser la tête devant chacun des shinigamis, tout en leur portant un regard de malheureuse, bien que l'on sentit un peu plus de curiosité quand Halvar passa à côté. Torfi l'effrayait beaucoup trop et Toshiro l'inquiétait tout aussi bien. Les boréaux affichaient clairement leur haine, l'oriental semblait plus fourbe.

Désirant ne pas faire traîner les choses, le lieutenant désirait vérifier si tout se passait bien à la base, s'enquérir des nouvelles de la région avant de poursuivre leur route vers Longignis. De son pas imposant, il ouvrit ainsi la marche en direction du château.

HORS RP:

[ORDALIE III] SERRES & NOIRCEUR

À mesure que le groupe avançait vers le château, le silence qui les enveloppa fut d'un poids écrasant, seulement troublé par les pas résonnants sur les pavés anciens. Halvar, marchant à une distance mesurée derrière Heimdall, sentit son cœur pris dans un étau d'émotions contradictoires. La dragonite, avec ses manières enfantines malgré sa nature draconique, réveilla en lui des souvenirs qu'il croyait ensevelis sous des siècles de rancœur et de combat.

Chaque geste timide de la créature, chaque regard curieux jeté à leur environnement, chaque frémissement de peur ou d'émerveillement devant les détails du château shinigami, frappa Halvar avec la force d'un coup de poignard.

Les images de ses propres enfants, avec leurs rires innocents et leurs yeux brillants d'une joie pure, s'imposaient à son esprit avec une clarté douloureuse. Il se rappelait leurs courses effrénées dans les champs enneigés entourant leur maison, leurs exclamations devant la découverte de quelque merveille naturelle, leur chaleur contre lui lors des soirées fraîches, lorsque les histoires et les contes faisaient briller leurs yeux d'admiration et d'étonnement.

Chaque souvenir fut une lame qui trancha un peu plus profondément dans le tissu de sa colère, révélant sous la fureur du guerrier le cœur brisé d'un père. Halvar luttait pour contenir cette marée montante de douleur, son visage de pierre trahissant à peine les tempêtes qui se déchaînaient en lui. Ses poings se serrèrent et se desserrèrent au rythme de son cœur tumultueux, les muscles de sa mâchoire se tendant alors qu'il retint les mots de rage et de désespoir qui menaçaient de s'échapper.

Le contraste entre la dragonite, une enfant dans un corps non humain, et ses propres enfants, arrachés à lui par la cruauté d'un dragon, attisa sa colère autant qu'il éveilla en lui une douleur presque oubliée. La présence de cette créature, si innocente malgré l'histoire sanglante de sa race, était un rappel constant de tout ce qu'il eut perdu, de tout ce qu'il ne pourrait jamais retrouver.

Le silence pesant qui régnait entre eux était ponctué par le son de leurs pas résonnant contre les pavés froids. Halvar, tout en maintenant sa position derrière Heimdall, ajusta discrètement sa marche, ralentissant juste assez pour se retrouver à une proximité légèrement plus marquée de la dragonite. Dos tourné à la créature, il n'osait pas encore affronter directement ce qui réveillait en lui tant de douleur et de nostalgie.

C'était dans ce contexte émotionnellement chargé qu'il entama un semblant de dialogue, ses paroles flottant dans l'air comme des feuilles portées par le vent.



Sa voix, habituellement ferme et autoritaire, portait une teinte de mélancolie qu'il n'aurait su dissimuler, révélant un fragment de l'homme qu'il avait été, un père, un époux, avant que la tragédie ne le forge en l'arme de vengeance qu'il était devenu.

Le pas de Halvar se faisait plus lent, plus mesuré, comme s'il cherchait à étirer ces moments où, pour une fois, il ne luttait pas contre un ennemi, mais contre les ombres de son propre cœur.



Il parlait autant pour lui-même que pour la dragonite, explorant les confins de sa propre âme écorchée.

Son attention, portée alors par la mélodie de son âme, se porta sur ses compagnons de manière plus stoïque, ayant retrouvé son calme habituel.



Halvar lança la flasque, espérant que les réflexes d’un soldat en route pour accomplir une mission étaient suffisamment en alerte pour ne pas laisser passer le plus précieux des nectars entre ses doigts.

Serres et noirceurs

Marchant d'un pas déterminé, Torfi franchissait une fois de plus le seuil du Senkaimon. À chaque passage, un nouveau monde s'ouvrait devant le groupe. Lorsqu'ils atteignirent la base des Shinigami, l'Arinbjörn se retira à l'écart, adossé à un mur, les bras croisés. Il se plongea dans ses pensées, rejouant en boucle les paroles de la dragonite : "Je suis désolé"... "Désolé"... "Désolé"... Il s'efforçait de décortiquer chaque mot, de sonder les émotions derrière son visage, cherchant à discerner la sincérité de ses excuses.

Le Kleifar se heurtait également à ces réflexions sur l'un de ses choix remontant à environ un an, concernant un dragonite. Connaissant mieux que quiconque ses propres motivations, il reconnaissait que le combat était son moteur, mais qu'en présence de quelqu'un qu'il considérait comme plus faible, son désir de se battre ou même de porter le coup fatal s'évanouissait. Pourtant, il savait que ce jour-là, une autre force avait influencé sa décision. En comparant la dragonite actuelle à celui de l'année précédente, une corrélation semblait évidente, bien que le shinigami refusait encore de l'accepter. Cependant, il lui était désormais impossible de nier l'évidence : certains dragonites œuvraient certainement pour le bien. Ce dragonite avait indéniablement pénétré dans cet immeuble en flammes pour secourir la survivante prisonnière à l'intérieur. La question qui persistait désormais dans l'esprit du 3ème siège était la suivante : devrions-nous généraliser toute une race en fonction des atrocités commises par quelques-uns ?

Afin d'éclaircir ses doutes, il ressentait le besoin impérieux de s'entretenir avec la personne présente, conscient que cette opportunité pourrait être unique. S'avançant vers elle d'un pas décidé, Torfi se tint face à elle avant de s'exprimer :



Se grattant légèrement la tête, l'Arinbjörn prit quelques instants pour réfléchir avant de reprendre :



Le ton de l'Arinbjörn était empreint de sincérité. Sa colère s'était dissipée, retrouvant son calme, agissant avec la dignité attendue d'un troisième siège. Il nourrissait l'espoir que la dragonite puisse répondre à ses interrogations.

Ordalie III : Serres & Noirceur

Alors que Heimdall ouvrait la marche de leur cortège, il ne prêtait plus aucune attention véritable à leur escorte, bien entouré par les hommes qui composaient son groupe. Il demeurait à lui-même, le visage fermé et peu prompt à discuter. Il laissait la dragonite en pâture aux boréaux et à leurs questions, l'obligeant ainsi à justifier le mal de tout un peuple. Le pourrait-elle, seulement ? La mine déconfite, cette dernière semblait démunie, d'autant que son corps lui était revenu quelque peu douloureux après les coups de pied dont le lieutenant l'avait gratifié. Cependant, elle faisait tout pour ne rien laisser transparaître.

Ce fut Halvar, avec un grand étonnement, qui entama une tentative de conversation. La dragonite ne pouvait s'empêcher de porter son regard sur lui, bien qu'il ne lui présentât que son dos. C'était... comme si elle cherchait quelque chose, sans en trouver la réponse.



La tête basse, la voix de la jeune femme était un peu étouffée. Timidité, gêne, ou bien un tout autre sentiment ? Difficile à savoir d'autant que le visage qui était le sien ressemblait à celui d'une demoiselle à peine entrée dans l'âge adulte et que ses yeux brillaient d'une étincelle peinée. C'était à peine si on en devinait le dragon. Mais voilà, la messagère semblait attirer bien des curiosités et elle ne manqua pas de sursauter quand Torfi, celui-là même qui avait mimé un coup qui aurait pu lui briser la nuque, lui coupa la route pour la questionner. Instinctivement, le corps de la dragonite se mit à trembler, mais alors qu'elle ravala sa salive, elle semblait trouver le courage de répondre.



C'était un fait. Qu'importe qui avait commencé et pour quelle raison, les dragons avaient autant perdu que les shinigamis, si ce n'était peut-être plus pour la race reptilienne. Eux n'avaient pas gagné la guerre, ils avaient perdu de leur territoire et ils étaient contraints d'avoir un roi ou une reine que les divisions shinigamis étaient en capacité d'accepter et qui se voulait pourvoyeur de paix. C'était d'ailleurs ceci qui les divisait aujourd'hui, eux, créatures mythiques et puissantes, contraintes à ployer devant des esprits autrefois humains.

Mais alors que la dragonite s'était tue, écoutant l'histoire de Torfi, son visage marqua la surprise, preuve qu'elle n'avait jamais entendu parler d'un camarade ayant eu un tel confrontement. Après tout, elle n'était qu'une messagère et probablement que cette histoire avait été étouffée pour diverses raisons.



Alors que la jeune femme venait de finir de parler, un râle se fit entendre et le visage de Heimdall se retourna sur eux.



Quant à l'oriental, Heimdall jeta un vague regard empli de dégoût. Il lui rappelait un peu trop son capitaine trop précieux. C'était alors que le petit groupe arriva enfin à la garnison militaire, et à peine eurent-ils mis un pied que l'on nota une très forte agitation. Dès l'entrée des grandes portes, les gardiens semblaient tendus, on voyait que quelque chose se passait, qu'il y avait une tension palpable. En entrant dans le hall, on notait que des groupes se formaient pour aller patrouiller. Certains visages étaient fermés, en colère, inquiet. Mais dès que les boréaux et l'oriental mirent les pieds dans le château, suivit de près par la dragonite, on sentit une nouvelle tension.



Le shinigami oriental tendit alors le message, message lut avec un regard noir avant qu'il ne le froissât et le jeta au sol.



Laissant alors ses hommes en plan, Heimdall s'échappa sans nul doute afin de réclamer quelques comptes, tandis que Halvar dut se contenter du strict minimum, le boréal quitta les lieux, à contrecœur ou avec soulagement, pour retourner à Storheim. Et pendant ce temps, alors que l'officier Ebisu s'apprêtait à rejoindre ses camarades et son poste, il fut interpellé par un collègue d'orient.



L'officier ne put s'empêcher de lâcher un soupir, avant de continuer, tout en désignant la messagère.



On aurait pu aisément s'attendre à ce que ce Takeshi s'arrêta là, mais on voyait que quelque chose le gênait. Se raclant la gorge, il se rapprochait des shinigamis, vérifiant que la dragonite n'écouta pas par pure méfiance, tout en prenant la précaution de murmurer à voix basse.



A ces mots, l'officier exécuta un salut militaire, avant de s'échapper. C'était l'occasion pour l'équipe de vérifier que tout leur équipement était près, qu'ils ne manquaient de rien pour leur voyage ou peut-être de questionner quelques hommes de plus. Après quelques minutes, le retour de Heimdall s'apprêta à être le signal du départ.



Sans attendre la moindre remarque de ses hommes, Heimdall décida de quitter la base, en leur indiquant de le suivre de près. Le chemin allait être long, fastidieux et sans doute semer d'embuches, car devant eux s'étendaient une vaste vallée richement boisée, autant de zones d'ombres pour qu'un ennemi ne se cacha, autant d'endroit pour être pris au piège....




Pendant ce temps, à la capitale, Drachentöter Einar avait été convoqué pour se rendre à la base shinigami en Xal Valis. Il n'eut droit à connaître que les grandes lignes de sa mission : conduire escorter une messagère dragonite jusqu'à la capitale après qu'elle eut été venue quémander l'appui des shinigamis pour soutenir Hespera.

Seulement, lorsque Einar atteingnit la base... ses camarades étaient déjà parti, suite à l'impatience de Heimdall. Mais heureusement pour lui, le groupe de shinigami serait aisément facile à pister et n'avait qu'une demi-heure d'avance.

Serres et noirceurs

Dans le contexte actuel, la dragonite se trouvait dans l'incapacité d'esquiver les questions, faute de pouvoir l'éliminer sur-le-champ. L'Arinbjörn, ayant choisi de se retirer quelque peu pour se recueillir, se rapprocha après que Halvar eut achevé son entretien avec elle. Suite aux interrogations de Torfi, la jeune dragonite prit le temps de répondre au 3ème siège. Étrangement, son apparence fragile semblait lui rappeler le dragonite qu'il avait épargné il y a un an, peut-être était-ce la raison pour laquelle ce souvenir lui revint à l'esprit à ce moment précis. La riposte de la dragonite femelle fut aussi incisive que les remarques antérieures de Torfi. Il était indéniable que dans chaque conflit, les deux parties consentaient à des sacrifices et enduraient des conséquences collatérales. Par la suite, les paroles de… Ksssss… touchèrent le cœur de pierre de Torfi. Son visage se détourna, son regard s'assombrit, comme s'il partageait la douleur que la créature avait pu ressentir elle aussi. Le ressenti de l'ancien Kleifar révélait une sincérité que peut-être la dragonite avait pu percevoir.


Les souvenirs de son existence humaine ressurgirent également, enveloppant l'atmosphère d'un silence pesant pendant un laps de temps significatif. C'est à ce moment précis que les paroles d'Heimdall résonnèrent au cœur de cet environnement particulier. Il était alors temps de reprendre la route. Cependant, une nouvelle de dernière minute fit surface. Halvar sembla être rappelé en urgence ailleurs par la capitaine elle-même. Le nom de celui qui devait le remplacer ne sembla pas évoquer le moindre souvenir dans l'esprit du troisième siège.

Pendant que le lieutenant s'éloignait, Torfi porta à nouveau son attention sur la dragonite, dans le dessein de répondre à ses interrogations de manière confidentielle, de sorte que personne d'autre ne puisse réellement écouter.




Torfi ne pouvait contester les faits qu'il avait observés de ses propres yeux ; il était convaincu de l'existence possible de dragons dotés d'une conscience éclairée. Néanmoins, il appréhendait les difficultés inhérentes à la transmission de cette conviction. Les émotions de l'Arinbjörn oscillaient entre la rancœur et la compassion. Il refusait de pardonner à ceux qui avaient déclenché cette guerre, tout en éprouvant une réticence à infliger des représailles à ceux qui en subissaient les contrecoups. C'est pourquoi il amorçait sa stratégie, celle de s'intégrer auprès de cette race afin, éventuellement, d'acquérir une meilleure compréhension et de neutraliser ceux qui s'opposaient à un accord pacifique. Au fil du temps, l'ancien Kleifar avait acquis en sagesse... Après un bref moment de réflexion, il reprit la parole :



Serait-ce suffisant pour émouvoir, instiller confiance et peut-être susciter une étincelle d'espoir chez la dragonite à travers l'Arinbjörn ? Après tout, il était un tacticien militaire aguerri, conscient que pour mieux appréhender ses adversaires, il devait gagner leur confiance, en apprendre davantage sur eux et tenter de modeler l'avenir. Si Torfi parvenait à obtenir la confiance de la dragonite, ce serait déjà un pas considérable. Parfois, même au cœur d'un champ de bataille, la moindre attention pouvait engendrer une lueur d'espoir significative. De plus, les dragonite avait un potentiel à ne pas sous-estimer. La suite des événements promettait d'être certainement palpitante.

Laissant la dragonite répondre, Torfi fit un signe de tête avant de se diriger vers le shinigami qui avait apporté le message. Ce dernier avait apporté de nouvelles informations, en accord avec les rumeurs récentes. Ces entités non identifiées semblaient devenir de plus en plus présentes ces derniers temps. Une confrontation semblait inévitable à terme. Sans perdre de temps, Torfi suivit Heimdall de près, gardant un œil sur la dragonite pour s'assurer de sa position. Sa survie était primordiale, elle représentait son ticket d’entrée auprès de sa propre espèce. Habitué aux décors glacés, l'Ancien Kleifar s'engageait désormais dans une vallée densément boisée. La vigilance était de mise, les ennemis pouvaient surgir de n'importe où.

Serres et noirceurs

Une voix solitaire résonnait aux alentours du Sanctum, le tapotement régulier d'un fourreau contre la pierre maintenant le rythme, marquant la promenade du Skäld. Il avait encore du mal à s'y remettre, à la vie de Shinigami. Bien que plus bas des sièges, les réunions, récapitulatifs de missions, supervisions d'entraînements, et autres devoirs de sa fonction lui prenait tout son temps.
Aucune surprise. Seulement le Drachentöter ne pouvait rester entre quatre murs. Le voyage lui manquait. L'adversité lui répondit.



Pas le temps de tergiverser, sa présence était requise dans l'immédiat. Interrompant sa balade, il accéléra le pas. Une préparation éclaire et le voilà déjà en route. Il profita du voyage pour lire le parchemin encore scellé. Il était question d'escorter une dragonite jusqu'à... Escorter une...


Si à l'énoncé de la destination Einar eut de la réserve, la raison de sa venue éveilla sa curiosité. Sourire amusé, si on lui avait dit qu'un jour les Shinigamis bosseraient avec les Dragons, il se serait roulé par terre. Comme quoi, vieillir avait du bon. Le monde évoluait, et tant mieux !
Le portail arriva enfin. Quelques soldats de garde vinrent à sa rencontre, il ne les entendait pas. Obnubilé par les fantômes du passé. Lentement il s'avançant vers l'entrée de ce monde. Il ne put s'empêcher d'ouvrir ses mains, observant ses paumes rongées par les flammes.



Tout en parlant, il avança. Des mots pour lui donner du courage. La pierre et le soleil spirituel laissèrent place au monde réel. Les senteurs du vent montagnard, des herbes différentes, des arbres plus drus. Un premier pas sur un sentier de terre battue.



Les premiers pas furent les plus durs. Le Drachentöter reprit un pas pressé. Laissant son regard admirer cet Eden montagnard, il se repassa mentalement les informations qu'il avait sur la géopolitique de ce lieu. Manaël était mort, une guerre interne pour le trône, lui manquait-il quelque chose [Erudit] ?

Il ne resta pas plus de dix minutes dans la base des shinigamis, même s'il ne put retenir un soupir en apprenant l'empressement de ses futurs compagnons. Le lieutenant Lohengrin n'était pas réputé pour sa camaraderie, mais tout de même... Il s'avança donc sur le sentier, sentant à chaque foulée la base alliée s'éloignée. Beaucoup sous-estimait la puissance des Dragons, il n'en faisait absolument pas partie.
Activant sa perception mystique, il ressentit sans vraiment pouvoir les distinguer plusieurs signatures spirituelles. Difficile ici de se repérer, d'autant qu'il manquait de pratique. La route laissa toutefois place à quelques silhouettes. Furent-elles alliées qu'Einar ralentirait. S'inclinant légèrement, il annoncerait sa venue, une présentation concise, formelle.



Son regard se poserait alors sur l'unique silhouette féminine. Entre son manteau et son chapeau, elle ne verrait que ses yeux flamboyants. Peut-être pourrait-elle y lire de la curiosité, et même si nu n'aperçut son sourire, on pouvait constater néanmoins une absence totale d'Animosité.

Ordalie III : Serres & Noirceur

Pendant l'absence du lieutenant Boréal, les conversations des hommes sous ses ordres allaient bon train. Si Torfi semblait prêter plus d'égard à celle qu'il devait escorter, son homologue oriental préférait, au-delà de ses piques, s'intéresser à la situation du continent. D'ailleurs, la jeune dragonite semblait toute retenue face au blond boréal. Que dire ? Que faire ? Son visage curieusement poupin laissait entrapercevoir dans l'éclat de ses yeux, un intérêt nouveau pour celui qui, quelques heures plus tôt, aurait pu littéralement lui couper la tête d'un seul geste. Par contre, pour ce qui était de Toshiro, elle sentait ostensiblement l'animosité qu'il avait à son égard, ou tout du moins, elle pensait le comprendre ainsi. Nombreux étaient ceux qui jugeaient les dragons... mais elle n'était pas capable d'en vouloir aux shinigamis, car, comme le disait Torfi, il fallait mettre un terme au cycle de haine.



Rapidement, la jeune femme baissa les yeux, comme gênée d'avoir parlé aussi ouvertement. Mais ce ne serait que plus tard, lorsque Torfi oserait lui demander son nom, que la dragonite se sentirait plus embarrassée.



Un petit sourire se dessina sur les traits de la jeune femme, trahissant peut-être qu'elle était plutôt heureuse de voir, qu'enfin, il y eut un homme finalement civilisé au sein de cet étonnant groupe de shinigamis. Mais pendant que les anciens ennemis tentaient de se comprendre, Toshiro se tentait d'en apprendre plus de ses pairs, mais aucun des hommes et femmes présents n'avaient semblé capable de lui apporter plus d'informations. Certains lui avaient même tournés le dos, de honte peut-être, d'avoir peur de l'invisible, si indigne d'un soldat. Quant aux autres, ils ne parlaient que de rumeurs ou avaient des propos aussi flous que Ebisu Takeshi.

Pendant ce temps, Drachentöter Einar...

Long fut le chemin et nombreux étaient les souvenirs qui lui revinrent, notamment tout ce qui concernait les dragons et leur longue histoire. Comment ne pas oublier que le roi Manaël eut été un roi introduit par les vainqueurs ? Toutefois, ce dernier avait joué son rôle, malgré sa chute mystérieuse. Avait-il été seul ? Non. Il y avait un autre homme à ses côtés, Zhong Chi, son chancelier. Si le trône était disputé à ce jour, il était aisé de se demander ce que ce bras droit d'autrefois ferait aujourd'hui. Prendrait-il un parti ? Voudrait-il lui même le pouvoir ? Continuerait-il à épauler le prochain roi ou reine, et ce, qu'importait la politique qui serait mis en place ? En tant qu'érudit, Einar savait que cet homme avait réussi à se faire accepter de tous, des radicaux aux dragons pacifiques, qu'il était apprécié de son peuple. Peut-être serait-il une clef déterminante pour l'avenir des dragonites et dragons. En bien ou en mal.


Quoiqu'il en fut, c'était avec une grande déception que le shinigami eut vent du départ de ses compagnons. Le lieutenant Boréal avait marqué des signes d'impatience et d'agacement, peut-être même désirait-il que la mission soit très rapidement bouclé. Mais qu'importait, car cela serait mal connaître son homme qui, rapidement, finit par retrouver ses camarades mais....

Alors que tout le monde se faisait face...

Voilà que le dernier de la bande se présenta, prompt et rapide. Mais alors que Torfi et Toshiro purent prendre la peine d'accueillir le nouveau venu, ainsi que la jeune dragonite qui semblait bien curieuse de savoir ce qui se cachait sous les haillons d'Einar, Heimdall, lui, s'était arrêté mais pas pour saluer le boréal fraîchement arrivé.



Quelque chose était là, quelque chose d'imposant et de lourd. A cet instant, Heimdall leva la main, comme pour signaler un problème, tout en demeurant silencieux. C'était alors qu'il fit un pas en direction de la dragonite, avant de tourner froidement son regard en direction de la forêt épaisse de la vallée, portant la main à son zanpakutô avec fermeté. On ne voyait que le frémissement des feuilles, mais cela sentait déjà le brûlé... signe avant-coureur de l'énorme projectile enflammé qui jaillit soudainement depuis les arbres en direction du groupe, immédiatement suivi de la créature en étant à l'origine !



D'un geste tout aussi fluide que portant toute sa soif d'annihilation, Heimdall déploya une vague d'énergie phénoménale, alors qu'il avait à peine tressailli. La fulgurance de sa technique fut telle qu'elle trancha tout. Les flammes, les arbres, le dragon, dont le cadavre pourfendu en deux segments parfaitement symétriques gisait désormais piteusement au sol. Rien ne l'avait arrêtée, ni même ralentie dans sa puissance. Alors, c'était cela, un lieutenant ? Étaient-ils tous ainsi ? Si puissants ? Un coup. Un dragon. Pas l'ombre d'un râle, juste la mort et le bruit d'un corps lourd qui s’écroulait. Une bisection impitoyable, tandis que le boréal affichait un sourire mauvais, les yeux brillant d'une leur de fanatisme et d'autosatisfaction. L'attaque avait poursuivi son court : une zone de la forêt avait même été littéralement tranchée par-delà le reptile tombé.



Aurait-on pu croire que ce qu'il s'était produit était le fruit du hasard, ou bien était-ce en lien avec toutes les rumeurs que le groupe avait entendu à la base ? Et si la dragonite, ainsi que sa princesse, avaient eu raison de s'inquiéter et de faire appel aux shinigamis ? Qu'est-ce que cela cachait-il ?

Nul temps de comprendre, car l'erreur serait d'imaginer que le dragon était venu seul. Non. Il y en avait deux autres. Deux immenses et puissants dragons, enragés de plus belle en voyant leur compagnon assassiné comme si de rien n'était, et ils avaient choisi leurs proies : elles seraient shinigamis. Mais que feraient alors ces derniers ? Il ne fallait pas oublier qu'ils n'étaient pas natif de la zone. Les dragons connaissaient parfaitement cette forêt, ils savaient s'y cacher, et peut-être y avaient-ils même tendu des pièges. De plus, il ne fallait pas oublier la dragonite. Cette dernière devait être escortée et rester vivante. Telle était leur mission... et il était temps de montrer ce qu'ils valaient...

Serres et noirceurs

Il eut tout juste le temps d'arriver. Une salutation rapide que le lieutenant balaya en trois mots. Cher Heimdall, le temps ne te rendait pas plus aimable... Pas l'occasion néanmoins d'honorer sa politesse. Une vague de Reishi fit tressaillir sa sensorialité.
La Drachentöter repéra à peine la menace que les flammes firent leur apparition. Maestro du Lohengrin, il démontra définitivement le pourquoi de son rang. Un mouvement, une coupe, toute la poésie du Ragnarök incarnée en une action. Même dans jeunesse Einar n'effleura jamais un tel degré de maîtrise... Et il était plus âgé que lui ? Soupir d'approbation, il lui restait encore beaucoup de choses à apprendre.



Il ne pouvait nier qu'affronter des Dragons réveillait d'anciens souvenirs. Culpabilité, rage, plaisir, douleur, de multiples raisons l'avaient poussées à abandonner la voie du sang... Cruelle ironie tout de même que, de tous les dangers, la race ailée fut celle qui marquait son retour au monde.
Les ordres restaient cependant immuables. Son Asauchi accroché dans son dos, l'Ermite s'élança. Une course subite, une Célérité étonnante pour son âge, mais déjà il tendit la main droite, paume ouverte vers l'un des reptiles. Aucun mot, aucune incantation, et pourtant le Reishi se mit à danser. Chaînes lumineuses divinement incarnées, elles foncèrent vers leur cible. La lumière contre les écailles, immobiliser la menace qui, éventuellement, tomberait au sol.



Alors qu'il scandait son incantation, ses yeux de braises se tournèrent vers l'autre bête ailée. Une main tenait des chaînes, l'autre se tendit donc vers la seconde menace.



La paume gauche s'ouvrit, sauf que cette fois la lumière ne répondit pas à l'appel. Face aux flammes sanguines des flammes spirituelles. Des torrents de feu bleuté, aussi vifs que les chaînes, mais bien plus nombreux, ils se lancèrent à l'assaut du monstre. Combattre le feu par le feu, littéralement, sauf qu'ici Einar ne cherchait pas à le vaincre. Le Sokatsui visait ses ailes.
L'un enchaîné, l'autre encerclé par les flammes, le Sorcier offrait son savoir à la rage de ses compagnons.

Résumé:

Serres et noirceurs

La dragonite semblait plus propice à échanger avec le Kleifar depuis son adoucissement, ou peut-être avait-il gagné une meilleure compréhension de la situation. Cependant, cette accalmie ne pouvait durer indéfiniment, chacun étant investi d'une mission. De retour auprès du Boréale, l'Orientale ne semblait pas avoir obtenu d'informations cruciales pour faire avancer la cause. Interrogeant le blond sur ses propres découvertes, il ne manifesta guère l'intention de s'étendre sur la question, conscient de l'état d'esprit des shinigamis présents, se contentant d'une réponse simple :



L'arrivée du nouvel allié se fit discrètement, se présentant et saluant l'ensemble du groupe. Quant à l’Arinbjörn, il ne s'intéressait guère aux figurants de l'arrière-plan tel que ce Einar. Il se contenta d'un signe de tête lorsque, soudain, le lieutenant reprit le contrôle des opérations pour les remettre en marche, interrompant leurs discussions.

*Un jour, je lui rabatterai son caquet, c’est certain…* songea le troisième siège.

Lorsque la main d'Heimdall se leva, la main droite de Torfi se crispa instinctivement sur le manche de son ulfberht, réagissant tel un animal sauvage face au danger imminent. Une créature volante fondit sur eux, libérant une boule de feu gigantesque en leur direction, mais fut rapidement stoppée et réduite en cendres par la force impressionnante du lieutenant, dévastant tout sur son passage et laissant deux autres créatures en arrière.

À peine arrivé, Einar était déjà en action, démontrant une prise d'initiative remarquable pour un simple 20ème siège, témoignant d'une expérience certaine en de telles circonstances. Si Arinbjörn ne reconnaissait pas nécessairement la valeur de ce shinigami, il trouvait la situation quelque peu étrange. Cela lui rappelait son propre état d'esprit il y a plusieurs années, lorsqu'il était lui-même un jeune recrue. Einar fut rapidement suivi par l'Orientale, qui entreprit d'incanter des sortilèges pour paralyser les créatures.


Au moment où ces événements se déroulaient, le corps de l’Arinbjörn fut enveloppé d'un torrent de reiatsu jaune vif [Présence Imposante], avant qu'il ne crie le nom de la dragonite, surprenant potentiellement le reste du groupe avec cette information. Par cet acte, Arinbjörn cherchait à instiller la peur chez l'ennemi et l'admiration chez...



Après une rapide analyse de la situation, il apparut que le premier reptile était entravé par une technique du 20ème siège, juste au moment où un torrent de flammes semblait s'abattre sur lui. Le 3ème siège se demanda alors si ces créatures n'étaient pas justement résistantes au feu. Pour ne pas compromettre l'action de paralysie d'Einar et suivre l’offensive de Toshiro, le bras de Torfi se leva en direction du dragon, canalisant son énergie pour libérer une multitude de projectiles de Reishi afin de suivre la trajectoire du Dragon au cas où il esquivait [Reiatsu - Renda - Rang B].

Sans attendre, Torfi utilisa son shunpo [Shunpo] pour se déplacer rapidement, faisant légèrement craquer le sol sous ses pieds. Il réapparut au-dessus du deuxième dragon, qui avait été paralysé par la technique de l'Orientale. Si les dragons étaient résistants au feu, alors la glace devrait certainement leur causer des dégâts. Libérant son shikai sous une aura glaciale, Arinbjörn incanta :



(litt. Roi de Glace)



D'un geste vif de son sabre, le Boréal fit jaillir un pic de glace, visant à transpercer le dragon là où son armure d'écailles devait être la moins résistante, sa tête [Zanjutsu I - Rang B]. Retombant au sol avec un sourire qui illuminait son visage, comme celui d'un enfant dont on avait autorisé à briser un jouet à volonté, Torfi jeta un regard protecteur en direction de la dragonite. Il espérait sincèrement avoir infligé des dégâts aux créatures. Par mesure de précaution, le 3ème siège se positionna entre Sharvona et les dragons, prêt à poursuivre le combat si nécessaire, son arme prête à se déployer au moindre signe d'attaque.

Résumé :

Ordalie III : Serres & Noirceur

Alors qu'Heimdall venait d'occire un dragon en un seul et puissant coup, alors que le corps fendu en deux du reptile tombait lourdement sur le sol, l'odeur de sa chair brûlée et de celles des arbres environnants qui avaient subi le courroux contrôlé du shinigami, vint naturellement chatouiller les narines des guerriers, tandis que Sharvona avait fermé les yeux, de peur et d'amertume. Celui qui venait de périr était un "frère", quand bien même aujourd'hui la messagère était devenue une dragonite. Il lui était bien difficile de nier que cela la laissait indifférente... même s'il apparaissait évident que leurs deux races, pourtant si proche, étaient présentement séparés par un certain fossé.

Le visage impassible, comme si de rien n'avait été, Heimdall se posta aux côtés de la messagère, parce qu'il n'oubliait pas les raisons de leur présence. Il devait l'escorter, elle, cette femme inutile et faible, jusqu'à sa cité. Si cela ne tenait qu'à lui, il l'abandonnerait, mais un lieutenant se devait d'avoir quelques "principes". En attendant, cela restait l'occasion de savoir si ses subordonnées valaient la peine de l'accompagner, leur laissant ainsi la tâche de s'occuper du reste.


Le premier qui intervint fut Einar. Avait-il l'avantage de l'âge ou bien de ses talents ? Il fonça directement en direction des reptiles géants, sans un signe de peur ou d'angoisse à l'idée de devoir les affronter. Sans doute était-il rompu à cette tâche, ayant déjà connu par le passé quelques combats identiques. Il usa alors malicieusement de son énergie, déployant des chaînes qui s'enroulèrent autour du dragon visé en priorité. Une attaque qui profitait grandement de la taille de sa cible et de ses faiblesses naturelles, la créature lâchant alors un rugissement de rage face à la fourberie des shinigamis, alors qu'elle était entraînée vers le sol. Luttant pour briser les chaînes qui la retenaient, Einar pouvait en sentir le poids de la force monstrueuse.


Visé par les flammes du vingtième siège, le second dragon se préparait quant à lui à combattre le feu par le feu, tandis qu'il semblait prendre une grande inspiration. De toute évidence, ce n'était pas de vains adversaires... mais les shinigamis non plus. S'ils n'avaient peut-être pas l'avantage de la forêt et de la taille, ils avaient toutefois celui du nombre et de l'expérience. Afin de soutenir son camarade Boréal, l'Oriental profita des actions de son aîné. Six immenses faisceaux lumineux entourèrent et immobilisèrent soudainement le reptile. Le timing et la rapidité de l'action furent telles qu'elle coupa l'élan de ce dernier, dont les flammes ne jaillirent pas du gosier, soudainement interrompu sans être en mesure de se reprendre à temps. Ainsi subit-il de plein fouet l'attaque d'Einar avant de s'écraser au sol les ailes scellées, l'impact détruisant de nombreux arbres supplémentaires.

Imitant son partenaire, Toshiro lança dans la foulée une technique similaire sur le premier dragon, la percutant sans qu'elle ne puisse réellement se défendre ni voir venir l'attaque du fait de ses entraves. Celle-ci fut immédiatement suivie par le déluge de projectiles de Torfi s'abattant avec succès sur sa cible rugissant de plus belle. Terminant son propre enchaînement, le Boréal avait sauté le plus haut possible en usant du Shunpo, et retombait désormais à pleine vitesse au-dessus de la tête du second dragon, armé d'un épieu de glace afin de l'empaler. Profitant de cet élan et de cette position de vulnérabilité, son assaut s'avéra d'autant plus véhément. L'impact arracha violemment un bout de chair de la bête qui lâcha un hurlement de douleur ; un cri si déchirant que l'on aurait pu imaginer des larmes.



Loin de se résigner, elle se releva promptement, se débattant de toute ses forces jusqu'à repousser Torfi à distance. Si son corps et ses ailes restaient sous l'emprise des faisceaux de lumière, sa queue s'agita violemment tout autour d'elle, balayant la zone avec fureur afin de se venger de son agresseur. De son côté, tournant un regard haineux en direction d'Einar et Toshiro, le premier dragon gonfla sa gorge avant de violemment lancer des flammes dans leur direction.


Sharvona ne savait que ressentir, ni quoi éprouver devant un spectacle de si grande désolation. Pourtant, elle savait qu'elle devait tenir bon et accomplir son devoir, elle ne devait pas faillir car elle était, en un sens, le symbole que les dragonites désiraient emprunter une voie nouvelle, loin de la guerre. C'était à ce moment-là que Torfi, celui qui semblait au final le plus capable d'oser discuter avec elle malgré les rancœurs, qui se mit à dégager une aura aux couleurs dorées qui la subjugua. On ressentait toute la force du boréal ainsi que sa détermination. Alors, lorsque ce dernier lui intima de ne pas bouger, elle obéit presque instinctivement, laissant apparaître dans ces étranges pupilles une forme d'admiration sincère.







Malgré cette belle séquence, l'impatience d'Heimdall commençait à grandir, alors qu'il observait l'œil sévère le travail de ses hommes, la vue s'étant d'autant plus dégagée. Il n'aimait pas attendre.